Laurent de la Clergerie (LDLC) "LDLC va ouvrir une marketplace pour les vendeurs de produits durables au deuxième trimestre 2023"

Après une année 2022 chahutée, LDLC regarde vers l'avenir. Le groupe axe son développement vers des initiatives durables avec l'ouverture d'une marketplace dédiée au deuxième trimestre 2023.

JDN. Les ventes de produits électroniques sont en net recul en 2022, -15% au troisième trimestre d'après la Fevad. Comment s'est conclu 2022 pour le groupe LDLC ?

Laurent de la Clergerie a créé LDLC.com en 1996. © Véronique Védrenne

Laurent de la Clergerie. 2022 est une année sur laquelle nous avons ressenti les effets du Covid jusqu'en avril et depuis c'est plus compliqué. Avec le recours massif au télétravail, nous avions réalisé de très bons résultats pendant la pandémie. Sur notre premier semestre, entre avril et septembre 2022, notre groupe était en recul de 22%. Au troisième trimestre, nous étions en recul de 10%. Dans les faits ce n'est pas un retour en arrière mais surtout un retour à la normale, ce n'est pas un choc. Les clients sont revenus en magasin et cela se voit. Nous restons au-dessus de nos résultats de 2019. 

Le marché professionnel souffre, avec l'augmentation des factures d'énergie, les entreprises ont du mal à prévoir ce qu'elles vont payer. Ce manque de visibilité macroéconomique crée beaucoup d'inconnues et le marché professionnel s'en ressent.

Nous sommes donc en croissance par rapport à 2019, nous avons tiré bénéfice de la mise en place de la semaine de quatre jours pour nos employés. Avant le Covid, nous avions 1 050 collaborateurs et nous réalisions 493,4 millions d'euros de chiffre d'affaires. A la sortie de la pandémie, nous avons toujours le même nombre de collaborateurs pour un chiffre d'affaires de près de 700 millions d'euros. Nous n'avons pas eu besoin de recruter pendant le Covid, nous restons rentables et nous ne licencierons pas.

Vous avez passé la barre des 90 magasins LDLC en janvier 2023, pour un chiffre d'affaires sur neuf mois de 89,5 millions d'euros soit 20% du chiffre d'affaires du groupe sur la période. Quelle est votre stratégie de développement en physique ?

Nous avons commencé à ouvrir des boutiques il y a dix ans. L'e-commerce doit représenter entre 10 et 30% du marché physique et il n'ira sans doute jamais au-delà de 35 à 40%. Si nous ne nous positionnons pas avec des magasins, nous laissons la place à nos concurrents. Il y a encore des grandes villes et des départements dans lesquels nous avons la place de nous développer. Nous ouvrons entre 10 et 20 magasins par an depuis la fin de la pandémie. Nous essayons de compléter notre maillage territorial de la France en fonction des opportunités qui se présentent.

"Nous retravaillons aussi le transport de nos livraisons afin qu'il soit plus écologique"

Quels sont vos axes de travail pour 2023 ?

Nous voulons travailler notre réponse sur le marché de l'occasion et aller plus loin que ce que nous faisons aujourd'hui. Nous voulons bien sûr être plus verts mais nous sommes dans le pire métier pour cela : les produits que nous vendons sont pour la plupart expédiés de Chine et ils contiennent des terres rares. LDLC a un train de retard sur le durable et nous souhaitons le rattraper. Nous allons pour cela lancer en marketplace un site lié au durable entre avril et juin 2023. Nous y proposerons les produits de vendeurs spécialistes du durable.

Nous retravaillons aussi le transport de nos livraisons afin qu'il soit plus écologique et plus lent. Nous n'avons que peu de clients pour les formules express et ce n'est pas ceux que nous souhaitons adresser aujourd'hui. Nous travaillons avec des acteurs comme Stuart sur une forme de transport plus écologique et nous transformons nos entrepôts pour aller en ce sens.

Quel est le positionnement de votre marketplace ?

Nous l'avons ouverte il y a trois ans, elle représente 2 millions d'euros sur nos 600 millions d'euros de chiffre d'affaires, c'est un complément qui nous permet de proposer de l'extension de gamme. Nous ne devons pas devenir un généraliste. Nous l'avons ouverte pour être spécialisés et non pas pour vendre des cafetières et des jeans. Aujourd'hui tous les sites se ressemblent, nous voulons être identifiés comme un spécialiste, un vendeur d'informatique et de matériel électronique. Un client doit venir chez nous parce qu'il va recevoir un conseil informatique, nous ne voulons pas être assimilés aux vendeurs de tout.

Laurent de la Clergerie est titulaire d'un diplôme d'ingénieur en électronique et informatique de CPE Lyon. En 1996, il crée le site de vente de produits électroniques LDLC.com, après avoir gagné 100 000 francs lors de la Chasse au Trésor organisée par le magazine Paris Match. En avril 2000, sa société fait son entrée en bourse. Le groupe a réalisé un chiffre d'affaires de 684,9 millions d'euros sur son exercice 2021-2022 et compte plus de 1 000 employés.