Du bon usage d’un sous-domaine

L'Argentine vient de créer un domaine réservé au secteur bancaire, le .BANCO.AR. On appelle cela un "sous-domaine". Quelle est la différence entre ces extensions composées et celles de l'échelon supérieur ? Comment les exploiter au mieux pour vos propres noms de domaine ?

L'Argentine a déjà fait son plein de crises financières. Toute initiative susceptible de renforcer la confiance des utilisateurs du système bancaire est donc la bienvenue. Le sous-domaine .BANCO.AR a été créé dans cet optique : son accès sera restreint et réservé aux entités financières identifiées. Son but est de sécuriser davantage les transactions bancaires sur Internet pour les particuliers. Et en effet, avec le succès grandissant de l'e-banking,  la certitude que le site sur lequel on navigue a dû montrer patte blanche pour exister est de nature à rassurer.

L'idée argentine ne fait qu'émuler celle d'un autre pays sud-américain, le Brésil. Ce dernier utilise en effet le sous-domaine .B.BR. Seuls les organismes financiers affichant les plus hauts niveaux de sécurité contre la fraude en ligne peuvent revendiquer un nom de domaine en .B.BR.

Noms composés

L'utilisation de ce type de nom "composé" est assez répandue en nommage Internet. Sans y penser, vous avez certainement déjà utilisé des sous-domaines. Pour remplir votre déclaration fiscal enligne par exemple, sur le site en .GOUV.FR de l'administration (www.impots.gouv.fr). Et oui, la France aussi a ses sous-domaines !

Alors de quoi s'agit-il, pourquoi utiliser des noms de domaines a priori plus compliqués, et qui peut exploiter un sous-domaine ?

Pour comprendre, il faut s'arrêter 5 secondes sur cette pyramide inversée qu'est le système des noms de domaine. Lorsque vous lisez un URL, votre oeil voyage en fait dans le sens inverse de l'architecture Internet. Celle-ci est dominée par un point central, la racine. Juste en dessous, ce qu'on appelle les "domaines de premier niveau", comme le .COM ou le .AR. Et ainsi de suite, puisqu'il est possible de créer des "étages" à volonté.

L'administration de ces étages fait l'Internet tel qu'on le connaît. La racine reste gérée par les créateurs de la toile : les Etats-Unis, au travers de l'organe de régulation appelée ICANN (Internet Corporation for Assigned Names and Numbers). Les extensions de premier niveau de type générique (comme le .COM) sont généralement administrées par des sociétés privées. La gestion des extensions nationales, comme le .AR, est le plus souvent attribuée au pays en question, qui peut ensuite la confier à un organisme dédié. Enfin, le niveau inférieur est principalement ouvert aux acheteurs de noms de domaine. Ainsi est-il possible pour n'importe qui de réserver un nom en .COM et de prendre place au "deuxième niveau" de la hiérarchie Internet en exploitant, par exemple, le nom INDOM.COM.

Fiction hollywoodienne

A chaque niveau, l'administrateur est le seul maître à bord. Ainsi, ayant le contrôle de la racine, l'ICANN pourrait en théorie débrancher l'Internet, en entier, ou extension par extension ! Mais il s'agit là d'un scénario irréaliste digne d'une fiction hollywoodienne. Revenons dans le monde réel. L'ICANN exerce son contrôle de la racine en examinant plutôt la possibilité de créer de nouvelles extensions, ou en réactivant des extensions existantes mais inutilisées. Comme celle de l'Afghanistan (le .AF), rebranchée il y a quelques années à l'issue du conflit contre des talibans, qui avaient interdits l'Internet dans le pays.

Ensuite, libre à chaque pays de gérer son territoire virtuel comme il l'entend. Un des principes clefs de l'infrastructure Internet est que chaque nation est souveraine sur son espace de nommage. D'où des disparités fortes. La plupart des pays ont préféré adopter le système le plus simple et ouvrir directement leur extension au premier niveau (un .DE pour l'Allemagne par exemple). Mais ce n'est pas le cas de tous. Sans surprise, les anglais ont par exemple décidé de faire les choses différemment. Leur extension principale n'est pas le .UK mais le .CO.UK. Personne ne peut enregistrer de noms de domaine directement sous le .UK et c'est bien le .CO.UK qui est pour les britanniques l'équivalent du .FR français.

Flexibilité et facilité de navigation maximums

Voilà pourquoi certains pays proposent des sous-domaines. En France, en plus du .GOUV.FR réservé au gouvernement français vu plus haut, il y en a trois autres : le .ASSO.FR pour les associations, le .COM.FR à usage ouvert et le .TM.FR pour les détenteurs de marques. D'autres pays en utilisent beaucoup plus... Ou aucun.

Ce que les pays peuvent faire à échelle nationale, tout propriétaire de nom de domaine peut également mettre en pratique à son niveau. Un client INDOM a, par exemple, la pleine liberté de créer et gérer des sous-domaines directement sur son tableau de bord enligne. Ainsi de nombreuses sociétés créent-elles des sous-domaines pour aider leurs clients à naviguer plus facilement sur leurs sites. Un exemple : un .COMPTA.MA-SOCIETE.COM est certainement plus simple à identifier qu'un URL de type WWW.MA-SOCIETE.COM/INTERNE/SERVICES/COMPTA. Car le principe général reste le même : c'est le gestionnaire du niveau en question qui en fixe les règles. L'Argentine peut donc lancer un sous-domaine sécurisé pour les banques, au même titre que vous, sur votre site perso, vous pouvez créer des sous-domaines ciblés par thèmes : famille ou hobbies par exemple.

Au final, le but est le même pour tous : exploiter les flexibilités de l'architecture Internet pour faciliter, ou sécuriser, la vie des utilisateurs du réseau mondial.