Avant de devenir une réalité, la santé digitale est avant tout une nécessité

Les institutions de santé doivent gérer différentes sortes de défis, d'ordre budgétaire, réglementaire ou de ressources humaines, sans parler des situations de crise comme celle que nous vivons actuellement.

Le gouvernement français travaille activement à la mise en place de nouvelles initiatives. Annoncé il y a un an par Agnès Buzyn, ex-Ministre des Solidarités et de la Santé, et officiellement lancé depuis le 1er décembre 2019, le Health Data Hub doit favoriser l’utilisation et multiplier les possibilités d’exploitation des données de santé, en particulier dans les domaines de la recherche, de l’appui au personnel de santé, du pilotage du système de santé, du suivi et de l’information des patients.

L'ensemble de ces principes vise à mieux utiliser les technologies, en particulier les données et l'intelligence artificielle (IA), qui contribuent, comme cela a été démontré, au développement de médicaments personnalisés, à la réduction des temps d'attente et à celle des résultats cliniques. Autant d'exemples d'innovation qui confirment la force positive de l’IA appliquée aux soins de santé, malgré le scepticisme occasionnel.

Si le projet est ambitieux, il faut prendre en compte quelques considérations importantes pour faire de cette vision une réalité pour tous les établissements de santé.

L'importance de la formation

Pour soutenir la montée en puissance de l'IA, il faut développer les compétences en analyse et en gestion des données, et ce dans tous les aspects de la formation médicale. Les données étant de plus en plus exploitées par les institutions de santé, il faut que l’ensemble du personnel – des médecins aux administrateurs - soit formé à ces technologies. Formation, accompagnement et collaboration sont d'une importance majeure pour tirer profit de cette technologie.

Protéger les données avant tout

L'avantage de la confidentialité des données est moins évident que celle de l'IA ou de l'analyse des données, pourtant il s'agit d'une question d'actualité très sensible. La majorité des données traitées quotidiennement dans le domaine des soins de santé étant privées et sensibles pour le patient, elles doivent être traitées comme telles, au risque de créer un obstacle majeur à la modernisation des pratiques de santé si le grand public a le sentiment que ses données sont utilisées à son insu à des fins auxquelles il n'a pas consenti.

La solution à ce problème est double. Elle passe d'abord par la communication et l'information du public sur l'usage qui sera fait de ses données et des avantages qui en découleront. Les organismes de santé doivent, dans un second temps, disposer d'une infrastructure qui permette de partager rapidement et avec agilité ces données tout en restant sécurisées et conformes aux directives de conformité.

Centrer la réflexion sur les données

Avec la technologie, il est possible de prendre une décision en une fraction de seconde ; encore faut-il de très grandes quantités de données  traitées et analysées à grande vitesse. C'est pourquoi les projets nécessitent une infrastructure très solide et une puissance de calcul importante pour fonctionner efficacement.

Les datacenters traditionnels des organisations de santé fonctionnent plutôt bien pour ce qui est de permettre aux praticiens de dispenser des soins aux patients. Mais ils n'avaient pas prévu de devoir exécuter toutes les applications actuellement utilisées, qui reposent sur l'IA et l'apprentissage automatique et qui exigent une approche différente de l'infrastructure des datacenters. Celle-ci doit être principalement axée sur le stockage et conçue pour fournir un accès massivement parallèle aux données à très haute bande passante.

Transformer cette vision en réalité

Pour tirer parti des avantages de la technologie, il faut mettre en place une infrastructure robuste et centrée sur les données. Les institutions de santé auront besoin des systèmes, des services et de l’accompagnement existants pour utiliser correctement l'IA et traiter les données de façon efficace et responsable.

Le système national des données de santé (SNDS) français, accessible depuis 2017 aux chercheurs publics ou privés menant des travaux d’intérêt public, fait figure d’exception par rapport aux autres pays du monde. S’il est déjà question de l'améliorer avec la mise en place prochaine du Health Data Hub, l'adoption de l'IA fera évoluer les institutions de santé et les aidera à conserver leur résilience, tout en continuant à améliorer les résultats pour les patients. Il ne reste plus qu'à observer la façon dont les acteurs du secteur de la santé s'adapteront à l'utilisation croissante des technologies émergentes.