Private equity : la France, royaume des deals au premier semestre

Private equity : la France, royaume des deals au premier semestre Les cessions de participation ont chuté de 30% en Europe au premier semestre. Malgré des valorisations au plus haut, les fonds se concentrent sur le déploiement de leurs capitaux, surtout en France où de gros deals ont gonflé les chiffres.

Ce sont des chiffres qui peuvent surprendre tous ceux qui pensaient que le private equity était en ce moment un marché de vendeurs. Selon les données compilées par le CMBOR (Centre de Recherche sur le Private equity et le Management Buyout), rattaché au Imperial College Business School, et parrainé par Equistone Partners Europe et Investec Specialist Bank, les sorties du non coté ont reculé de 30% au premier semestre en Europe, à 25,8 milliards d'euros, contre 56,9 milliards d'euros au deuxième semestre 2017. Les opérations secondaires, voire tertiaires ont le vent en poupe : plus de la moitié de ces opérations ont été des ventes à d'autres fonds de private equity, qui ont plus que jamais besoin de mettre leur argent au travail. "Ces chiffres vont à l'encontre de ce qui est considéré comme un marché de vendeurs, ce qui fait apparaître que les établissements d'investissements se sont davantage concentrés sur le déploiement des capitaux qu'ils ont levés au cours des deux dernières années", font remarquer les auteurs de ce baromètre. Le recul est particulièrement notable au Royaume-Uni, empêtré dans un Brexit complexe et coûteux, et où la baisse de la livre incite les actionnaires à patienter et attendre des jours meilleurs.

Face à cet environnement plus "challenging", les fonds ont néanmoins des cartes à jouer. "L'évolution de ces dynamiques de marché exige davantage de flexibilité de la part des sponsors, comme en témoigne la popularité croissante des opérations bilatérales extrêmement ciblées qui permettent à la fois à l'acheteur et au vendeur de contourner la concurrence féroce désormais inhérente à la plupart des adjudications", analyse ainsi Christian Marriott, partner and head of Investor Relations de Equistone Partners Europe. La firme dirigée par Guillaume Jacqueau, qui a aussi les poches pleines puisqu'elle a closé son sixième fonds à 2,8 milliards d'euros en mars dernier, en est un bon exemple : elle a réussi à boucler trois cessions en l'espace de deux semaines récemment.

Les deals ont légèrement ralenti en cette première partie d'année, à 40,7 milliards d'euros provisoirement, contre 43,2 milliards d'euros l'an passé

Plus ennuyeux néanmoins, les deals ont eux aussi légèrement ralenti en cette première partie d'année, à 40,7 milliards d'euros provisoirement, contre 43,2 milliards d'euros l'an passé. Ce sont surtout les opérations d'envergure, entre 100 millions et 1 milliard d'euros, qui ont marqué le pas, tandis que les deals small cap à moins de 10 millions d'euros ont grimpé de 26% sur la période. Mais la France n'est pas vraiment concernée par cette atonie : 63 transactions pour un total de 11 milliards d'euros ont été signées au premier semestre, en nette hausse sur les 51 deals et 6,3 milliards d'euros l'an passé. Elle s'est aussi distinguée avec quelques opérations supérieures au milliard, comme les laboratoires d'analyse médicale Sebia (valorisé 2 milliards d'euros), la location de matériel BTP Kiloutou (1,5 milliard d'euros) ou encore le groupe de packaging pour la cosmétique Albea (1,2 milliard d'euros). Et les sorties continuent de battre leur plein, avec 34 ventes pour un total de 10 milliards d'euros sur le semestre.

L'Allemagne offre une exception au paysage européen, où les sorties ont bondi à 10,8 milliards d'euros, soit deux fois plus que le nombre de deals sur le semestre (69 opérations pour 5,6 milliards d'euros). Et au Royaume-Uni, si les sorties ont été divisées par deux (6,8 milliards d'euros contre 13,6 milliards l'an passé), ce sont les petits deals inférieurs à 10 millions d'euros qui ont la faveur des investisseurs. "Nous constatons un appétit marqué de la part des sociétés de capital investissement - dont bon nombre ont récemment levé des capitaux - pour les opérations primaires, en particulier dans l'objectif de fournir un premier apport de capital institutionnel", souligne Shaun Mullin d'Investec. "En quelque sorte, le capital investissement revient à sa vocation d'origine, à savoir fournir un financement flexible et un soutien aux entreprises à croissance rapide comme aider celles pour qui accéder au capital est plus dificile", ajoute-t-il. Le nombre de vendeurs privés le démontre, les fonds sont de plus en plus enclins à (re)jouer leur rôle de financement de l'économie réelle.

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