Décarboner la consommation ne rime pas avec décroissance

Le 11 janvier 2023 a signé le départ des soldes d'hiver en France. Si cette période est synonyme de chiffre d'affaires pour les commerçants, elle représente aussi un impact carbone important.

Si la période des soldes représente un chiffre d’affaires non négligeable pour les commerçants, elle est aussi le symbole de forte consommation, d’achats compulsifs, et d’impact carbone important.

Les résultats mitigés des dernières COP27 et COP15 ont mis en lumière la difficulté de la mise en place, à l’échelle internationale, de mesures pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. À l’échelle des citoyens, les petits gestes du quotidien participent à la réduction de l’empreinte carbone globale. Les entreprises ont, elles aussi, un rôle majeur à jouer pour transformer leurs méthodes de production et d’approvisionnement et changer les habitudes des consommateurs.

Il faut aujourd’hui apprendre à revaloriser, à réutiliser chaque composant et à décarboner nos modes de consommation avant qu’il ne soit trop tard pour endiguer le changement climatique.

Diminuer l’impact environnemental de nos modes de consommation…

En France, le transport de marchandises représente 10% des gaz à effet de serre du pays. Si la livraison de produits est souvent offerte, elle comporte un coût environnemental non négligeable, notamment lorsqu’elle est promise en 24 heures. En mars 2021, les sénateurs qualifiaient le transport de marchandises "d’angle mort des politiques de mobilités" alors qu’il s’agit d’un véritable levier de décarbonation d'après le Sénat.

De nombreuses solutions existent et sont déjà à l'œuvre comme, par exemple, les produits éco-conçus, fabriqués localement, et les emballages réutilisables et recyclables. Cela permettrait d’éviter qu’un jean n’ait à parcourir une fois et demie le tour de la Terre avant d’arriver sur nos étagères. L’économie circulaire ou la seconde main peuvent également réduire l’impact de la consommation sur l’environnement. Le nombre d’initiatives se multiplie en ce sens : vente de seconde main, réparation d'électroménager, reconditionnement d’appareils électroniques (téléphones, ordinateurs), reprise d’objets en échange de bon d’achats (jeans, voiture, flacon de parfum, etc.). La règle des 5R (refuser, réduire, réutiliser, recycler, retourner), ​​popularisée par la blogueuse et conférencière française spécialiste du "zéro déchet", Béa Johnson, est également un guide de conduite indispensable à la réduction des déchets, ces derniers étant une des causes majeures de production de gaz à effet de serre.

… ne rime pas forcément avec décroissance

Évitons d’emblée les amalgames. Mieux consommer ne signifie pas revenir à une société archaïque. Faire le choix d’un produit fabriqué à proximité de son lieu de vente, utilisant des modes d’emballage réutilisables ou privilégiant des modes de livraison plus vertueux, n’aura pas d’impact sur les indicateurs de croissance, bien au contraire. Relocaliser la production permettra de créer des emplois qui ont été délocalisés au cours des dernières décennies et de redynamiser les territoires.

Sans compter que les travaux du chercheur britannique Chris Goodall, théoricien de la consommation, montrent que les ménages du Royaume-Uni consomment moins depuis les années 2001, 2002, 2003 sans que les indicateurs de croissance ne soient impactés. En France, l’empreinte carbone par habitant décroît depuis plusieurs années (10,4 tonnes de CO² en 2010 contre neuf en 2019) alors que nous consommons sans cesse davantage à en croire l’INSEE (+1,8% en 2016 ; +1,4 en 2017 ; +0,9% en 2018).

Dans son dernier rapport, le GIEC insiste sur la nécessité de réduire notre empreinte carbone. Les températures records de cette année nous rappellent l’urgence d’agir. Si la tâche est immense, que sa démesure ne nous rende pas neurasthéniques.

Nous pouvons nous inspirer du colibri cher à Pierre Rabhi pour faire évoluer nos modes de consommation. Nos choix permettront peut-être à des acteurs responsables d’émerger. Ils encourageront également les industriels à réduire l’impact carbone de leurs produits, de leur conception à leur revalorisation. Chacun de nos gestes est susceptible d’être inspirant et de permettre des changements à grande échelle.