Economie et tourisme : et si nous passions enfin à la détaxe digitale ?

Depuis quelques années, la digitalisation du processus de détaxe change la donne et la transforme en un réel atout pour tous les commerçants et leurs clients étrangers.

Pour réagir à cette tribune et échanger en direct avec les équipes de SkipTax sur la digitalisation de la détaxe, venez les rencontrer sur le salon Tech for Retail les 28 et 29 novembre prochains à Paris.

La France est la première destination touristique mondiale avec près de 90 millions de visiteurs par an. Pourtant, elle se place à la deuxième place concernant les recettes générées par le tourisme d’après l’Organisation Mondiale du Tourisme (OMT). Et, si nous avions le pouvoir de hisser la France à la première place du podium ?

Selon l’OMT, la facilitation des opérations de détaxe est l’une des six mesures clés permettant de renforcer l’attractivité de la France. Pour rappel, la détaxe est un système permettant aux touristes non résidents de l’Union Européenne de se faire rembourser le montant de la TVA sur l’achat de biens en France. Aussi complexe que méconnue, elle est aujourd’hui largement sous exploitée : sur 15 millions de touristes éligibles, seuls 2 millions ont profité du dispositif en 2018. Mais depuis quelques années, la digitalisation du processus de détaxe change la donne et la transforme en un réel atout pour tous les commerçants et leurs clients étrangers. 

Un système lourd et dissuasif pour les clients et les commerçants

Aujourd’hui, un client souhaitant effectuer une demande de détaxe classique en magasin fait face à plusieurs contraintes. 

Tout d’abord, il doit demander au vendeur de remplir un bordereau de détaxe. Outre la barrière de la langue qui peut dissuader le touriste d’en faire la demande, la génération du formulaire et la vérification de l’éligibilité de l’acheteur incombent aux commerçants. Cette responsabilité cumulée à la perte de temps et d’argent engendrée peut décourager ces derniers de la proposer à leurs clients.

Dans ce contexte, le touriste doit donc demander un formulaire de détaxe papier, dans chacun des commerces pour lequel il souhaite obtenir un remboursement de TVA. Au-delà de la perte de temps qui en découle, nous retiendrons que cette pratique n’est pas vraiment éco-responsable.

Le système de détaxe classique est aussi extrêmement discriminant pour les petits commerces. En effet, avec ce système le client est tenu d’effectuer un minimum de 100,01 euros d’achat par magasin afin d’être éligible à la détaxe. Or, ce montant n’est souvent pas atteint dans les plus petites enseignes. 

Finalement, si le touriste a malgré tout réussi à obtenir les bordereaux de détaxe souhaités, il ne recevra son remboursement que trois mois après les avoir transmis aux douanes. Et s’il rencontre un problème, le service client est bien souvent aux abonnés absents. 

Il n’est donc pas étonnant que ce processus ne soit pas mis en avant par les commerçants ou convoité par les touristes. Pourtant, un client qui bénéficie d’une détaxe voit son pouvoir d’achat augmenté et est ainsi tenté de dépenser immédiatement l’économie réalisée en achetant plus ou plus cher. 

Ainsi, depuis quelques années, la détaxe digitale vient grandement simplifier le parcours de détaxe classique afin d’en faire un réel avantage, à la fois pour le commerçant et le client.

La détaxe digitale, un système incitatif et simplifié

En réponse à ce manque d’efficacité, la détaxe digitale est aujourd’hui en plein essor. Cette solution numérique agréée par les douanes françaises permet de simplifier grandement le processus et d’inciter les voyageurs à dépenser plus chez tous les commerçants. 

Avec le système digital, lorsqu’un client souhaite effectuer une détaxe, il lui suffit de demander au vendeur de n’importe quel commerce, une facture mentionnant le nom de l’opérateur de détaxe. 

Le commerçant n’a plus la responsabilité de vérifier l’identité et l’éligibilité de l’acheteur, ni de générer le bordereau de détaxe. Cette tâche est reléguée à l’opérateur, qui s’en charge gratuitement. 

Autre avantage, la solution digitale permet de cumuler plusieurs factures sur un même bordereau. Fini le minimum d’achat par magasin, il suffit seulement que l’ensemble des factures cumulées atteignent les 100,01 euros. L’augmentation du pouvoir d’achat des clients n’est ainsi plus réservée aux enseignes de luxe : les plus petits commerces sont revalorisés puisqu’ils peuvent également en bénéficier.

Finalement, une fois les factures en poche, il suffit au touriste de télécharger l’application mobile de l’opérateur digital agréé de son choix et d’y envoyer ses factures.

Après génération et scan du bordereau, le remboursement arrivera entre 24 et 72 heures directement sur le compte choisi par le client. Bien plus rapide donc, que les trois mois d’attente nécessaires dans le parcours de détaxe classique. 

Les opérateurs digitaux redonnent par conséquent tout son sens à la détaxe : un processus simple, rapide et sécurisé, qui profite à la fois au commerçant et au client. Du temps gagné, un pouvoir d’achat augmenté, et donc une expérience très positive que le touriste sera plus enclin à réitérer.

La détaxe digitale, une solution idéale mais pourtant réfrénée

À l’heure actuelle une facture mentionnant le nom de l’opérateur de détaxe est obligatoire pour permettre le remboursement de la TVA aux touristes étrangers. Un ticket de caisse, même détaillé et assorti d’une preuve de paiement n’est pas accepté. Pourtant, avec les technologies informatiques que nous possédons aujourd’hui, une facture est beaucoup plus facilement falsifiable qu’un ticket de caisse.

Mais le problème ne s’arrête pas là. Non seulement les touristes non-francophones et non-anglophones rencontrent de grandes difficultés à demander une facture aux commerçants, mais certaines enseignes refusent catégoriquement d’émettre une facture mentionnant le nom de l’opérateur de détaxe digitale. Pourtant, selon l’article 289 du code général des impôts, le commerçant est dans l’obligation de fournir une facture à son client s’il en fait explicitement la demande. Conflit d’intérêt ? Manque de connaissance du processus de détaxe ? Laissons-leur le bénéfice du doute, même si nous savons pertinemment de quoi il en ressort. 

En définitive, accepter le ticket de caisse comme preuve d’achat, permettra d’une part de limiter la fraude, d’autre part aux touristes de s’affranchir des contraintes imposées par les opérateurs de détaxe historiques et leurs magasins affiliés, mais aussi à l’État français de doubler ses recettes touristiques. 

À l’heure où le tourisme international est de nouveau florissant, qu’attend Bercy pour lever les barrières et permettre à la détaxe digitale de prospérer ?