Dossier Le live en streaming va-t-il tuer la télévision ?
Comme la presse papier, la télévision traditionnelle est-elle en train d'agoniser ? Aux Etats-Unis, en tout cas, l'évolution des usages inquiète les grands acteurs du câble. Selon une étude menée par l'institut Nielsen, plus de cinq millions de foyers américains ne regardent absolument plus la télévision sur un téléviseur, contre seulement deux millions en 2007. Pourtant, 75% de ces foyers possèdent bel et bien un poste de télévision, qu'ils délaissent au profit de nouveaux terminaux : smartphones, tablettes ou ordinateurs.
Le succès de la VOD a pesé considérablement sur les audiences des chaînes traditionnelles. Fondée en 1997, la plateforme Netflix, qui propose des longs-métrages et des séries en streaming contre un abonnement mensuel de huit dollars, revendique aujourd'hui plus de trente millions d'abonnés aux Etats-Unis, au Canada, en Amérique Latine, dans les Caraïbes, au Royaume-Uni, en Irlande et dans plusieurs pays scandinaves. Plus récemment, Hulu a lancé aux Etats-Unis une plateforme du même type, à la différence qu'elle diffuse des publicités pour se financer.
Mais aujourd'hui, une nouvelle menace est en train d'émerger et concurrence la télévision traditionnelle : le live sur internet. Initiatives régionales ou versions bêta terrorisent déjà les géants de la télévision outre-Atlantique, qui enchaînent procès et déclarations incendiaires.
60 dollars par mois pour accéder à un bouquet de chaînes
Si les Etats-Unis sont particulièrement touchés par le phénomène, c'est que leur système télévisuel est très différent du nôtre. Tandis qu'en Europe, la plupart des foyers accèdent gratuitement à un certain nombre de chaînes, la plupart des Américains souscrivent à un abonnement payant. La réception hertzienne étant très difficile dans certaines zones du pays, un réseau de distribution par câble s'est développé. Aujourd'hui, les Américains doivent souvent débourser plus de 60 dollars par mois pour accéder à un bouquet de chaînes dont ils ne regardent que quelques unes.
Et pour compenser les pertes dues à l'érosion de leur audience, les opérateurs du câble continuent d'augmenter leurs prix. Selon le groupe NPD, institut d'étude de marché, la souscription pour les chaînes de télévision basiques et premium, qui s'élevait en moyenne à 86 dollars en 2011, pourrait atteindre 123 dollars en 2015 et 200 dollars en 2020. Pas étonnant, dans ces conditions, que les systèmes parallèles à la télévision traditionnelle cartonnent dans le pays.