Santé : la technologie nous sauvera-t-elle tous demain ?

Le secteur de la santé est un des plus convoités par les géants technologiques. Mais le débat intègre de nombreux aspects technologiques, il ne faut pas oublier de revenir aux fondamentaux des relations humaines.

L’arrivée d’Internet a vu l’émergence de plateformes de contenus et d’information médicale à profusion. Des sources les plus scientifiquement validées aux contenus les plus fantaisistes ou dangereux. La certification de cette information médicale disponible est un enjeu majeur, d’autant plus lorsqu’il est disponible dans des applications de prévention ou de suivi à destination du grand public.

Le principe de santé durable repose sur la prévention et l’adaptation de son mode de vie sur le long terme. Pour le quotidien nos assistants numériques sont particulièrement pratiques pour nous délivrer les bons conseils, s’adapter à nos contraintes et à notre environnement, et pour effectuer un suivi régulier et précis de nombreux paramètres de notre santé. Ce que l’on appelait il y a quelques années le "quantified self" a pris de l’ampleur avec le déploiement des terminaux mobiles, et la mise sur le marché d’objets connectés toujours plus sophistiqués et de plus en plus abordables.

La technologie est-elle la solution miracle tant attendue ?

Depuis trois ans les experts n’ont plus que ça en tête, il faut mettre de l’intelligence artificielle partout pour relever les grands défis de notre temps. En matière de santé, on nous promet des diagnostics plus efficaces que les meilleurs spécialistes, et une révolution sans précédent dans la prise en charge. Toujours plus suivis et toujours plus connectés, monitorés par des algorithmes, est-ce bien ça la santé éthique et durable à l’ère technologique ?

Le terrain nous enseigne plutôt l’inverse. Le temps médical est toujours plus précieux, et avec lui l’empathie et le relationnel des médecins, spécialistes, infirmières, et pharmaciens. Il ne s’agit pas d’ajouter une couche de technologie dernier cri partout où on le peut, mais plutôt de se servir de la bonne brique pour améliorer le parcours de soin et la communication entre les différents acteurs. Nous voyons par exemples des expérimentations très intéressantes en Afrique et en Asie depuis quelques années avec des technologies que certains pourraient qualifier de "low tech" mais qui sont efficaces car elles apportent ce lien aux professionnels qui n’existait pas autrement.

Quand on parle d'e-santé et de santé connectée, on s’arrête trop souvent à cet aspect technique et matériel. D’autant plus depuis que l’intelligence artificielle est présentée comme le médecin de demain, directement reliée à nos constantes pour nous délivrer un diagnostic en temps réel. Si le sujet est bien réel et pose des questions éthiques vertigineuses, il ne s’agit surtout pas de remplacer les médecins, mais de mieux organiser le système de soin dans son ensemble pour tirer profit de ces technologies en resserrant plus que jamais les liens entre les professionnels de terrain et les patients. Un problème de communication, au sens premier du terme.

La communication digitale, pierre angulaire de la santé durable

Les outils technologiques sont déjà plutôt bien connus. La différence se fera, nous en sommes convaincus et nous débattrons lors de l’Université d’été de la e-santé, par une meilleure communication entre toutes les parties prenantes. Du côté des professionnels de santé, bien sûr. Mais aussi pour les entreprises et leurs démarches RSE de bien-être au travail. Comment articuler tous ces acteurs grâce au digital ? Comment intégrer la e-santé dans les nouvelles expériences de santé ? Comment connecter online et offline ? Courons-nous un risque de "health washing" à l’image du "green washing" du développement durable ?

Autant de questions importantes auxquelles il faut répondre rapidement pour mettre en musique cette nouvelle façon de penser la santé et, enfin, faire passer la e-santé à grande échelle auprès de nos concitoyens. Remettre "l’humain au centre" nous dit-on à longueur de conférences, il s’agit surtout de relever le défi immense qui nous attend pour ne pas rater cette opportunité formidable offerte par le digital.