Les jeunes marketplaces verticales boostées par le Covid

Les jeunes marketplaces verticales boostées par le Covid Avec le report massif vers l'e-commerce pendant le confinement, le marché s'est élargi pour laisser aux marketplaces de niche la possibilité de toucher des consommateurs jusque-là peu avertis.

Comme d'autres acteurs du e-commerce, les marketplaces spécialisées dans des verticales produits ont tiré parti du confinement, en étoffant leur clientèle. C'est notamment le cas de BonsChocolatiers.com, marketplace créée en 2018 qui répertorie les artisans chocolatiers français et qui aime à se surnommer le Farfetch de la gastronomie haut de gamme. Avec un volume de ventes multiplié par 3 voire 4 pendant le confinement par rapport à la période pré-confinement, le site a séduit une population retraitée au fort pouvoir d'achat tout au long de la période. "Les personnes âgées représentent au moins la moitié de nos clients. Pour la plupart, elles ont effectué leur premier achat en ligne sur notre plateforme. C'est un basculement très net", confie Marc Valat, cofondateur de BonsChocolatiers.com. Au final, le site a multiplié son chiffre d'affaires par 7 entre le 23 mars et début juin par rapport à la même période l'année dernière, soit au plus fort de la crise.

​Depuis la fin du confinement, ​​​six artisans chocolatiers supplémentaires ont rejoint la plateforme, qui en comptait 23 avant la crise. Si le contexte a accéléré le développement de BonsChocolatiers.com, cette réalité perdure jusqu'à présent. "Actuellement, nous sommes en discussion avec six autres professionnels, complète Marc Valat. La situation a fait prendre conscience aux artisans qui doutaient de basculer vers le digital. Désormais, nous n'avons plus d'argument à leur donner, ils veulent nous rejoindre d'eux-mêmes."  

"C'est le confinement qui a lancé notre activité, sans cela, nous n'aurions pas avancé aussi vite"

Chez 58 Facettes, marketplace spécialisée dans la joaillerie, l'aventure a démarré au mois de janvier, juste avant la crise. Un timing salutaire pour la jeune plateforme qui propose différents services aux créateurs qui la rejoignent (production de photos, expédition, assurance, etc). Alors que la plateforme est devenue opérationnelle pendant le confinement, celle-ci a enregistré ses trente premiers créateurs en un mois. "C'est le confinement qui a lancé notre activité, sans cela, nous n'aurions pas avancé aussi vite", soutient Alexis Blez, président de 58 Facettes. Inconnue des consommateurs et des professionnels du secteur, la marketplace a franchi la première étape de son développement avec succès en contactant les créateurs par mail pendant le confinement. "Etant donné que leur boutique était fermée, même les plus frileux étaient disponibles et ouverts à découvrir notre plateforme et l'intérêt du digital. Pendant le confinement, on enchaînait cinq à six visio conférences par jour, ça a été très positif", retrace Alexis Blez. Aujourd'hui, la plateforme compte 51 créateurs mais son président note que le déconfinement et la reprise de l'activité ont ralenti le rythme des échanges avec les créateurs. 

Mais le haut de gamme n'est pas l'unique terrain de jeu des plateformes spécialisées. Habitude déjà ancrée avant la crise, le do it yourself a connu son heure de gloire pendant la crise. Preuve en est, les requêtes "faire soi-même", "fait maison" et "do it yourself" ont doublé entre janvier et avril dernier sur Google. La plateforme I Make, qui a récemment levé 1,5 million d'euros pour accélérer son développement technique, surfe justement sur la tendance do it yourself depuis 2019. Sa promesse ? Regrouper sur un même site toutes les fournitures destinées au faire soi-même, et ce, quelle que soit la catégorie. Certains produits ont été fortement plébiscités pendant la crise à l'image des machines à coudre pour la confection de masques. "A mon sens, l'intérêt d'une marketplace verticale c'est de proposer un catalogue de produits et une offre plus fournie, plus adaptée et plus pertinente", estime Elodie Abécassis, fondatrice de I Make.

Marketplaces spécialisées et DNVB, même combat ?

"Il est difficile de savoir si la crise a amplifié le phénomène, mais on s'aperçoit que les marketplaces spécialisées prennent de plus en plus de place là où on pensait que, face à Amazon notamment, seules les DNVB étaient capables de peser", analyse Camille Kriebitzsch, cofondatrice du fonds d'investissement Eutopia. A bien des égards, ces plateformes reprennent les mêmes codes que les monomarques : construction d'une image de marque, expertise et expérience client. Le consommateur retrouve une offre élargie, sélective, et inspirationnelle tandis que les marques bénéficient d'une meilleure visibilité en s'appuyant sur celle de la marketplace.

Par ailleurs, contrairement au business model des DNVB, le modèle de la marketplace n'implique pas de gérer les stocks, rappelle Camille Kriebitzsch. "De plus, la marketplace permet aux marques d'explorer un nouveau canal de vente et de privilégier l'omnicanal sur du long terme", complète Cayetana Hurtado, VC au fonds d'investissement Balderton, qui rappelle que "les consommateurs plébiscitent de plus en plus les marques intimistes". Selon elle, la demande croissante en ligne combinée aux enjeux business des retailers font que les marketplaces verticales ont toutes les chances de s'imposer.