Jérôme Stioui (Ad4Screen) "Pourquoi Ad4Screen lève 4,5 millions d'euros"

Le groupe spécialisé dans le marketing mobile boucle une seconde levée de fonds et prévoit de réaliser plusieurs acquisitions d'ici la fin de l'année. Son PDG dévoile sa feuille de route pour 2012 et au-delà.

JDN. Un an après la création d'Ad4Screen, vous bouclez un nouveau tour de table...

Jérôme Stioui. Nous venons de lever un total de près de 4,5 millions d'euros. Une grosse partie de nos investisseurs historiques ont participé à ce tour de table (Charles Beigbeder, Philippe Léoni, Augustin Ory ou Thierry Vanderwalle font notamment partie des premiers investisseurs d'Ad4Screen, ndlr). Nous avons également fait entrer un nouveau fonds d'investissement au capital. Il s'agit de Backbone, la société de gestion du fonds Agregator Capital qui a notamment été créée par les fondateurs de Viadeo, Dan Serfaty et Thierry Lunati. Les cinq fondateurs d'Ad4Screen dont je fais partie restent significativement majoritaires au capital.

"Nous espérons boucler plusieurs acquisitions avant la fin de l'année"

A quoi vont vous servir ces fonds ?

Ils vont d'abord nous permettre d'accélérer le développement de nos outils technologiques dont nous voulons encore enrichir les fonctionnalités. Nous disposons notamment d'un outil de tracking média, d'un meta-ad server et d'un outil de m-CRM. Notre deuxième objectif concerne la croissance externe. Nous avons réalisé une radiographie du marché français du marketing mobile, avons rencontré quasiment tous les acteurs de cet écosystème et identifié plusieurs opportunités. Nous sommes d'ailleurs actuellement en phase de finalisation d'au moins une acquisition. Mais nous espérons en boucler plusieurs avant la fin de l'année.

Quel type d'entreprise cherchez-vous à racheter ?

Notre objectif est de bâtir un groupe intégré sur toute la chaîne de valeur du marketing mobile, capable d'accompagner annonceurs et éditeurs de A à Z : définition de la stratégie, développement de sites ou d'applications, acquisition de trafic à la performance, fidélisation d'audience mobile et monétisation d'audience. Toutes les acquisitions que nous ferons seront en cohérence avec cet axe. Il s'agira soit de technologies, soit de savoirs-faire. Nous cherchons avant tout des entrepreneurs qui rejoignent une aventure de groupe, à qui nous apporterons des moyens, des clients, une visibilité et de nouveaux savoirs-faire. Nous voulons d'ici la fin 2012 être le leader de notre secteur en France, pas donner aux entrepreneurs une occasion de sortie en cash-out. 

Comment vous situez-vous vis-à-vis des gros acteurs européens du secteur comme l'allemand Velti ou le britannique Yoc ?

Velti et Yoc ont tous deux réussi l'étape de consolidation de leur marché local où ils ont atteint une taille critique. C'est encore ce que nous devons accomplir en France, où le marché n'est pas encore structuré. Nous nous différencions par nos technologies, dont nous sommes propriétaires. Je pense que nous sommes technologiquement en avance. Avec notre méta-ad server, nous sommes déjà à l'étape de l'ad exchange mobile, alors que ce phénomène décolle à peine en France sur le Web fixe. Notre parcours dans le marketing en ligne représente sur ce point un réel atout.

"Nous réalisons 20 % de notre chiffre d'affaires à l'international"

En France, Mobile Network Group a également de grandes ambitions et a déjà réalisé plusieurs acquisitions. Comment vous différenciez-vous ?

Outre la logique de consolidation pour créer un acteur de poids, le projet d'Ad4Screen est différent de celui de Mobile Network Group. Notre projet n'est pas financier, mais industriel. Avant de réaliser des opérations de croissance externe, nous avons développé notre activité et nos technologies en organique. La logique externe ne concerne que la moitié de notre développement et nous ne nous contentons pas juste de prendre des participations financières. Notre objectif est de regrouper en un même endroit une sorte de fédération d'entrepreneurs, de faire travailler les différentes entités ensemble, créer des synergies.

Mobile Network Group s'est introduit sur le marché libre. Envisagez-vous de le faire à votre tour ?

Nous avons fait le choix de conserver un capital privé pendant un moment. Vu le contexte actuel, nous pensons qu'une introduction en bourse constitue actuellement un risque.

Quand prévoyez-vous de vous développer à l'international ?

Nous réalisons déjà 20 % de notre chiffre d'affaires à l'international via des campagnes paneuropéennes. Mais notre développement physique hors de France se fera dans un second temps, une fois que toutes nos acquisitions auront été bien intégrées. Nous voulons essentiellement nous focaliser en Europe sur le Royaume-Uni, l'Allemagne, l'Espagne et l'Italie. Via l'acquisition de BeMyApp, nous organisons déjà des week-ends entre développeurs à Londres, Berlin, Barcelone et même San Francisco. Ils nous permettent de prendre le pouls de l'écosystème mobile sur chaque marché et de gagner en présence. Nous ouvrirons ensuite des bureaux en fonction des priorités que nous aurons identifiées.

Jérôme Stioui est le président-directeur général et co-fondateur d'Ad4Screen. Après un début de carrière chez Bain & Company et Unilever, Jérome Stioui crée Directinet en mai 2000 avec quatre associés, dont il est le PDG. Huit ans plus tard, la société est vendue au groupe britannique Interactive Prospect Targeting (IPT), pour 33 millions d'euros. Diplômé d'HEC, Jérôme Stioui enseigne par ailleurs le marketing interactif et le mobile marketing à l'Edhec, à l'Université de Lille et à l'Institut Supérieur du Marketing (ISM).