Social media, influence, contenu : 10 tendances digitales incontournables en 2021

A l'aune de cette année particulière et en envisageant un retour à une vie "normale" assez lointain, on peut voir se dessiner ou se renforcer de nouvelles habitudes digitales. On décrypte ça ensemble ?

Difficile dans cette période incertaine de présager des tendances émergentes, tant la précédente a été marquée par des bouleversements rapides d’usages, comme en témoigne par exemple l’adhésion et l’accentuation massive des usages social media d’un nouveau pan de la population en 2020.

En écho au futur lointain imaginé dans le film Wall.e, en raison de la pandémie mondiale, de nombreuses personnes à travers le monde se sont en effet quasiment greffées à leurs écrans ces derniers mois… Les réseaux sociaux ont permis de maintenir non seulement la vie sociale, amicale et professionnelle mais aussi la vie culturelle, et le shopping bien sûr !

Ainsi pour la première fois en quasiment 15 ans de carrière en social media et influence, j’ai beaucoup moins entendu de prospects douter, comme ils le faisaient très régulièrement avant, du ROI des réseaux sociaux.

Et même au contraire : de nouveaux prospects, souvent éloignés jusque-là des stratégies de marketing digital social media, concentrés sur la force de vente terrain ou l’événementiel pour conquérir leur prospects, se sont rués sur les agences social media…

A l’issue de cette année riche en bouleversements, il nous semble qu’un décryptage s’impose : quelles tendances fortes issues de cette année folle vont s’imposer et permettre aux entreprises de réussir sur les réseaux ? Quel fil suivre dans la multitude de propositions qui nous sont offertes par les plateformes, littéralement en ébullition ? 

En voici quelques unes, que nous avons identifiées notamment par le prisme qui nous semble le plus pertinent : celui des usages des communautés.

1-BtoB to Social

Cette année, en raison de la situation bien particulière, de nombreuses entreprises, notamment dans le secteur du BtoB ont découvert le potentiel des réseaux sociaux professionnels et notamment LinkedIn.

Bien que les experts du sujet se rejoignent, notamment pour critiquer l’algorithme du réseau et sa tendance à pousser au spam, il va sans dire que Linkedin n’a cessé de s’améliorer (à son rythme que d’aucuns jugent trop lent…) et de proposer de nouvelles fonctionnalités : notamment les lives qui répondent à l’enjeu d’outils pour se réunir et converser ou encore les stories, dont le succès est pour le moment relatif sur ce réseau.

Le réseau fait aujourd’hui figure d’outil de pointe de la prospection « hors terrain » (à comparer au hors media …) et de nombreuses entreprises vont entreprendre de former leurs commerciaux à son usage. Les outils d’automatisation qui se sont multipliés ces dernières années, seront ainsi les meilleurs alliés de ces entreprises qui veulent aller vite et bien sur le réseau, pourvu bien sûr qu’ils soient bien configurés et bien utilisés ;)

2-eAdvocacy

On en parle beaucoup depuis quelques années, mais, rares sont encore les entreprises qui ont saisi l’opportunité de renforcer leur « employee advocacy » en France. Sûrement à cause d’une culture de farouche indépendance des salariés en France, ou encore du manque de confiance de certaines managers ?

Dans la continuité du développement des compétences digitales des commerciaux sur Linkedin, je pense que la gestion de l’advocacy va s’étendre à d’autres profils, notamment les RH : véritables chefs d’orchestre des relations dans l’entreprise, ils se digitalisent à grande vitesse…

Pour que l’employee advocacy se développe à tous les étages des organisations, petites et grandes,  il faudra cependant que les entreprises investissent réellement ce champ en proposant à la fois des contenus, des plateformes et des expériences qui génèrent confiance (à agir au nom de son entreprise) et engagement de la part des salariés… En France, le sujet du moment autour de la « Raison d’Etre » des entreprises en sera sans aucun doute un important catalyseur de l’employee advocacy en 2021.

3-Social et Live shopping

Dans un univers plus BtoC, la démonstration produit et le conseil à la vente, des métiers relationnels par excellence, sont eux aussi très impactés par le Covid19 et la distanciation sociale : même si les boutiques restent ouvertes, les relations avec les clients sont restreintes au strict nécessaire, de même que les manipulations produits et les événements commerciaux de type salons ou foires sont aujourd’hui complètement exclus et pour un temps indéfini.

Par ailleurs, de nombreuses marques qui se lancent, font désormais le choix d’une distribution exclusivement digitale.

Le live shopping vient à la rescousse en proposant, soit à travers les réseaux sociaux, soit même directement sur le site ecommerce du retailler, de rassembler en temps réel des clients à travers une démo virtuelle interactive.

Véritable téléshopping interactif, ces expériences en live vidéo permettent aux clients potentiels de poser toutes leurs questions en live, pendant la démo produit vidéo et d’accéder directement à l’achat sur le site ecommerce via des fonctionnalités innovantes.

Encore en test sur les réseaux sociaux sous nos latitudes, ces fonctionnalités sont déjà utilisées avec succès en Chine et vont sortir très prochainement en Europe.

En ce début d’année, caast.tv a largement fait sa preuve de concept sur le sujet en lançant de nombreux lives sur les sites e-commerce d’importants retailers français (Leroy Merlin, Clarins, Cultura, Fnac et Castorama pour ne citer qu’eux…).  Pour Antoine Leclerc, le live permet en effet de créer « un momentum idéal pour inciter à l’achat et créer la confiance des internautes »,  mais il s’agit aussi d’améliorer la considération des prochains clients qui accéderont aux lives, et aux questions posées pendant celui-ci directement sur les fiches produits.

4-Réalité augmentée et social shopping

Avoir l’air maquillé ou même bien habillé sur votre zoom alors que vous venez de vous lever et êtes en pyjama, vous maquiller en live pour tester un rouge à lèvres etc : voici quelques unes des possibilités offertes par la réalité augmentée en 2020. Souvent gadgets et funs mais pour autant très viraux, les filtres de réalité augmentée ont été jusque là beaucoup utilisés pour de la promotion produit, principalement pour les grandes marques de cosmétique…


Demain, à l’image d’Ikea - qui a été l’une des premières marques à proposer l’intégration de ses produits en réalité augmentée via sa propre application - les internautes pourront avoir accès à des dizaines de simulations 3D de produits qu’ils pourront placer virtuellement dans leur environnement, essayer (comme des chaussures ou des vêtements) etc…, le tout intégré à Instagram et donc en accès très grand public, potentiellement partageable facilement.

Mon petit doigt me dit aussi que les outils de social shopping seront directement intégrés dans ces filtres et que l’on pourra donc acheter les objets simulés directement après avoir utilisé un filtre AR. L’algorithme d’Instagram favorisera d’ailleurs les filtres AR en poussant davantage les comptes qui les utilisent en stories.

5-Les influenceurs créateurs et catalyseurs

Les influenceurs connaissaient déjà la recette du vidéo shopping, puisqu’ils ont été parmi les premiers à mettre en place de tels systèmes pour promouvoir les marques qu’ils affectionnent (ou qui les rémunèrent pour le faire). Les systèmes de live vidéo, désormais présents sur tous les réseaux sociaux, qu’ils ont déjà adopté pour certain, vont leur permettre d’aller un peu plus loin dans la recommandation.

Toujours catalyseurs de communautés, au delà de la recommandation, les influenceurs dépassent désormais le statut de « super journaliste » ou de « mini media » dédié à une niche de consommateurs pour aller de plus en plus vers celui de créateurs : les communautés d’internautes, de plus en plus exigeantes, sont en effet à la recherche de véritables créatifs inspirants ; que ce soit dans les domaines de la mode, de la décoration ou du food, le contenu qu’ils produisent va continuer de devenir de plus en plus qualitatif…Pour autant l’émergence de nouveaux talents n’est pas freiné, mais la qualité globale des collaborations que nous mettons en place entre les influenceurs et les marques est de plus en plus élevée.

A noter que la qualité du contenu produit devient un facteur beaucoup plus différenciant que la taille de la communauté ; les micro influenceurs dont les communautés sont très ciblées et les contenus de très bonne qualités vont donc connaitre de belles heures en 2021.

6-Tiktok et micros contenus

On ne peut pas parler d’influence sans parler de TikTok, le réseau qui a émergé ces dernières années, et qui a explosé littéralement en 2020. Tellement puissant qu’il a pu faire du tort à Trump qui fait tout pour le fermer depuis des mois; ce réseau était pourtant censé être dédié aux ados et seulement à eux… Il va sans dire que son développement exponentiel a bien sûr un rapport avec la jeunesse, et notamment parce qu’il a su rassembler, pour les attirer, quelques ingrédients essentiels pour eux : la musique bien sûr, première clé d’entrée, et donc la créativité et le fun qui vont avec…, on peut aussi souligner sa propension a créer des chaînes d’engagement facilement, engagement sociétal dont la jeune génération est friande, d’autant plus quand c’est fun comme une danse et pas trop long…

Tiktok est devenu petit à petit le réseau idéal pour faire des opérations UGC à grande échelle. 

Comme on a pu le voir par exemple avec La Redoute, mais est aussi devenu l’outil principal de plusieurs maisons de disques pour leur promo de lancements et un formidable outil de mobilisation créative comme on a pu le voir avec la mobilisation des fans qui ont créé ensemble la comédie musicale Ratatouille.


En 2021, on y verra, comme sur Youtube, de nouvelles thématiques sur des thèmes plus sérieux comme les sciences naturelles, la culture (à voir notamment le compte culturez-vous), ou la psychologie par exemple.

Les autres réseaux sociaux ne s’y sont pas trompés  : ils copient le format vidéo court en stop motion, comme le montre Instagram avec les reels et même Twitter qui a récemment lancé sa propre version les fleets, de son côté Linkedin, toujours un peu en retard, vient de lancer les stories…

7-Contenus longs

Paradoxalement au développement et à l’engouement pour ces formats hyper courts, on assiste depuis quelques années à un engouement sans précédent pour les podcasts : contenus longs et vivants, ils font la part belle à la voix et donc à l’imaginaire.

Un succès pour ce format qui ne date pourtant pas d’hier mais dont on peut expliquer le succès par ce qui a fait aussi le succès de la radio : côté éditeurs et annonceurs; le coût de production peu élevé contrairement à la vidéo par exemple et côté usager; la sensation de proximité et de chaleur créée par la voix, l’envie d’approfondir vs les très nombreux contenus snack dont on est abreuvé très (trop) régulièrement, la possibilité de faire autre chose en même temps, contrairement à la vidéo…Les français ont vraiment plébiscité ce format en 2020 et ça va continuer... (cf le succès de Clubhouse en ce début d'année !) 

Sur les réseaux sociaux, on assiste également au développement de nouveaux formats plus longs qui permettent de donner davantage d’informations aux internautes sur un produit ou un service, tout en leur permettant de zapper d’un paragraphe à l’autre : les Guides sur Instagram et les épingles augmentées sur Pinterest.


Ces contenus sont de véritables mini-sites, en écho aux Instant Experiences dédiées au mobile que Facebook avait lancé il y a 5 ans. Très bons catalyseurs de considération, ces formats qui renseignent vont considérablement se développer et mixer vidéo et images fixes pour inciter les utilisateurs à l’achat, en toute connaissance de cause. Les IGTV, ces formats vidéos longs sur Instagram connaissent eux aussi un regain d’intérêt alors que leur lancement était plutôt laborieux.

Sur LinkedIn, la tendance est aussi au contenu long et pédagogique, favorisée par l’algorithme qui prend désormais en compte le temps passé sur une publication pour la pousser dans le feed, valorisant ainsi l’expertise au détriment du post anecdotique…

8- Relation client social media

Amorcée depuis maintenant près d’une décennie, la gestion de la relation client sur les réseaux sociaux avait surtout valeur de communication jusque récemment.

En effet, elle ne s’adressait pas à la majorité des clients d’une entreprise mais permettait, à l’instar des opérateurs télécoms ou de transports en commun, souvent critiqués en ligne sur ces sujets, de montrer sa réactivité, sa bonne volonté et sa bienveillance à l’égard des clients mécontents (et parfois très influents…) qui s’exprimaient sur les réseaux.

Elle est devenue au fur et à mesure du développement des réseaux sociaux et de celui des populations qui y sont actives, un indispensable au développement de la réputation de marque, mais aussi tout simplement un basique incontournable pour toute marque qui se respecte, qu’elle soit DNVB ou pas.

En effet, le niveau d’exigence des internautes n’a cessé de s’élever vis à vis des Community managers, de leur réactivité et de leur capacité à résoudre les problèmes avec l’entreprise rapidement et efficacement.

On peut prendre en exemple Yann, le fameux community manager de Decathlon, bien connu pour sa répartie et sa gestion des conflits avec les clients de la marque, ou encore le poète de chez Interflora, très actifs en particulier sur Twitter, sur lequel Interflora vient d’ailleurs de proposer un système de livraison grâce à l’identifiant Twitter d’une personne.

Les chatbots, notamment sur Facebook, ont permis d’industrialiser et de rendre plus interactive une partie des FAQs, mais ont aussi créé beaucoup de frustration et l'on en revient maintenant et pour assez longtemps, il me semble, à la nécessaire humanisation des relations avec les clients sur les réseaux sociaux  : répondre aux questions de manière quasi immédiate, humaine et sympathique est donc plus que jamais un enjeu de taille pour les marques présentes sur les réseaux sociaux et l’est encore davantage dans cette période où nous manquons tous cruellement de relationnel authentique. De nouvelles propositions pourraient voir le jour et notamment des échanges SAV par visio, comme le propose déjà Cdiscount.

9- Bouleversement du monde de l’événementiel

Covid ou pas, le monde de l’événementiel, et du salon en particulier, avait commencé à saisir la complémentarité du réel et du virtuel : pour remplir et organiser ses événements notamment, mais aussi pour leur donner une valeur ajoutée que ce soit en proposant des outils de networking dédiés, ou via la création de contenus thématiques à haute valeur ajoutée.

Certains gros événements, qui ont anticipé ce virage, sont ainsi devenus de minis médias de niche et même de petites agences digitales qui vendent à leurs exposants ou partenaires du native advertising sous forme de brand content ou des campagnes de visibilité social media en complément de leurs stands.

Cette tendance ne va faire que s’accentuer en 2021, (certains vont enfin prendre le virage…) avec en parallèle le développement et le perfectionnement des événements ou mini-événements virtuels, multidiffusés sur les réseaux sociaux des organisations.

10- No place like social media

Qui dit plus de temps passé sur les réseaux sociaux, dit aussi une envie d’une expérience plus personnalisée, à l’image des tendances de consommation globales.

A l’inverse des MySpace codées en HTML de toutes les couleurs de l’arc-en-ciel début 2000, les réseaux sociaux permettaient eux, jusque là, une personnalisation très limitée des pages profils. En 2020, elles ont lancé des bitmojis personnalisables (chez Facebook et Snapchat notamment).


On voit ainsi l’émergence de bitmojis habillés par de grandes marques comme Levis sur Snapchat, ainsi que des marques qui proposent des fonds d’écrans créatifs à utiliser dans les conférences Zoom ou sur leurs mobiles, comme Supreme par exemple, qui offre à ses clients, des fonds d’écran créatifs qui leur permettent de retrouver l’univers graphique de leurs produits textile bien réels, aussi sur leurs accessoires virtuels.

Les outils comme Notion, qui sont à l’origine plutôt dédiés à la bureautique, se voient ainsi assignés un nouveau rôle de bullet journal virtuel le tout promu par les jeunes utilisateurs de TikTok. On peut également évoquer la possibilité de proposer ses propres stickers personnalisés sur la plateforme Instagram. 

Pour conclure on pourrait dire tout simplement que nous sommes dans une période de grande maturité des usages social media. Les marques qui vont émerger et se maintenir sont celles qui auront pris la mesure des possibilités offertes par les plateformes et auront su se les approprier et s’y adapter pour garder et intensifier le lien avec leurs communautés.

Lucile Reynard, Directrice conseil, planneuse stratégique chez White Mirror