Récompensée au CES, MyEli miniaturise pour mieux sécuriser les personnes

Récompensée au CES, MyEli miniaturise pour mieux sécuriser les personnes La jeune start-up française se démarque par son petit bijou de défense connecté, qui alerte l'entourage de son porteur en cas de harcèlement de rue, violence, chute ou malaise.

La start-up française MyEli ne fait pas le voyage à Las Vegas pour rien. Pour cette édition 2022 du Consumer Electronics Show, un Innovation Awards lui est attribué. Il faut dire que son bijou bracelet aux formes épurées incrusté d'un dôme en silicone noir n'est pas qu'un simple gadget : il permet de prévenir d'un clic des proches en cas d'insécurité – harcèlement de rue, violences conjugales, chute pour les seniors, malaises causés par des maladies chroniques – mais aussi de rassurer ses proches par un double clic en leur confirmant que l'on est bien rentré. Connecté en Bluetooth au smartphone de son propriétaire, le bijou envoie par son biais la position GPS et un sms d'urgence aux contacts enregistrés dans l'application et peut déclencher l'alarme du mobile et l'enregistrement audio.

Pour la conception de son bijou, MyEli a dû relever un défi de taille : la miniaturisation des composants. La carte électronique à l'intérieur du bijou ne devait pas être supérieure à 1,8 centimètre de diamètre alors qu'elle contient une vingtaine de composants. "La problématique principale était de savoir comment mettre la puce la plus petite possible en fonction de la largeur de la pile, de l'antenne, etc.", explique Ludivine Romary, fondatrice de MyEli. Cette dernière a réalisé plusieurs prototypes pendant huit mois aux côtés des équipes du centre de recherche Catie (Centre aquitain des technologies de l'information et électroniques) sur la miniaturisation de la carte électronique.

Deuxième challenge majeur : une connectivité constante devait être assurée. "Nous avons beaucoup réfléchi sur le choix de l'antenne, pour savoir si nous devions mettre une antenne classique ou une antenne imprimée", raconte Ludivine Romary. Après diverses études de radiofréquence, elle a finalement porté son choix sur cette deuxième solution avec une connectivité Bluetooth 5.2, qui présentait l'avantage "d'être reçue de partout ". "Nous voulions aussi laisser un champ libre de tout composant de 3 millimètres de largeur sur la carte électronique afin d'accroître la portée. Ainsi, le bijou communique avec le smartphone sur une distance de 30 mètres", précise-t-elle. C'est avec cette fois-ci le centre de recherche Cisteme que Ludivine Romary a travaillé sur l'appairage et l'antenne imprimée.

Une version sans smartphone à venir

Ce projet de bijou connecté a d'abord fait l'objet du projet d'études de Ludivine Romary en 2018 à l'école de communication et de marketing Sup de Pub. "Fin 2020, alors que se terminait mon contrat en marketing à Londres et que l'atmosphère post-crise était morose, j'ai voulu me lancer dans l'entrepreneuriat avec ce projet à impact" (lire notre article : "19% des start-up IoT BtoB françaises mettent l'impact positif au cœur de leur proposition de valeur"), détaille Ludivine Romary. Elle s'est alors associée à un ingénieur électronique, Fabien Blancafort, CTO de MyEli.

Le bijou permet d'alerter jusqu'à 5 proches. © MyEli

Il lui aura alors fallu un an entre l'incubation de la start-up et la commercialisation du produit. Celui-ci est conçu en France : l'usine électronique bordelaise Synergy fournit la carte électronique, les bijoux sont fabriqués par l'usine ardéchoise Font'Art Créations et l'agence bordelaise Mink s'est chargée de la conception de l'application mobile. 340 précommandes ont été enregistrées pendant la campagne de crowdfunding et plus de 200 bijoux ont été commercialisés sur le site de la marque au prix de 95 euros en deux semaines, à partir du lancement le 22 novembre dernier.

Pour la jeune entrepreneuse de 26 ans, la clé afin de séduire les consommateurs est un positionnement centré sur la valeur ajoutée de l'offre : "Nous avons longuement hésité entre communiquer sur l'aspect IoT, sécuritaire ou sur le bijou en lui-même, confie Ludivine Romary. Finalement, nous ne le présentons pas comme un objet connecté mais comme un bijou utile. Les utilisateurs se fichent de la technologie et considèrent plutôt les notions sécuritaires comme anxiogènes. Ce qu'ils veulent, c'est un bijou esthétique qui leur rende service."

MyEli réfléchit déjà à une deuxième version du bijou fonctionnant de manière indépendante du smartphone. Un programme de recherche sera mené en 2022. "Cela change l'équation car je l'aimerais encore plus petit, mais cela signifie qu'il faut ajouter une batterie, une sortie pour l'alarme, un système de vibration pour confirmer à son porteur qu'il a bien appuyé dessus ou encore une Led pour indiquer l'état de la batterie." Ludivine Romary hésite par ailleurs quant au réseau à utiliser : "L'antenne du LoRa est trop grosse, mais insérer une eSim suppose d'instaurer un abonnement."

MyEli, qui propose une version homme à son bracelet, reçoit de nombreuses questions de la part d'acteurs de la silver économie. Si ce secteur lui offre des opportunités à long terme, MyEli restera focalisée sur la défense connectée. "On nous a proposé des projets utilisant MyEli en marque blanche mais on a refusé, on restera sur notre usage premier : la sécurité des personnes", conclut Ludivine Romary.