Matthieu Echalier (GAC Technology) "L'IA va devenir essentielle pour l'écoconduite"

Lors de l'événement Cap'IoT en juin, le fondateur de GAC Technology, éditeur de logiciels de gestion de flotte automobile, est revenu pour le JDN sur l'importance de l'intelligence artificielle pour analyser les données autour de la conduite.

Matthieu Echalier, fondateur de GAC Technology. © GAC Technology

JDN. Lors de l'événement Cap'IoT et de votre table-ronde sur les enjeux de la gestion de flotte et de l'écoconduite, vous avez annoncé en conclusion le rôle de l'intelligence artificielle. Quel est-il ?

Matthieu Echalier. L'écoconduite doit permettre de donner aux gestionnaires de flotte automobile des statistiques pour identifier les mauvais conducteurs et leur donner des conseils. Mais aujourd'hui, les gestionnaires ont énormément de tâches rébarbatives et d'inventaires à effectuer, de nouvelles demandes à traiter, des études à réaliser pour savoir comment effectuer le verdissement des flottes en passant à l'électrique… Ils n'ont pas le temps pour l'analyse des données de l'écoconduite.

L'intelligence artificielle doit servir à leur préparer des modèles et à chercher des KPI. Certains usages, comme laisser un moteur tourner sans raison à l'arrêt, sont prohibés. C'est à l'intelligence artificielle de les identifier. Elle doit ensuite signaler aux gestionnaires, par exemple, que telle personne grille plus de feux rouges que d'autres ou quel est le top cinq des personnes les plus accidentogènes de l'entreprise. L'intelligence artificielle représente l'avenir de l'écoconduite grâce à sa capacité à croiser les données et à indiquer ce sur quoi il faut se concentrer.

Comment travaillez-vous sur le sujet ?

Le premier sujet pour les gestionnaires de flotte sur lequel nous travaillons depuis 2021, qui a pris le pas sur l'écoconduite, est la mise à disposition d'un guidage intelligent dans le verdissement des flottes. Le gestionnaire veut savoir quel véhicule il doit changer et pour quel autre : d'un diesel vers un hybride ou un électrique, éventuellement d'un hybride vers un diesel, à quelle vitesse le faire, combien ça va coûter, etc.

Le deuxième sujet, sur lequel j'aimerais mettre l'accent, porte sur l'accidentologie. L'objectif est d'aider les clients à détecter, grâce à un modèle d'IA, un accident corporel en approche. On a analysé qu'après un certain nombre d'accidents matériels, on arrive à un accident corporel. C'est la hantise de tout gestionnaire.

Par ailleurs, nous travaillons en partenariat avec l'éditeur et intégrateur IoT Synox, qui se concentre sur la télématique. Synox développe pour la rentrée une deuxième version de son module dédié à l'écoconduite, avec de nouveaux algorithmes et de nouveaux indicateurs, comme la durée par trajet sans consommation ou la répartition du temps au ralenti.

Quelles sont les difficultés actuelles à appliquer l'IA à l'écoconduite ?

Le modèle économique d'une solution basée sur l'intelligence artificielle n'est pas évident à trouver. Il est pourtant nécessaire, il faut bien rémunérer les data-scientist, les serveurs, etc. Les clients ne comprennent pas l'intérêt de payer un abonnement additionnel pour un usage conditionnel.

Le deuxième challenge est le travail de sensibilisation et de pédagogie du marché pour expliquer la technologie et ses possibilités. Cela prend en général des années. Le succès de ChatGPT est un atout car, depuis sa sortie, l'ensemble de la population comprend que l'intelligence artificielle peut servir d'assistant. La technologie fait moins peur et heureusement car, à l'avenir, l'intelligence artificielle sera vitale.

Pour quelle raison l'IA va-t-elle prendre davantage d'importance ?

Que ce soit pour les véhicules connectés et autonomes, les bornes de recharge, ou les smart cities, les données vont être remontées de toute part par des capteurs IoT variés. On remonte déjà les températures dans les véhicules, pour l'asset tracking, ou encore le vent sur une route. Nous aurons toujours plus d'informations tous les jours, on va alors noyer les gestionnaires de flotte, qui sont déjà débordés. L'IA leur apportera les informations à valeur ajoutée, et leur métier ne sera plus le même qu'aujourd'hui.

Matthieu Echalier a commencé sa carrière en 1995 aux Etats-Unis en travaillant au centre de recherche de T.J Waston d'IBM et à Columbia University. Il a été ingénieur au centre de recherche d'Airbus. Matthieu Echalier est diplômé de l'ENSAM, école d'ingénieur des Arts et Métiers. Depuis 2007, il est le fondateur et dirigeant de GAC Technology, éditeur de logiciels de gestion de flotte automobile et asset management.