BlackBerry : des ratés ternissent la sortie des nouveaux smartphones

BlackBerry : des ratés ternissent la sortie des nouveaux smartphones Abandon de grand compte, cours de bourse en berne, chiffres de ventes tenus secrets, DSI peu emballées... Les couacs viennent tempérer l'enthousiasme de BlackBerry quelques jours après un retour remarqué.

Aucun lancement de produit n'est parfait, et celui que vient de réaliser BlackBerry ne déroge pas à la règle. Le 30 janvier dernier, BlackBerry, anciennement RIM, a lancé deux nouveaux smartphones équipés de l'OS BlackBerry 10, ou BB10, le Z10 et le Q10. Le constructeur, qui a vu ses parts de marché dégringoler ces dernières années, joue gros pour revenir dans une course dominée par Apple et Android.

Home Depot annonce haut et fort qu'il abandonne BlackBerry

Or, quelques jours à peine après ce lancement, un grand détaillant américain, Home Depot annonce haut et fort qu'il abandonne BlackBerry. Les 10 000 smartphones que ses cadres vont désormais utiliser seront des iPhone. C'est clairement un coup de canif pour BlackBerry, qui s'est longtemps imposé dans les entreprises, et devait compter sur leur soutien pour reconquérir un juteux marché. Cependant, Home Depot n'a pas précisé si ce choix avait été pris avant ou après le lancement du BB10. Et une porte-parole de Blackberry a tenu à souligner que de nombreuses entreprises américaines attendent avec impatience le Z10, qui devrait arriver sur leur territoire en mars. Qu'importe, la bourse a assez sévèrement sanctionné "BBRY", la nouvelle appellation boursière de RIM, qui a chuté de presque 5% suite à cette annonce de Home Depot.

Les hésitations de l'administration américaine

Ce n'est pas le seul couac de ce genre. Quelques semaines auparavant, une grande administration américaine, en charge des douanes et de l'immigration (Immigration and Customs Enforcement ou "ICE") a également annoncé quitter la marque canadienne, après 8 ans de fidélité. Cette fois-ci, ce sont 17 600 employés qui sont visés par cette migration. Même si cette décision était alors présentée comme irréversible, un porte-parole de BlackBerry a cependant tenu à préciser que l'ICE allait finalement jeter un œil sur le potentiel du BlackBerry 10, et devait même lancer quelques tests lors d'une phase pilote.

research in motion limited (bbry)
Le cours de l'action BlackBerry (NasdaqGS), depuis le lancement des nouveaux smartphones, ne s'est pas envolé. © Yahoo! Finance - capture

Aucun chiffre de ventes

Autre signe pouvant être mal interprété : aucun chiffre de ventes n'a été donné. Seules des affirmations assez floues (comme "meilleur lancement pour un BlackBerry") ont été faites, de la part de BlackBerry. Certes, des analystes ont pu assurer à Reuters avoir vu les signes d'une forte demande et de bonnes ventes, au Canada et en Angleterre où ont été initialement lancé les smartphones. Certains ont même pu recueillir plusieurs témoignages de points de ventes, en Angleterre, en rupture de stock. Or, cet indice montre avant tout que les stocks sont insuffisants, mais pas toujours que les ventes sont excellentes. Les délais de livraisons de la Surface RT de Microsoft avaient par exemple dû être allongés peu après sa sortie, alors que la plupart des observateurs reconnaissent aujourd'hui que les ventes de cette tablette ont finalement été décevantes.

Des couacs plus mineurs

D'autres éléments plus mineurs sont aussi venus ternir les premières semaines de commercialisation. BlackBerry a aussi dû annoncer renoncer à se lancer sur le marché japonais, notamment en raison de couts de pénétrations trop élevé pour le Canadien. Le fabricant a aussi dû retarder le lancement de son smartphone à clavier physique aux Etats-Unis (le Q10), laissant tout son succès reposer dans un premier temps sur un seul terminal, le Z10, il est vrai beaucoup plus mis en avant que le Q10 jusqu'à présent. Des critiques reportent également quelques bugs dans l'OS BB10 qui doivent être "urgemment" corrigés, surtout avant de partir à la conquête de marchés importants comme les Etats-Unis.

Enfin, côté people et marketing, l'entreprise canadienne a embauché la star Alicia Keys pour la représenter. Problème, quelques jours après ce recrutement, la chanteuse twittait depuis un iPhone, et utilisait des applications non disponibles sur les BlackBerry, ce qui fait toujours mauvais genre.

Des DSI attentistes ?

Enfin, plus sérieusement, selon la dernière enquête réalisée par le spécialiste du MDM (Mobile Device Management) MobileIron au sein de 500 DSI dans le monde, les smartphones de BlackBerry sont loin de constituer une priorité des DSI. Ainsi, elles sont seulement 2% à envisager de mettre en place une politique de support dédiée à ces nouveaux smartphones. 

Résultat probable, mais temporaire, de tous ces petits couacs,  la valeur de l'action de BB10 a perdu 3% depuis le lancement du BlackBerry 10. Rien d'alarmant, et rien qui scelle le sort de BlackBerry. Mais rien qui indique non plus que le retour au sommet de la marque soit gagné d'avance.