Smart home en France : le secteur croit toujours en des jours meilleurs

Smart home en France : le secteur croit toujours en des jours meilleurs Seuls trois Français sur dix ont déjà utilisé des objets connectés. Un taux faible mais qui est voué à progresser, d'autant plus avec la crise énergétique et le vieillissement de la population.

La technologie IoT a beau être déclinée dans tous les secteurs du quotidien, elle est encore loin de s'être démocratisée. En 2022, seuls trois Français sur dix ont déjà utilisé un appareil de domotique, selon une étude de l'Insee publiée ce lundi 12 juin 2023. "Le taux d'équipement des Français en 2021 était de 20%, cela montre une croissance régulière en adéquation avec nos prévisions, indique Olivier Medam, fondateur et président de la marque domotique française Konyks. Les produits pour lesquels le taux d'équipement atteint rapidement plus de 90% de la population sont très rares, il s'agit de produits pour lesquels la détention est indispensable au quotidien au risque d'être discriminé, comme les smartphones. Ce qui n'est pas le cas des objets connectés."

Un avis partagé par Laurent Glaser, directeur stratégie et prospective maison connectée chez Leroy Merlin : "L'IoT se généralise petit à petit. Ce n'est pas l'explosion annoncée en 2015, il y a encore beaucoup de pédagogie à faire sur la technologie, mais la croissance est durable. Je pense par ailleurs que les chiffres sont sous-estimés. Les Français indiquent souvent n'avoir que peu d'objets connectés, alors qu'ils en sont entourés sans le savoir, comme le compteur Linky ou leurs radiateurs connectés nativement."

La domotique doit encore faire ses preuves

Le prix reste le premier critère d'achat d'un objet connecté, rapporte l'étude de l'Insee. "Les acheteurs en sont encore à tester la technologie pour en déterminer l'intérêt. Même si les atouts de l'IoT sont souvent mis en avant, chaque habitant doit s'assurer du ROI dans son propre cas. Et pour leur permettre de tester, il faut que le prix soit accessible pour cela", affirme Laurent Glaser, qui en fait, tout comme Konyks, l'un des trois piliers de la stratégie d'Enki, la marque connectée de Leroy Merlin, avec la simplicité d'usage et l'utilité. L'éco-responsabilité des produits, priorité cette année de nombreux acteurs de l'IoT, n'est en revanche une préoccupation que pour 14% des Français. "C'est comme pour le bio. Les Français ont une prise de conscience des problématiques mais avec l'inflation, il faut arbitrer et leur budget passe avant l'écologie", constate Laurent Glaser.

Pour ceux qui ont franchi le pas et acheté des objets connectés, leurs produits servent à des usages précis dans la maison : l'éclairage, la sécurité et le confort par le contrôle énergétique. Ces trois secteurs portent les ventes d'objets connectés chez Leroy Merlin. "La crise énergétique a été un accélérateur, les utilisateurs se sont alors rendus compte que l'IoT sert dans cet usage à réguler ses consommations et n'est donc pas un gadget mais une source de gains", observe Laurent Glaser, qui anticipe comme prochain accélérateur la gestion de l'eau.

L'étude de l'Insee met en avant la plus forte propension des jeunes à utiliser la technologie, notamment dans le port de wearables. Pour Laurent Glaser, il ne faut néanmoins délaisser aucun âge pour ne passer à côté d'aucun marché. "Les jeunes ont une forte appétence pour la technologie, ce sont les premiers à s'emparer de l'IoT. Ce sont pourtant les 30-49 ans qui investissent le plus dans l'IoT pour équiper leur maison. Les seniors sont encore faiblement représentés mais il ne faut pas les oublier car sur le long-terme, c'est le maintien à domicile qui portera l'IoT", analyse-t-il. Un pari également fait par Konyks, qui va commercialiser une caméra dotée d'un bouton d'appel appelée FamilyCare.

Ces tendances à venir devraient permettre à la France de rattraper son retard dans la maison connectée. Les Etats-Unis restent en effet le premier pays où la smart home est la plus répandue, selon le site Earthweb. En Europe, c'est la Norvège qui est sur la première marche du podium. La France arrive après les pays scandinaves, l'Allemagne et le Royaume-Uni. "La croissance est indéniable et l'Europe devrait compter 50% de maisons connectées en 2027 selon Statista", rappelle Olivier Medam, qui compte sur la simplification apportée par Matter pour alimenter cette croissance. Konyks, qui va présenter cette année une prise connectée compatible avec Matter, effectuera la transition de tous ses produits sur ce protocole en 2024.

Autre tendance de fond qui pourrait dynamiser le marché de la maison connectée : l'intelligence artificielle. "La voix n'a pas été un accélérateur car les Français restent sceptiques et son utilisation ne s'est pas généralisée à l'ensemble des habitants d'une maison", estime Laurent Glaser. Au-delà de la commande via un assistant intelligent, Konyks entrevoit l'adaptation de la maison en fonction de nos habitudes par l'analyse des données. "Cela constituerait un accélérateur mais cela va se heurter à la gestion de données personnelles car cela suppose que l'intelligence artificielle garde en mémoire nos interactions", prévient Olivier Medam en conclusion.