Retour sur la success story Rocket Internet : 5 idées reçues sur les “startup studios”
L’effervescence que suscite l’entrée en bourse de Rocket Internet à une valorisation impressionnante cache une profonde interrogation sur le modèle de business des startups studios. Décryptage de ce nouveau modèle de création d’entreprises.
L’effervescence que suscite l’entrée en bourse de Rocket Internet à une valorisation impressionnante cache en réalité une profonde interrogation sur le modèle de business des startups studios et plus généralement, des incubateurs de startups. Derrière la controverse et les “buzzwords” repose un nouveau modèle de création d’entreprises qui a fait ses preuves: le startup studio.
- Idée reçue #1 : Startups Studios, incubateurs, accélérateurs et fonds d’amorçage sont synonymes
Les “startup studios” sont des nouveaux modèles de création de startups : ils font naître en interne des entreprises et participe à leur développement d’un point de vue produit et exécution. Les incubateurs et les accélérateurs, au contraire, accueillent des projets pré-existants, et se focalisent sur un accompagnement et un mentoring plus qu’une véritable exécution. Les investisseurs se placent en partenaires financiers et certains proposent un accompagnement de type conseil. Le modèle startup studio apporte une implication beaucoup plus importante dans le quotidien et requiert une spécialisation de compétences pour arriver à un avantage stratégique. C’est pourquoi les startups studios se concentrent en général sur une verticale: Rocket Internet sur le e-commerce, eFounders sur le SaaS.
- Idée reçue #2 : Un startup studio ne crée pas de startups innovantes
Le modèle de startup studio le plus connu, Rocket Internet, clône des produits et des business models américains sur d’autres marchés géographiques. D’abord, n’oublions pas qu’il apporte une importante innovation sur les fonctions logistiques, achats, ou financières qui sont primordiales dans le domaine de l'e-commerce. Ensuite, d’autres modèles de studio innovent à d’autres niveaux : eFounders, qui crée des startups dans le domaine du logiciel en SaaS, crée des produits, les stratégies de go-to-market ou les techniques d'acquisition innovantes. Les startups studios créent de valeur et innovent de différentes manières: ce qui fait leur plus-value est qu’elles peuvent le faire massivement et rapidement.
- Idée reçue #3 : Le modèle “startup studio” est un modèle qui n’a pas encore fait ses preuves
Le modèle de studio est récent, et laisse sceptique les défenseurs d’un modèle de création de startups plus traditionnel, où les co-fondateurs sont des individus et non des structures. Pourtant, force est de constater que le modèle d’un startup studio est un modèle qui fonctionne, en témoignent les succès des startups co-fondées par eFounders ( par exemple : Textmaster, Mention, aujourd’hui en croissance internationale, et Front qui vient d’annoncer une levée U.S de 3,1 millions de dollars), et bien entendu, l’entrée en bourse de Rocket Internet. Après Rocket Internet et eFounders, les deux acteurs européens pionniers, d’autres commencent même à copier ce modèle.
- Idée reçue #4 : La valorisation de Rocket Internet prouve que le modèle financier des startup studios n’est pas sain
Le
studio Rocket Internet se félicite d’avoir multiplié par 20 à 200 la valeur des sociétés créées -
par rapport aux montants investis : les calculs de valorisation des sociétés du
portefeuille de Rocket Internet font débat, du fait de la dépendance entre les
investisseurs des sociétés du portefeuille et le startup studio lui même. En
réalité, c’est plus largement le modèle choisi par Rocket Internet qui fait
polémique. Leur business est fondé sur les clones -
soutenu par des méthodes de management aggressives, que ses fondateurs entretiennent. L’entrée en bourse de la
société ne fait qu’attiser la polémique.
Le
calcul de valorisation d’un startup studio est issu de la somme des
participations du studio dans les sociétés créées, multipliée par un ratio
déterminant sa capacité à construire des entreprises pérennes. Ce modèle de
calcul est légitime, l’important est que ce ratio ne peut s’évaluer que sur la
base d’analyses des méthodes du studio pour construire des entreprises
saines et durables, qui dépassent le cadre strictement comptable.
- Idée reçue #5 : Un startup studio ne crée pas d’entreprises viables sur le long terme
Si
la méthode adoptée par Rocket Internet implique que la société mère conserve
une forte main-mise sur les sociétés qu’elle crée, ce n’est pas le cas de tous
les startups studio. Chez Rocket Internet, les startups sont initialement
- avant levée de fond - détenues en majorité par Rocket Internet et
gérées par des managers qui sont rémunérés avec un intéressement au capital. Le
modèle de startup studio d’eFounders place l’indépendance comme facteur clé
de réussite sur le long terme. De ce fait, le studio s’associe à parts
égales avec un CEO et un CTO sur chaque projet, et s’assure ensuite que toutes
les ressources mises à disposition par le studio (humaines, logicielles, etc)
soient intégrées par les entreprises crées une fois matures.
L’effervescence
médiatique autour de l’entrée en bourse de Rocket Internet braque les
projecteurs sur des méthodes managériales et des choix entrepreneuriaux
particuliers, mais ne doit pas remettre en cause le modèle du startup studio en
tant que tel. Il permet aux profils d’entrepreneurs de rejoindre des structures
à même de développer des produits et services créateurs de valeur, et a
vocation à mettre l’indépendance et l’innovation au coeur de sa démarche.
Quentin Nickmans et Thibaud Elzière sont les deux co-fondateurs du startup studio eFounders.