Rallumer les étoiles de la tech noyées dans le nuage de CO2

Alors que les indicateurs sont au rouge à propos du réchauffement climatique, il est temps de positionner l'éco-conception des sites et services web comme piliers des étoiles de la tech.

Le 2 août 2023 a marqué la date de l’épuisement des ressources, même si la conscience que nous devons nous atteler à la réduction de l’impact carbone est là depuis plusieurs années. Cet été hors norme nous indique qu’il faut accélérer. L’objectif des accords de Paris se joue maintenant. Oui la mobilisation est là : des secteurs comme l'automobile ou l’aviation s’engagent avec vigueur. Mais il en manque un à l’appel. Je veux parler de la tech. A croire que les étoiles naissantes de notre économie ne brillent pas par leur engagement.

Tech qui roule amasse CO2

Entre matériel et logiciels, la tech fait partie des secteurs les plus émetteurs de CO2. Si elle est synonyme de progrès, paradoxalement, en matière de décarbonation le compte n’y est pas. La faute d’abord à notre cerveau : on ne saisit pas ce que l’on ne voit pas. La pollution numérique est invisible. Les 2/3 de l’empreinte carbone du numérique proviennent du matériel. Malgré la croissance du reconditionnement, le numérique n’a pas encore fait sa révolution verte. Nous sommes dans une surconsommation de téraoctets en exigeant qualité des vidéos, des photos, et puissance graphique toujours plus élevée. Nous concevons des équipements et des réseaux toujours plus puissants, capables de supporter cette frénésie.  Et cela ne va pas en décélérant. TikTok, réseau star basé sur la vidéo, en est le criant symbole. Déjà coûteux en matière d’émissions carbone, il sert d’exemple aux autres plateformes qui intègrent à leur tour la vidéo.  Faute de réglementation homogène à l'échelle mondiale, les cadors du secteur ne semblent pas engager de réel plan d’action en matière de décarbonation car rien ne les oblige. Le critère de sobriété numérique a bien été ajouté dans les grilles d’évaluation des appels d’offres publics, également dans le viseur de l’ADEME et de l’ARCEP mais aucun encadrement autour de l’empreinte carbone des données n’existe. 

Les étoiles de la tech doivent briller par leur sobriété

Le baromètre de l’éco-conception réalisé par Green-it et razorfish a analysé le poids des 50 sites les plus visités en France, en grande majorité propriété du CAC40. L’audit montre que le numérique représente l’équivalent de 6,2 % du bilan énergétique annuel de la France.”

On le constate, les entreprises traditionnelles ne sont pas plus vertueuses que les étoiles de la tech et autres licornes. On aura attendu des jeunes pousses de la tech un coup d’avance en la matière. Le secteur numérique va vite mais a oublié la sobriété en route. Quelque chose ne va pas dans la marche vers le progrès. Quitte à faire naître des licornes, autant qu’elles soient les moins énergivores possible. 

Réduire les fractures dues au poids des octets 

Pourtant près de 50% de cette pollution est facilement évitable via une démarche d’écoconception, qui est peu coûteuse en ressources. 

Réduire le poids de nos services numériques commence par penser les infrastructures de données différemment : récupérer davantage la chaleur émise par les centres de serveurs, réduire les appels aux données, le poids de nos transmissions d’informations. La donnée, déjà au centre des préoccupations en lien avec les enjeux de confidentialité, sera sans doute la variable centrale de régulation.

Un éco-index obligatoire pour les outils numériques, à l'instar du Nutri-Score dans l'alimentation serait aussi utile. Il permettrait aux utilisateurs de réaliser l'empreinte carbone des sites et applications utilisées. Sans mesure, pas de progrès ! Même imprécis, ils donnent un ordre de grandeur et une direction à prendre pour faire mieux.

Sur le front de la fracture numérique, les  sites ou logiciels eco-conçus peuvent contribuer à un mieux. Un site éco responsable optimise la puissance nécessaire pour fonctionner. Il peut donc  être visité par des machines plus anciennes, et reste accessible à des publics qui n’ont pas d’appareil dernier cri. Les solutions digitales peuvent prolonger la durée de vie des appareils électroniques, ce qui réduit à la fois la quantité de déchets électroniques et les besoins en nouvelles ressources pour fabriquer des équipements. Le progrès c’est aussi une mobilisation de nos connaissances et technologies pour aller vers le moins sans sacrifier le mieux. 

Entreprises de la tech, futures étoiles ou éléphants du web, à nous de jouer ! Prouvons que nous sommes à la hauteur de l’enjeu. Et par l’exemplarité, soyons source d’inspiration.

Sources :

Accords de Paris

Green IT