Les caractéristiques du métaverse

Il est complexe de définir le concept de métaverse. Dans cet article, nous présentons quelques-unes des caractéristiques les plus attendues du métaverse.

Un lieu de rencontre

Le métavers doit être un lieu de rencontre et de socialisation. Les communautés, les normes, les valeurs sont au cœur de la réussite du projet. L’expérience virtuelle ne peut être optimale que si elle s’articule autour de l’humain qui est avant tout une espèce sociale. Le succès de certaines collections NFT a montré que la communauté est une valeur clé du numérique. Il en est de même pour toutes les expériences de réalité virtuelle qui deviennent ternes et plates si elles sont inoccupées. Les utilisateurs souhaitent appartenir à une mouvance, à un groupe qui les valorise. Nous nous révélons aux côtés de personnes qui nous font vibrer et à qui l’on peut également apporter quelque chose. Le métaverse est avant tout un espace de vie et d’échange.

L’importance d’atteindre un seuil critique d’utilisateurs du métaverse pour en faire un espace socialement intéressant est mise en évidence par la loi de Metcalfe. Cette dernière affirme que la valeur d’un réseau (ici d’un métaverse) est proportionnelle au carré du nombre de participants : plus il y a de participants, plus le réseau apporte de valeur pour ses derniers. Les quantités d’interactions proposées à chaque nouvel entrant deviennent de plus en plus satisfaisantes. Pensez à l’intérêt d’avoir un compte LinkedIn à une époque où le réseau ne comportait que quelques centaines d’utilisateurs puis à celui d’y être aujourd’hui en termes d’opportunités professionnelles. À chaque nouvelle grande technologie, cette loi est scrutée par les analystes à la recherche du passage d’une certaine masse critique qui déclenchera l’adoption en chaine.

Un monde persistant

En plus d’être social, le métaverse doit être persistant. Il ne doit pas avoir de remise à zéro possible. Tout élément construit sur le métavers doit pouvoir y rester et évoluer afin de créer un monde d’ampleur sans cesse grandissante. D’une certaine manière, comme pour l’histoire de notre univers, l’entropie du métaverse ne doit faire qu’augmenter avec le temps. Le monde virtuel évoluera en permanence y compris lorsque vous n’êtes pas connectés.

Un univers synchronisé et en direct

On s’attend à un métaverse synchronisé et en direct. Tout le monde perçoit le même métaverse au même instant. Il ne doit pas exister d’instances en concurrence ou de décalage de temps permettant à certains d’être en direct tandis que les autres seraient en retard. À l’image de la vie réelle, nous ne pouvons nous balader que dans le présent et dans un unique espace. Nous aurons tous le même présent dans le métaverse. La modification du moindre élément de l’univers virtuel est retranscrite en temps réel à tous les autres membres qui pourront constater sous leurs yeux ce changement. Il n’y a qu’un seul flux de temps porté par un présent virtuel qui doit coïncider avec le présent au sens physique du terme.

L’enjeu est massif, car, à l’image du web, le métaverse devra pouvoir un jour accueillir des milliards d’utilisateurs. Pour le moment, les principaux métaverses ne peuvent pas assurer une telle charge. Epic Games, l’un des acteurs les plus à la pointe, a permis à plus de douze millions de fans de participer en direct au concert Astronomical de Travis Scott. C’est le plus grand exploit de ce type. Toutefois, les utilisateurs étaient répartis dans des instances différentes du métaverse, nous sommes encore loin de pouvoir passer à l’échelle mondiale.

Un espace accessible au plus grand nombre

Le métaverse doit être accessible à tous sans autre contrainte que celle d’un accès Internet. Un smartphone, un ordinateur portable, ou un casque de réalité virtuelle peuvent être utilisés de manière interchangeable comme porte d’entrée. Cela signifie que l’infrastructure et l’architecture doivent permettre à chacun de s’y retrouver sans condition sur nos origines sociales ou culturelles. Il est ouvert à tous et des milliards d’individus devraient pouvoir s’y déplacer et observer les autres tout en ayant chacun une vision égocentrique de l’univers. En ce sens, l’accessibilité à l’Internet reste un problème fondamental au déploiement massif du métaverse.

Un espace économiquement viable

Le métaverse doit fonctionner avec sa propre économie et des modèles d’affaires nouveaux. Les acteurs économiques traditionnels doivent y trouver leur place et la notion de (méta)travail doit pouvoir être récompensée, tout comme celle de création de valeur pour les membres. La monnaie, le travail, la possession doivent s’intégrer entièrement dans le métaverse. L’économie des jetons peut contribuer à rendre le métavers financièrement viable et profitable pour les participants.

Le métaverse devrait appartenir à tous les acteurs, participants et créateurs. Il serait idéalement décentralisé et chacun pourrait contribuer à sa création et en même temps voter les décisions importantes concernant son futur. En ce sens, sa gouvernance serait gérée par les utilisateurs selon un processus démocratique à différentes échelles. Nous remarquons que le Web3 possède des attributs essentiels au développement du métaverse.

Une galaxie d'univers interopérables

Le métaverse doit être interopérable. Les concepteurs et plateformes permettant la création d’univers virtuels devraient s’appuyer sur les mêmes normes afin qu’il soit facile de changer d’espace. À terme, naviguer d’un espace à un autre doit pouvoir se faire aussi facilement que de naviguer d’une page web à une autre. La possession d’un artéfact dans un espace doit pouvoir persister sur tous les espaces (et potentiellement même dans la vie réelle). Pareillement, votre avatar devrait rester identique sur toutes les plateformes.

Pour aller dans ce sens, il sera essentiel de définir des standards. De grands acteurs ont récemment fait un pas important en signant le texte du Metaverse Standards Forum (consortium industriel). Huawei, Meta, Microsoft, Nvidia, Alibaba, Epic Games font partie des signataires. Ce texte devrait encourager les acteurs à rendre interopérables les différents métaverses.

En complément, l’Open Metaverse Alliance (association basée en Suisse) a organisé un premier groupe de travail en novembre 2022 afin de favoriser l’interopérabilité des outils du métavers via la création de normes. Parmi les acteurs ayant participé à cette première session, notons Alien Worlds, Dapper Labs, MetaMetaverse, SuperWorld, The Sandbox, Upland, Voxels, Unstoppable Domains, et Wivity.

Une intégration du physique et numérique

Enfin, le métaverse doit marquer la fin des limites numériques et physiques. Le protocole Boson permet la tokenisation, le transfert et l’échange de tout objet physique en tant que NFT remboursable. Des solutions telles que highstreetmerket proposent des objets de collection phygitaux. Il devient techniquement possible de faire du shopping pour son avatar et pour soi en même temps. La jointure des achats physiques et virtuels se matérialise également par l’apparition des malls numériques (Metamalls). Parmi eux, Avatly est un centre commercial virtuel dont les achats sous forme de jetons peuvent être accompagnés d’achats réels. Le mall comporte 30000 mètres carrés de magasins. L’intégration du monde physique et du monde virtuel doit devenir tellement évidente, qu’il n’y aura plus qu’une seule réalité enrichie et non deux réalités concurrentes.