Orange compte déployer une myriade de miniclouds Google sur son réseau 5G

Orange compte déployer une myriade de miniclouds Google sur son réseau 5G L'objectif de l'opérateur ? Eviter les temps de latence des clouds centralisés, et faire en sorte que les applications mobiles bénéficient pleinement des performances de la téléphonie mobile de cinquième génération.

"L'application la plus importante du edge computing sera sans nul doute la 5G", nous expliquait fin 2020 Philippe Bécane, directeur des opérations de la division Cloud Infrastructure Services de Capgemini. Une opportunité qu'AWS comme Google et Microsoft ont bien identifiée. Tous ont lancé des offres de mini-cloud taillées pour venir se nicher au cœur du maillage 5G. Objectif affiché : rapprocher les applications mobiles des utilisateurs pour leur faire bénéficier pleinement de l'accélération des réseaux mobiles de cinquième génération. En évitant les allers-retours avec les clouds centralisés, ces extensions permettront potentiellement d'offrir aux smartphones 5G des temps de réponse inférieurs à 10 millisecondes.

En France, Orange a très tôt projeté de déployer des miniclouds 5G. Dès juillet 2020 alors que les antennes de son réseau mobile de cinquième génération ne sont pas encore actives, l'opérateur annonce un accord avec Google Cloud dans le but de construire cette future infrastructure qualifiée d'Edge Computing 5G. Orange entend répondre à une double problématique : garantir la bande passante réseau et la latence des applications mobiles critiques d'une part, offrir une meilleure protection des données en évitant leur transit sur un cloud centralisé d'autre part. "L'edge computing 5G est un domaine en construction. Il permettra d'adresser les besoins de différents marchés : entreprise, grand public et wholesale", précise Michaël Trabbia, CTO d'Orange.

Le nombre de ces localisations cloud 5G envisagé par Orange à travers la France ? Des dizaines voire des centaines. "Elles n'auront pas de lien avec les régions cloud et zones de disponibilité de Google", insiste Michaël Trabbia. Opérées par le groupe français, les solutions Google Cloud utilisées par Orange seront de facto protégées juridiquement contre le Cloud Act US. Une législation qui, rappelons-le, permet aux agences fédérales étasuniennes d'accéder aux données hébergées par tout acteur américain où qu'elles soient hébergées, y compris à l'étranger et par conséquent en France.

Une plateforme de test

En vue de ce vaste déploiement, Orange a développé une première plateforme de test qu'il met à disposition des développeurs d'applications, partenaires ISV et autres éditeurs logiciels susceptibles de se positionner sur la nouvelle infrastructure. Proposée dans le cadre de son Lab 5G, elle associe les technologies d'edge computing du provider américain à son réseau expérimental 5G de deuxième génération (lire l'article Avec la 5G, Orange entre dans l'ère du cloud réseau hyperautomatisé). Composé de plusieurs micro-processeurs et puces graphiques pour fournir la puissance de calcul, "ce mini-datacenter est taillé pour héberger des applications tierces et les rendre accessibles depuis des terminaux 5G mis à disposition", indique-t-on chez Orange.

Reste à savoir sur quelles technologies Google Cloud s'adosse Orange dans le cadre de cette initiative. Le groupe français est peu prolixe que le sujet. En octobre 2021, Google a lancé en bêta une offre spécialement taillée pour étendre son cloud à la frontière des réseaux 5G/LTE. Baptisée Google Distributed Cloud Edge, elle s'adosse à Anthos, sa plateforme applicative associant Kubernetes et Istio et conçue pour faciliter le déport d'applications sur des clouds tiers. "Google Distributed Cloud Edge permet d'exécuter des fonctions 5G à la périphérie aux côtés d'applications d'entreprise", explique Ankur Jain, ingénieur chez Google Cloud, en évoquant notamment la vision par ordinateur et l'IA déportée. Il est probable que le projet d'Orange repose sur cette plateforme.

"Les premiers pilotes seront mis en œuvre à partir du premier semestre 2022"

Dans les mois qui viennent, l'opérateur historique s'achemine vers le développement des premières preuves de concept d'applications edge sur son réseau 5G commercial français. "Les premiers pilotes seront mis en œuvre à partir du premier semestre 2022. Nous sommes actuellement en phase de recrutement des clients entreprise", confie sur ce point Michaël Trabbia. Le lancement commercial des services d'edge computing 5G d'Orange interviendra ensuite.

A partir de 2023, l'opérateur compte évoluer vers un cœur de réseau 5G standalone. Comme son nom le laisse entendre, il sera décorrélé de l'environnement 4G du groupe à la différence de l'infrastructure 5G actuelle. Parmi ses principaux apports, il ouvrira les services 5G d'Orange au slicing. La finalité de cette technique ? Elle permet d'allouer aux applications mobiles différents niveaux de service (SLA) en fonction de leur usage. Par exemple, les appels d'urgence pourront être priorisés par rapport à d'autres services moins critiques, ou encore les temps de latence optimisés pour les véhicules autonomes dont le temps de réaction n'est pas négociable.

L'edge 5G privé déjà réalité

Pour Orange, la bataille de la 5G se joue aussi sur le terrain des infrastructures privées. Le 29 juin dernier, l'opérateur annonçait avoir déployé un premier réseau 4G/5G autonome au sein d'une usine de Schneider Electric à Le Vaudreuil dans l'Eure. Bâti à partir d'équipements de network slicing de Nokia, il supporte à la fois des terminaux LTE, 5G standalone et non standalone. Grâce à un logiciel contrôleur de domaine couvrant les couches RAN, cœur de réseau et de transport, la solution gère la continuité du slicing entre réseaux LTE et 5G NR. "Sur les sites 5G d'entreprise, Orange met à disposition une boîte à outils pour paramétrer le slicing en fonction des processus métier et des services du client", complète Arnaud Vamparys, vice-président radio networks et 5G champion d'Orange. L'avantage ? Le réseau 5G et ses applications associées sont ici hébergés intégralement en local, de manière isolée du réseau public.

En attendant, les tests se multiplient au sein du Lab 5G d'Orange en vue d'expérimenter, notamment, les apports de l'edge associé à la 5G. Parmi les éditeurs d'applications qui ont répondu présents, on relève Exalt3D dans la configuration de produits en 3D, Augmented Acoustics dans le son augmenté, Vogo dans la diffusion vidéo multicast, Tikaway dans la vidéo-assistance, BioSerenity dans l'électroencéphalogramme à distance, ou encore IADYS, Kompaï Robotics et TwinswHeel dans la robotique…