Les paiements sont aussi un levier de diversification pour les entreprises

Intégrer une brique de paiement dans sa stratégie consiste à sélectionner les bons partenaires dans cette chaîne de valeur, pour proposer le service le plus adapté aux comportements de sa clientèle.

La crise économique et sanitaire contraint toutes les entreprises à accélérer leur transformation numérique et réinventer leurs métiers. Un levier important de cette transformation se joue dans le domaine du paiement. Car les évolutions technologiques et réglementaires permettent aujourd’hui à des acteurs venant d’autres univers  d’intégrer le paiement à leur stratégie d’entreprise. Un pari qui peut être payant. A condition de bien évaluer tous les aspects d’un projet de paiement, autant sur le plan technique que stratégique.

Comment l’écosystème du paiement s’est transformé

L’écosystème du paiement s’est lui aussi transformé ces dernières années. Un des facteurs de transformation est lié aux évolutions réglementaires, avec la deuxième directive sur les services de paiement (DSP2), qui oblige à l’authentification forte pour les paiements. Un cadre qui rend aussi possible l’open banking, ou système bancaire ouvert. Car avec plus de sécurité, les consommateurs et entreprises peuvent autoriser des banques ou des tiers fournisseurs de services financiers à avoir accès aux données sur leurs actifs et leurs opérations financières.

De la contrainte naissent donc aussi des opportunités que les fintech ont su saisir. En s’appuyant sur des infrastructures légères, cloudifiées, capables de s’adapter à leur croissance, ces start-up, mais aussi des acteurs historiques du paiement, ont ainsi pu adapter leurs offre à une nouvelle génération de consommateurs. La priorité est désormais à plus de transparence dans les offres et les données collectées, et plus de simplicité dans les usages. L’e-commerce et les paiements se font maintenant en mobilité, sans contact dans le contexte de pandémie. Avec un volet sécurité renforcé pour faire face à une explosion de la cybercriminalité.

Parmi les nombreux acteurs de cet écosystème on peut citer la licorne Adyen, spécialiste européen du paiement international et omnicanal pour les points de vente et les e-commerçants. Un de ses services innovants de paiement est le "Pay by link" qui permet à un vendeur en magasin d’envoyer à un client un lien de paiement par email, SMS ou Whatsapp. Adyen intègre 250 moyens de paiements, de la carte bancaire à Apple Pay, et 186 devises. Un exemple qui montre la complexité de cet écosystème du paiement, où un grand nombre d’acteurs développent des solutions spécifiques à leurs marchés. Mais c’est aussi une inspiration qui montre tout le champ d’innovations encore possibles.

Le paiement comme maillon indispensable de la relation client

Au-delà des acteurs traditionnels de la banque et des fintech, de nombreuses entreprises ont aussi intégré les paiements dans leur offre. On pense par exemple dans le retail à Carrefour Banque, dans les télécoms à Orange Bank, ou encore dans les technologies à Apple Card. Car offrir une expérience client maîtrisée de bout en bout, simple, sûre et rapide, en mode omnicanal, implique aussi de maîtriser la dimension paiement.

L’idée n’est pas que les entreprises deviennent des banques et intègrent toute la complexité du mille-feuille technologique qui rend possible les paiements. Les banques gardent aussi un rôle crucial dans cette équation, tout en nouant des alliances avec de nouveaux acteurs. Car derrière un paiement réussi, avec une expérience client fluide, il y a six couches technologiques à maîtriser. Un paiement implique un terminal de paiement (avec des acteurs historiques comme Ingenico et des start-up comme SumUp, PayPal, Square, Inc., Stripe, Shopify), des méthodes de paiement (cartes bancaires, Mastercard, Visa, American express), les plateformes de traitement des paiements (comme Ingenico ou les plateformes en ligne), l’étape de collecte de tous les paiements et leur validation.  

Intégrer une brique de paiement dans sa stratégie consistera donc à sélectionner les bons partenaires dans cette chaîne de valeur, pour proposer le service le plus adapté aux comportements de sa clientèle. Si l’on reprend l’exemple de la start-up Adyen, elle développe ainsi de nouvelles alliances pour proposer d’autres modes de paiements comme bientôt le paiement par QR Code demandé sur le marché chinois.

Interconnexion et international

Alors comment sélectionner et intégrer ces partenaires ? Sur le plan technologique, les infrastructures des différents acteurs du paiement vont devoir s’interconnecter pour rendre possible des paiements mobiles en temps réel, tout en respectant les réglementations, la souveraineté des données et leur sécurité.

On voit donc sur le marché se développer des hubs de paiement dans des datacenters où les fournisseurs de services de paiement se rapprochent. En développant des connections en "peering" sur des réseaux privés, des entreprises de toutes tailles peuvent ainsi se connecter à leurs partenaires, échanger des données et gérer le trafic des paiements. 

On comprend aussi que ces liens entre les différents acteurs du paiement ne sont pas que techniques mais également stratégiques. Ce qui est en train de se dessiner au sein des hubs d’interconnexion ce sont de nouvelles marketplaces pour permettre aux entreprises de sélectionner les meilleures partenaires disponibles dans chaque pays, et ainsi s’ouvrir rapidement de nouveaux canaux de vente à l’international. Parce que s’il est intéressant pour une entreprise d’intégrer le paiement dans sa chaîne de valeur, il est aussi important de pouvoir reproduire à l’international un modèle qui fonctionne localement. Ou encore adapter ce modèle avec des briques d’acteurs locaux qui pourront aussi aider à pénétrer un marché.

Pour le paiement, et pour d’autres briques technologiques, le hub jouera donc aussi le rôle d’atelier. Un endroit pour imaginer des stratégies innovantes et les concrétiser rapidement.