Crise sanitaire et e-commerce : une transformation digitale plus que nécessaire pour les pharmacies

La dématérialisation de l'acte d'achat touche de plus en plus de produits du quotidien, dont les produits de santé, soins et beauté, la pharmacie d'officine se doit donc d'opérer le virage de la transformation numérique.

En pleine crise sanitaire qui bouleverse nos habitudes de consommation et accélère l'essor du marché du e-commerce, la Journée mondiale du pharmacien est l'occasion de rappeler que les pharmacies n'échappent pas à cette nouvelle tendance et sont appelées à passer le cap. La dématérialisation de l'acte d'achat touche de plus en plus de produits du quotidien, dont les produits de santé, soins et beauté, la pharmacie d'officine se doit donc d'opérer le virage de  la transformation numérique.

En cause : l’urgence sanitaire, mais aussi essentiellement la concurrence des grands réseaux de distribution. Une compétition qui fait rage entre plusieurs acteurs iconiques et émergents de la parapharmacie en ligne.

Les pharmacies françaises sont-elles en retard sur l’Europe ?

Si le marché de la pharmacie et de la parapharmacie en France est encore peu ouvert au e-commerce, c’est notamment en raison de nombreuses contraintes réglementaires, plus ou moins fortes selon les produits. Le marché reste régulé partout dans le monde, mais sous différentes formes. En effet, la France interdit la vente de produit sous ordonnance en ligne, en offrant l’exclusivité aux pharmacies d’officine, seuls les médicaments sans prescription sont autorisés à la vente en ligne sous de strictes conditions.

En revanche, de nombreux pays comme l’Allemagne, la Grande-Bretagne ou encore les Pays-Bas vendent déjà des médicaments sur prescription en ligne. Des disparités réglementaires très importantes entre les différents pays qui se sentent constamment bloqués par un cadre législatif non harmonisé au niveau européen.

A cela s’ajoute une guerre déontologique et publicitaire entre pharmacies physiques, pharmacies en ligne, ordre des pharmaciens et organismes légaux officiels. Les pharmacies en ligne françaises ne sont pas autorisées à faire de la publicité comme du référencement payant ou des comparateurs de prix malgré l’énorme levier de croissance que représentent ces stratégies online.

Comment et pourquoi digitaliser ?

En 2019, le total des ventes sur Internet en France à dépassé la barre des 100 milliards d'euros ! La Fevad annonce une croissance de +11% des sites e-commerce en 2020, un marché qui ne cesse de grimper et de grignoter des parts importantes aux commerces de proximité. Le volume des ventes globale des achats en ligne, tout secteur confondu, a augmenté de 39% depuis le confinement (source : Webloyalty), l’alimentaire et les produits de parapharmacie de 63%.

Au vu de la saturation par la concurrence du secteur de commerce traditionnel, l'e-commerce constitue un nouveau moyen non négligeable d’augmenter la vente et le chiffre d’affaires.

Cet accroissement des ventes est à la fois dû à la demande conjoncturelle de produits relatifs au coronavirus (masques chirurgicaux, savons, gels hydroalcooliques, vitamines…) mais également au confinement qui entraîne de fait des changements de mode de consommation des clients, ces derniers favorisant de plus en plus les plateformes d'e-commerce.

Au-delà d’une réponse à la demande grandissante des consommateurs et aux changements d’habitudes de consommation, l'e-commerce permet aux pharmacies d’écouler leurs stocks de produits de parapharmacie et de se concentrer sur leur métier et leur valeur ajoutée autour des médicaments et des soins plutôt que sur les produits de beauté par exemple. Ce qui est un élément essentiel aujourd’hui en ces temps de crise sanitaire !

Les marketplaces (places de marché) sont notamment très sollicitées aujourd’hui par les consommateurs français, pour la bonne raison qu’elles proposent des produits de qualité et surtout qu’elles font vivre les officines locales, redonnant ainsi le pouvoir aux consommateurs d’acheter local et de supporter leurs pharmaciens, sans bouger de chez eux.

Comme tous les secteurs d'activité, la pharmacie ne passera pas à côté de la digitalisation. Le secteur du tourisme est aujourd'hui totalement digitalisé, le prêt-à-porter ne peut plus vivre uniquement de ses magasins physiques, l'agro-alimentaire investit des milliards dans l'e-commerce et le secteur de la santé est le dernier secteur qui va et doit prendre ce tournant du digital pour répondre aux besoins des consommateurs.  

Et demain ? 

Pour les pharmacies il ne s'agit pas d'un virage simple, c'est une transformation profonde qui affecte non seulement la vente en ligne mais aussi la digitalisation de multiples services et conseils proposées. Le tout s'instaure dans une évolution encore plus globale qui affecte tout le secteur de la santé digitale dans lequel la pharmacie de demain devra faire partie.

Le pharmacien doit garder son rôle essentiel de conseil car c'est le plus important et c'est la raison pour laquelle il est le personnel de santé préféré des français. Le digital doit lui permettre de faire face à la concurrence accrue qui se met en place pour justement pouvoir garder son officine physique et ce lien de proximité avec sa clientèle proche. L'évolution de l'e-santé ne doit pas éloigner les patients et les clients de l'officine ou de leur relation de confiance établie avec un spécialiste. Au contraire, le défi est de connecter au mieux ces deux mondes pour satisfaire de la meilleure façon les exigences des patients en leur facilitant certaines tâches ainsi qu’en leur faisant épargner du temps. Tout cela sans mettre de côté le service et l'expertise de nos pharmaciens qui ont une vraie valeur et sont au centre de tout ce changement digital.

Dès aujourd’hui, il faut voir le numérique comme un allié et un canal additionnel de vente : c’est un service complémentaire à l’offre du pharmacien, une offre partenaire qui ne représente pas une menace pour son avenir mais bien au contraire une solution, une aide pour liquider ses stocks et réaliser un meilleur chiffre d’affaires. Avec le temps, la digitalisation va fusionner avec le canal de vente classique - l’officine - et va permettre aux pharmaciens de répondre ainsi à l’ensemble des besoins et des requêtes de ses patients et clients.

En conclusion, les habitudes de consommation sont clairement tournées vers le digital et l'e-commerce. Les laboratoires s’adaptent et les revendeurs doivent être présents là où les consommateurs les attendent. Les pharmaciens sont donc amenés à passer au numérique pour proposer une offre locale et sécurisée : tout d'abord pour eux et ne pas perdre une grande partie de leurs parts de marché, puis pour les français en restant ce personnel de santé de proximité tant apprécié.