Changeons le « rapport Gaulois » à l’Entrepreneuriat : pour un 9ème levier de compétitivité !
Le 6 novembre 2012, Jean-Marc Ayrault présentait son Pacte national pour la croissance, la compétitivité et l'emploi. Inspiré du rapport Gallois, il définit 8 leviers pour encourager la création d’Entreprise et l’Entrepreneuriat de croissance.
Les mots Entreprendre et Entrepreneur inspirent depuis trop longtemps un cortège d’émotions et de sentiments négatifs : peur, doute, anxiété, indignation voir parfois colère (contre le Patronat). Aujourd’hui, il faut mettre en place des actions qui vont modifier ce paradigme. Il faut que ces mots Entreprendre et Entrepreneur génèrent des émotions et sentiments positifs tels que l’enthousiasme, le désir, la joie, la fierté. C’est là l’objectif de ce 9ème levier d’action que je présente ici et qui propose des mesures concrètes et opérationnelles.
Récapitulatif des huit leviers tels que présentés le 6 novembre 2012 par le Premier ministre Jean-Marc Ayrault dans le Pacte national pour la croissance, la compétitivité et l'emploi :
2- Garantir aux TPE, PME et ETI des financements performants et de proximité,
3- Accompagner la montée en gamme en stimulant l’innovation,
4- Produire ensemble,
5- Renforcer les conquêtes de nos entreprises à l’étranger et l’attractivité de notre pays,
6- Offrir aux jeunes et aux salariés des formations tournées vers l’emploi et l’avenir,
7- Faciliter la vie des entreprises en simplifiant et stabilisant leur environnement, réglementaire et fiscal,
8- Assurer une action publique exemplaire et des réformes structurelles au service de la compétitivité.
I- Pour un 9ème levier de compétitivité : changer le rapport à l’entreprise, célébrer l’Entrepreneurship, valoriser l’Entrepreneur
Le point faible de la France : quand Entreprendre et Entrepreneur déclenchent des émotions et sentiments négatifs...
Effet direct : les sentiments à l’endroit de ceux qui créent, croissent et dirigent revêtent une tonalité négative qui mine le dynamisme du pays. Le mythe du patron voyou est un exemple frappant de l’effet toxique des amalgames.
J’ai été frappé par cet espoir latent, presque inconscient, cristallisé dans ces mots. L’espoir que ce Pacte de confiance avec ses huit leviers puisse insuffler à l’écosystème Entrepreneurial les sentiments positifs qui lui permettront de fonctionner à plein régime.Et bien c’est là tout l’intérêt de ce 9ème levier de compétitivité : il vient justement compléter les huit autres en veillant à ce que la notion d’Entreprise déclenche de l’enthousiasme, de l’optimisme, du désir, de la joie, de la fierté ! Tout l’enjeu se trouve ici : modifier le paradigme actuel, néfaste et contre-productif, pour le remplacer par une perspective hautement positive, génératrice d’énergie d’action et de confiance.
II- Pour un changement de paradigme : valoriser l’acte d’Entreprendre ainsi que l’individu Entrepreneur
La clé : diffuser massivement l’idée selon laquelle l’Entrepreneur est un héros des temps modernes
Le héros c’est celui qui porte un rêve. C’est l’individu qui nourrit de hautes ambitions pour lui-même et qui se fixe des objectifs exigeants. Ce rêve, c’est le projet qu’il a lui-même imaginé et qu’il cherche à concrétiser au travers de sa démarche Entrepreneuriale.
C’est celui qui se lance dans une aventure. Car oui, l’entrepreneuriat est avant tout une aventure. Avec ses pérégrinations, ses rebondissements, ses coups de théâtre, des obstacles, des conquêtes, ses victoires ! L’entrepreneur c’est celui qui ouvre la voie, l’éclaireur qui avance vers son but malgré l’incertitude et le doute. Pourquoi les sponsors du Vendée Globe investissent-ils tous ces millions ? Ils le font pour récupérer, aux yeux du grand public, une partie des qualités que l’on prête au skipper. Cet individu qui va mettre sa vie en péril, bravant les milieux hostiles, est automatiquement perçu comme un aventurier, un personnage hors norme crédité de certaines qualités rares auxquelles on attribue beaucoup de valeur. Un individu qui déclenche de l’émotion, des sentiments positifs, de la fascination. En s’associant à son Entreprise (dans le sens entreprendre la course), le sponsor récupère une partie non négligeable des sentiments que le grand public nourrit à l’égard du Skipper. Il est important de garder à l’esprit que le défi, le challenge, le dépassement sont autant d’actions qui peuvent être fortement valorisées.
C’est celui qui fait preuve d’audace, de courage et de foi. C’est celui qui sait mobiliser suffisamment d’énergie et de confiance pour surmonter les obstacles et se frayer une voie vers ses objectifs. L’audace, le courage, la foi en son projet. Autant de sentiments positifs et dynamisants qui permettent de se mettre en action et de persévérer sur la voie de la réussite.
C’est celui qui prend le risque d’échouer. L’aversion à l’échec est un mal typiquement Français. Il faut redonner à cette notion les qualités dont la culture l’a déchu. Dan Serfaty, fondateur de Viadeo, nous a livré Lundi lors des ces journées de l’Entrepreneur une citation impactante qu’il a entendu aux États-Unis : « L’échec, pour un Entrepreneur Américain, c’est comme une cicatrice pour un chef mafieux : c’est un signe de respectabilité ».
C’est celui qui active ses talents. L’Entrepreneuriat exige que soit mobilisé 100% de ses capacités. C’est donc une aventure vertueuse puisqu’elle nécessite que soient développées ces fameuses "Entrepreneurship Skills", compétences lui permettant d’évoluer dans son écosystème en activant différentes ressources selon les situations rencontrées : la confiance, pour être sûr de sa valeur, diffuser de l’énergie à ses collaborateurs, sécuriser un client, négocier avec sérénité. La persuasion, pour obtenir un rabais, remporter un contrat, défendre ses marges, convaincre un Capital-Risque. L’adaptation, pour improviser une présentation face à une audience moins experte que prévue, élaborer une stratégie d’urgence sous peine de perdre un gros client, adopter une communication de crise suite à un scandale… La créativité, pour imaginer la « killing idea » qui fera gagner 8 points de part de marché, mettre sur pied une stratégie de distribution innovante, doper le rendement de la cellule R&D. La régulation émotionnelle, pour garder son sang froid lorsqu’un collaborateur sort de ses gonds, garder son équilibre alors que la journée a été particulièrement stressante, tenir à distance le burn-out. Les aptitudes relationnelles, pour mettre un client à l’aise, aborder un prospect au cours d’un cocktail, séduire un investisseur potentiel lors d’un congrès. L’intuition, pour prendre un virage stratégique alors que tout l’entourage plaide pour une autre voie, recruter quelqu’un en se fiant à son « feeling », élaborer un produit innovant en se reposant plus sur son intime conviction que sur une étude de marché.
C’est surtout celui qui crée. De la richesse, de la croissance, de la valeur, des emplois. L’entrepreneur est avant tout un créateur. Au même titre que l’artiste qui produit des idées, des regards décalés, des chocs émotionnels, de l’esthétisme, des questionnements, l’individu qui entreprend crée une richesse qui se diffuse dans la société et alimente celle-ci à tous les niveaux. Il faut véhiculer cette idée de création car elle sous-entend l’idée de croissance.
C’est celui que l’on a envie de suivre. Bien que l’entrepreneuriat puisse se jouer en solo, il arrive souvent que cela fédère plusieurs personnes. Qu’ils soient partenaires, associés, salariés ou même clients, tous ont franchi le pas de le suivre parce qu’il a suscité cette envie chez eux. En ce sens et pour reprendre une des expressions utilisées par Joanna Drake (European Commission DG Enterprise & Industry, Directorate SME’s & Entrepreneurship), l’Entrepreneur est une véritable « Job Machine » qui amène les autres dans son sillage et se révèle bien souvent moteur d’emploi.
C’est celui qui fait grandir les autres. A son contact, ils ont appris, se sont développés, ont évolué. L’Entrepreneur est en constante interaction avec ses clients, associés, employés. Par ses qualités et sa constante recherche d’amélioration, il « contamine » son entourage et participe à l’améliorer.
C’est celui que l’on veut imiter. C’est l’un des meilleurs effets de levier qu’induit la valorisation de l’Entrepreneuriat. En érigeant l’Entrepreneur au rang de modèle, d’exemple à suivre, on génère une dynamique qui amène les autres à s’investir dans des projets. Très vite, c’est toute la culture qui se transforme et qui devient un terreau favorable à la création et à la croissance.
III- Mesure concrète : un National Entrepreneurship program à deux volets pour faire évoluer l’écosystème dans le sens de la compétitivité
1- Le volet sensibilisation, stimulation et libération d’énergie
2- Le volet média : une WebTV Entrepreneurship Skills & Entrepreneurs modèles
La France doit devenir une "Great place to Create"
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