Mohamed Najihi (Wavestone) "19% des start-up IoT BtoB françaises mettent l'impact positif au cœur de leur proposition de valeur"

Pour la troisième édition de son Radar des start-up IoT BtoB en France en 2021, le cabinet de conseil Wavestone note la montée du concept de start-up à impact. Trois questions à Mohamed Najihi, co-senior consultant et rédacteur de l'étude.

Mohamed Najihi, co-auteur du radar des start-up IoT BtoB en France. © Wavestone

JDN. Vous avez publié la troisième édition de votre Radar des start-up IoT BtoB françaises en 2021. Quel en est le bilan par rapport aux années précédentes ?

Mohamed Najihi. En comparaison avec l'an dernier, nous avons une légère augmentation de start-up, nous en avons sélectionné 144 cette année contre 126 en 2020. Les start-up françaises de l'IoT se sont montrées très résilientes face à la crise sanitaire. Avec la prolongation de la situation en 2021, 51% d'entre elles en ressentent un effet négatif et 59% estiment que leur trésorerie a été impactée négativement mais toutes en profitent pour modifier leur stratégie, mieux cibler les besoins de leurs clients et investir sur des projets en R&D leur conférant de la valeur. Nous avons relevé 19 levées de fonds de start-up IoT en 2021, réalisées de manière équilibrée dans des secteurs variés, ce qui représente un nombre important dans ce contexte de crise.

Est-ce qu'une tendance forte se dégage chez les start-up de l'IoT ?

Dans notre radar, nous avons choisi de nous intéresser aux start-up à impact (aussi appelées "tech for good", ndlr) car c'est une notion qui prend de l'ampleur, on observe une prise de conscience collective autour des sujets environnementaux. 67% des start-up se qualifient comme étant à impact, mais dans les faits, c'est très différencié et subjectif selon leur approche, d'autant que la définition est encore floue. Nous retenons celle de la Banque publique d'investissement, qui considère comme telle toute société ayant des objectifs sociaux et environnementaux. Pour les analyser, nous les classons ainsi en quatre catégories : celles qui revendiquent leur impact environnemental dans leur proposition de valeur, celles qui sont labellisées ou certifiées pour leur impact environnemental ou sociétal, et celles qui mènent une initiative de durabilité, indépendamment de leur proposition de valeur. Les autres, qui ne traitent pas ce sujet, font partie de la dernière catégorie. Dans l'IoT, il y a de nombreux usages autour de la réduction des émissions de CO2 (à 51%), le recyclage des déchets (46%) et la baisse de la consommation d'électricité (31%) qui poussent les start-up à se lancer dans ce domaine.

La principale tendance sur le marché de l'IoT en 202 : la multiplication des start-up à impact. © Wavestone

Et dans les verticales traitées, est-ce qu'un marché se démarque ?

Avec la crise sanitaire, il est évident que les marchés de la santé et de la smart city, avec le déploiement de capteurs mesurant la qualité de l'air, prennent de l'importance. La force des start-up est de s'adapter très rapidement pour répondre aux besoins. La première grosse évolution a été la téléconsultation et les professionnels ont besoin d'objets qui leur remontent des informations pour faire un diagnostic à distance. Le deuxième boom concerne la mesure de la qualité de l'air en indoor. Enfin, la traçabilité et l'acheminement des vaccins sans altération a été un usage sur lequel beaucoup de start-up se sont orientées. C'est un secteur qui va continuer à connaître une croissance parce que l'Etat y investit à travers le plan de 7 milliards d'euros annoncé en juin 2020, dont 650 millions pour la santé numérique. Les fournisseurs de solution de connectivité comme Objenious, Orange ou Sigfox vont avoir un rôle à jouer pour accompagner dans la récupération des données de santé les start-up souhaitant proposer aux clients des offres packagées clé en main. Du côté de la smart city, toutes les collectivités ont des projets d'hypervision, ce qui dynamise les start-up dans ce secteur le plus représenté, avec 25 start-up, soit 295 emplois.

Double diplômé INP Toulouse - ENSEEIHT et Georgia Institute of Technonoly (USA) en Electrical and Computer Engineering, Mohamed Najihi est senior consultant chez Wavestone. Il travaille principalement sur des sujets autour de l'IoT, de l'IA et de la data. Il accompagne les grands comptes industriels dans leurs programmes de transformation et leurs projets innovants dans des différents secteurs : énergie, transport, aéronautique. Mohamed Najihi est co-rédacteur du Radar. Sur 477 start-up françaises recensées dans l'IoT, Wavestone en a sélectionné 144, soit celles de moins de huit ans d'ancienneté travaillant en BtoB, dont le siège social est en France, avec plus de 35 salariés.