Sylvie Gillet et Benoît Galaup (EpE) "L'impact environnemental du numérique est sujet à une pression sociale depuis 2017"

Pour le World Nature Conservation Day qui a lieu ce 28 juillet, deux responsables de l'association française des entreprises pour l'environnement (EpE) évoquent leur action auprès des entreprises.

JDN. Pouvez-vous présenter EpE et la genèse de l'association ?  

Sylvie Gillet, responsable du pôle biodiversité et santé-environnement chez EpE. © EpE

Sylvie Gillet. L'association EpE a été créée en 1992, la même année que les Conventions de Rio. L'association est née à l'initiative des membres fondateurs et grands groupes tels que BNP Paribas, Air Liquide, Saint-Gobain, SNCF, Veolia ou encore La Poste. Les adhérents EpE ne sont que des entreprises. 
En l'espace d'un an et demi, le nombre d'adhérents a augmenté de 25%. Nous comptons désormais plus d'une soixantaine de membres issus de tous les secteurs d'activités. A travers des commissions thématiques, les membres peuvent échanger leurs expériences et bonnes pratiques. Notre démarche ne repose ni sur du conseil, ni sur du lobbying. Nous sommes un centre de ressources et d'expertise dédié aux sujets environnementaux à destination des entreprises. Le but étant de favoriser les échanges entre elles pour ouvrir la voie à de nouvelles réglementations environnementales. Nous nous positionnons en avant-coureur de l'innovation

Comment expliquez-vous l'afflux de nouveaux membres sur la dernière année ?

S.G. Le sujet de l'environnement est devenu incontournable pour les entreprises et EpE a acquis une notoriété forte grâce à des projets impactants. Nous pouvons citer notamment l'étude ZEN 2050 menée en collaboration avec des cabinets spécialisés comme Carbone 4 et Enerdata, et le sociologue Stéphane La Branche. A travers cette étude, nous avons  imaginé une France neutre en carbone en 2050. Les retombées de cette étude ont permis de toucher un public plus élargi. EpE a également pris part à l'initiative Act4nature aux côtés des ONG et des scientifiques, afin de susciter une dynamique volontaire auprès des entreprises engagées pour la biodiversité.

Lors du premier confinement, nous avons réuni plus de 90 PDG qui ont signé une tribune dans Le Monde "Mettons l'environnement au cœur de la reprise économique". Le sujet est devenu prioritaire qu'il s'agisse de matières premières, d'énergies renouvelables, de pollution, de déchets, ou encore de l'eau. Contrairement à ce que l'on croit, les entreprises anticipent les réglementations environnementales pour développer des opportunités de business et adapter leurs marchés. Certaines nouent aussi des partenariats avec des start-up spécialisées. 

Quels sont les sujets évoqués au sein de la commission numérique et environnement ? 

Benoît Galaup, responsable du pôle ressources naturelles et numérique-environnement chez EpE. © EpE

Benoît Galaup. L'impact environnemental du numérique est sujet à une pression sociale depuis 2017 et le contexte réglementaire évolue rapidement. Nous constatons aussi que l'empreinte environnementale du numérique dans le monde reste encore faible de l'ordre de 3 à 4 % d'après les données du think tank The Shif Project, mais le secteur gagne du terrain chaque année. A travers notre commission numérique et environnement créée en octobre 2020, nous travaillons à contenir l'impact environnemental du numérique avec les directeurs des systèmes d'informations des entreprises. Nous réfléchissons à un numérique plus responsable, à la décarbonation des systèmes d'information ou encore à l'éco-conception des logiciels. 

Les enjeux environnementaux concernent toutes les entreprises. Faut-il être un grand groupe pour devenir membre EpE ou les PME peuvent-elles aussi rejoindre le réseau ? 

S.G. Il est vrai que EpE compte un certain nombre d'entreprises du CAC 40 mais il y a également des entreprises de tailles moyennes ou issus des services. Le niveau de cotisation varie en fonction. Tous les secteurs d'activités sont exposés différemment aux enjeux environnementaux. Certaines entreprises ont des impacts forts sur le changement climatique et la neutralité carbone, d'autres sur la qualité des ressources naturelles. Par exemple, Axa a commencé sur le changement climatique avant de s'intéresser à la biodiversité. 

Sylvie Gillet est responsable du pôle biodiversité et santé-environnement et en charge de la communication depuis octobre 2017 de l'association Entreprises pour l'environnement (EpE). Elle a fait du conseil en RSE, édition et fundraising durant une année de césure, après avoir été responsable développement durable du groupe Michelin pendant six ans. Elle est titulaire d'un doctorat en sciences politiques de l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne consacré à la médiation.

Benoît Galaup est responsable du pôle ressources naturelles et numérique-environnement de l'association EpE. Issu d'un cursus double diplômant d'Ingénieur et d'un master européen de sciences en agroécologie, Il a notamment travaillé en finance durable, gestion de projets environnementaux, conseil et accompagnement en développement durable , en France et à l'international.