Andreas Neubacher (Deutsche Telekom) "Il faut un standard IoT pour gérer les flux du photovoltaïque"

A l'occasion de l'ETSI IoT Conférence, qui se tient du 4 au 6 juillet sur le thème de la durabilité, Andreas Neubacher, responsable des normes IoT chez Deutsche Telekom, revient pour le JDN sur le rôle de l'IoT dans l'essor du photovoltaïque.

Andreas Neubacher est responsable des normes IoT chez Deutsche Telekom et membre actif de l'ETSI et de oneM2M. © ETSI

JDN. L'ETSI IoT Conférence se poursuit jusqu'au 6 juillet sur le thème de la durabilité. En quoi ce sujet est-il important pour l'IoT ?

Andreas Neubacher. L'IoT reste un mot-clé. Si vous demandez à dix personnes une définition de la technologie, pas une n'aura la même réponse. Pour moi, l'IoT désigne tout ce qui connecte les devices pour en récolter des données dont on peut tirer avantage. Mais dans ses usages, l'IoT prend part à la durabilité. Par exemple, la technologie est utilisée dans la collecte intelligente des déchets, pour optimiser le moment de collecte quand c'est nécessaire, mais aussi adapter le tracé des camions et ainsi réduire la pollution, ou encore mieux trier pour maximiser l'énergie dans la destruction. Concernant l'éclairage intelligent, l'IoT permet un usage à la demande, ce qui a pour conséquence d'être plus efficient et de réduire le gaspillage énergétique.

Sur quel sujet travaillez-vous plus particulièrement ?

Je m'intéresse particulièrement au photovoltaïque. La problématique sous-jacente à cette énergie est qu'elle n'est pas produite au moment où l'on en a généralement besoin. Ainsi, il faut trouver comment manager ces flux d'énergie et recharger les appareils au moment d'une bonne capacité de production. Cela passe par l'IoT. Et cela peut mener à de nouvelles initiatives comme les communautés d'énergie citoyennes.

Pouvez-vous détailler cet exemple ?

Le concept n'est pas encore populaire en France, il l'est davantage en Autriche. Cette initiative, expérimentée actuellement en R&D, est née d'une directive européenne qui peut être implémentée dans la loi nationale. Elle stipule qu'un particulier qui détient des panneaux solaires sur son toit peut revendre de l'énergie à ses voisins à coût réduit car il n'y a pas de frais à payer pour le réseau. Cela permet au particulier d'être rétribué pour son énergie verte et au voisin de payer cette consommation moins chère que son contrat énergétique. Avec ces communautés d'énergie citoyennes, les habitants peuvent s'associer et être à la fois manager et consommateur d'énergie. Mais pour que cet usage soit réalisable, la digitalisation, et donc l'IoT, est indispensable car il s'agit d'un échange d'informations : qu'est-ce qui est produit, quel appareil a besoin d'être rechargé, quand basculer chez les voisins pour les alimenter, etc. Il faut un langage commun entre tous les appareils de la maison pour coordonner les actions et que l'air conditionnée ou la machine à café par exemple sachent quand basculer sur les énergies vertes. Ce concept peut également être appliqué à l'échelle d'une usine, pour indiquer quel secteur ou quel équipement alimenter en priorité.

Quelle est la prochaine étape pour y parvenir ?

La première étape est le déploiement de compteurs intelligents pour connaître les consommations d'énergie. La deuxième est la création d'un langage commun pour les équipements. C'est sur quoi nous travaillons au sein de OneM2M. Nous développons un standard générique : d'un point de vue marketing, les solutions IoT sont catégorisées. Mais d'un point de vue technologique, les solutions sont similaires. L'éclairage intelligent, qu'il soit pour une ville ou une usine, fonctionne par exemple de la même manière. Le standard doit donc englober toutes les solutions pour les piloter via le cloud. Toutefois, il nous faut également prévoir l'interopérabilité entre plusieurs standards car certains se développent pour des écosystèmes précis, comme Matter dans la smart home. Il y a d'énormes potentiels. Par contre, le calendrier à lequel ce sera concret est encore incertain : cela peut être dans dix ans aux vues des complexités ou l'année prochaine, le contexte géopolitique et la hausse des prix de l'énergie accélérant fortement le business.

Andreas Neubacher est responsable des normes IoT chez Deutsche Telekom et membre actif de l'ETSI et de oneM2M. Il travaille dans le secteur des télécommunications depuis 1999. Il était responsable du développement des plans de déploiement nationaux pour le réseau d'accès radio 3G en Autriche. En 2003, il rejoint le groupe de gestion de la normalisation et des DPI de Deutsche Telekom puis représente l'opérateur dans diverses organisations mondiales telles que 3GPP, ETSI, IEEE, oneM2M. Actuellement, il dirige les activités de normalisation dans le domaine de l'IoT pour le groupe Deutsche Telekom (DTAG).