Levée de fonds, convergence, durabilité... UnaBiz accélère le redressement de Sigfox

Levée de fonds, convergence, durabilité... UnaBiz accélère le redressement de Sigfox L'opérateur et fournisseur de services IoT a convaincu ses investisseurs asiatiques historiques d'étendre sa série B en doublant leur mise et atteindre plus de 50 millions de dollars. Une IPO est dans le viseur.

"Le réseau Sigfox n'est pas mort, c'est au contraire une deuxième vie qui débute", assure Henri Bong, co-CEO d'UnaBiz, opérateur et fournisseur de services IoT qui a racheté Sigfox en avril dernier. Pour preuve, l'entreprise annonce en exclusivité ce mercredi 7 décembre 2022 une extension de sa série B réalisée en octobre 2021 (lire notre article Unabiz lève 25 millions de dollars pour faire passer l'IoT à l'échelle), avec 25 millions de dollars supplémentaires pour atteindre au total un financement de plus de 50 millions de dollars.

Ce tour de table a été réalisé auprès des investisseurs asiatiques historiques d'UnaBiz, à savoir la société de gestion de patrimoine Sparx Group, qui a injecté à elle seule 20 millions de dollars, mais aussi auprès de l'institution financière taïwanaise CDIB et de la société d'investissement singapourienne GK Goh. "Nous voulions un tour de table fermé pour aller vite afin de redresser Sigfox, car cette année, le contexte est difficile sur le marché financier : les valorisations des entreprises tech s'effondrent et beaucoup revoient leurs budgets", justifie Henri Bong, qui a dû faire face, avec le rachat de Sigfox, à des coûts imprévus. Il a néanmoins convaincu ses investisseurs grâce à ses résultats prometteurs : UnaBiz a doublé son chiffre d'affaires en 2022 et des clients récurrents ont de nouveaux signé pour des contrats établis sur cinq à dix ans. Le réseau Sigfox enregistre pour sa part une progression nette de 30% par an sur la demande de connectivité.

L'une des priorités d'UnaBiz est de consolider son équipe. © Ned Smith Media

Ces 25 millions de dollars supplémentaires serviront avant tout à redresser Sigfox. "Cette tâche n'est pas une mince affaire. Sigfox continue à perdre de l'argent. L'entreprise a enregistré une perte nette de 54 millions d'euros en 2021. UnaBiz a réussi à les diviser par trois en 2022, à moins de 20 millions d'euros en 2022. Nous comptons diviser encore par deux ce montant l'an prochain", confie Henri Bong. Cela va passer par des développements logiciels pour retravailler et optimiser l'architecture du backend de Sigfox afin de réduire les coûts d'opérations, dans le réseau et dans le cloud. Plus de 80 millions de messages sont traités chaque jour par la plateforme de Sigfox, hébergée par Google. UnaBiz ne s'interdit pas de travailler avec d'autres acteurs du cloud à l'avenir pour réduire ses coûts.   

Deuxième point-clé : préserver les emplois en France et consolider la présence d'une équipe solide, aujourd'hui constituée de 135 personnes. "UnaBiz, ce n'est pas juste deux CEO, mais une équipe emblématique composée d'experts, qui nous apporte une assurance pour redresser Sigfox, comme notre CTO Alexis Susset nous ayant rejoint de Soracom", souligne Henri Bong. UnaBiz a par ailleurs annoncé la nomination de Frank Fischer, ancien PDG du fabricant français d'IoT Adeunis, au poste de vice-président marketing et communication. "Qu'un profil comme lui nous rejoigne est symbolique car, dans l'écosystème IoT, Adeunis est connu comme un acteur maîtrisant toutes les technologies", se réjouit Henri Bong.

Des travaux sur le recyclage des composants

Avec ce nouveau financement, UnaBiz tient par ailleurs à rassurer d'une part les 1 500 clients du réseau Sigfox à travers le monde sur la sécurisation opérationnelle de leurs projets et l'amélioration des services, d'autre part les opérateurs Sigfox en redéfinissant avec eux de nouveaux modèles d'affaire.

Pour rendre Sigfox rentable, UnaBiz compte appuyer sa stratégie sur trois piliers. Le premier d'entre eux reste la convergence des technologies LPWAN, martelée par l'entreprise depuis des années. "Avoir voulu fonctionner seul a été l'erreur de Sigfox, je ne veux pas que les clients se retrouvent bloqués avec une technologie et cela n'est pas si difficile que cela technologiquement de s'ouvrir", soutient Henri Bong. UnaBiz collabore avec d'autres acteurs, notamment de l'Alliance LoRa, pour créer des capteurs bimodes ou trimodes. Cette ouverture du réseau va, aux yeux d'UnaBiz, démultiplier le marché.

"On ne peut plus faire de l'IoT sans penser au cycle de vie des produits et à leur recyclabilité"

Le deuxième pilier concerne la durabilité de l'IoT, aussi bien comme outil de mesure de l'empreinte carbone pour ses clients, mais aussi comme objet s'inscrivant dans l'économie circulaire. "On ne peut plus faire de l'IoT sans penser au cycle de vie des produits et à leur recyclabilité", assure Henri Bong, qui travaille avec des experts du recyclage sur le comportement des composants pour en évaluer la nocivité pour l'environnement. UnaBiz a également pour ambition de conserver la capacité d'efficacité énergétique promise par Sigfox. Avec l'opérateur japonais Kyocera Communication Systems, UnaBiz a travaillé dans le cadre du projet SeaGale sur des traqueurs autocollants utilisant des composants et une batterie jetables. Un marché très prometteur pour UnaBiz, la tendance actuelle concernant l'impact positif de l'IoT.

Enfin, troisième et dernier pilier de la stratégie d'UnaBiz, l'unicité des coûts des modules. Henri Bong reprend la promesse du fondateur de Sigfox de proposer des modules à moins d'un dollar, contre aujourd'hui un prix compris entre 1,6 et 2 dollars selon les volumes. Cette baisse des coûts doit encourager davantage la démocratisation des objets connectés.

Henri Bong prévoit d'ores et déjà pour 2023 une levée encore plus conséquente : "Nous ferons entrer dans le tour de table des acteurs importants, et pas seulement asiatiques, mais aussi américains, européens et bien sûr français. Le réseau Sigfox est une technologie souveraine, des acteurs français sont donc en attente pour participer."