De Doctolib à Capsule Technologies : le grand décollage de la e-santé française

Le gouvernement vient de présenter " Mon espace santé ", futur service public dédié à la gestion des données de santé des Français, remettant ainsi la e-santé au cœur de ses priorités. Propulsée dans la cour des grands de la French Tech par les dernières transactions de Doctolib et de Capsule Technologies, le secteur de la e-santé se structure avec comme boussole : l'interopérabilité des données de santé.

Capsule Technologies, une transaction record dans le secteur de la e-santé

Après la dernière levée de 150 millions d’euros par Doctolib en 2019, l’acquisition de Capsule Technologies par Philips, pour un montant record de 635 millions de dollars, propulse la e-santé dans la cour des grands de la French Tech : la transformation numérique des systèmes de santé est en marche. Renforcer le suivi des patients, améliorer la qualité de vie au travail des soignants, favoriser l’innovation sont autant de bénéfices attendus grâce à ce mouvement.

Capsule Technologies est un éditeur de logiciels fondée spécialiste de l’intégration des dispositifs médicaux et des données pour les établissements de santé. Aujourd’hui, l’éditeur logiciel améliore l’expérience de soins de 20 millions de patients, dans 2 800 établissements de santé, à travers 40 pays. L’acquisition de Capsule Technologies par Philips pour 635 millions de dollars, en 2021, marque la plus importante transaction jamais réalisée dans la e-santé en France. Une opération qui révèle la profondeur de champ du secteur et l’importance cruciale de l’interopérabilité des données de santé.

La e-santé : toujours plus haut, toujours plus fort

Estimé à 3 milliards d’euros en France, le secteur de la e-santé attire de plus en plus d’investisseurs avec des montants de plus en plus importants : en 2020, 391 millions d’euros ont été investis dans les entreprises de la e-santé, soit plus de 7% du total de la French Tech. C’était quatre fois plus qu’en 2016 (100M€) et bien plus qu’en 2018 (230M€). Cinq opérations ont dépassé les 40 millions d’euros – Withings (53M€), Alan (50M€), Medadom (40M€), Robocath (40M€) et Owkin (40M€) – dont quatre étaient comprises entre 15 et 20 millions d’euros. C’est deux fois plus qu’en 2019.  

Cette tendance à la hausse impacte les valorisations qui atteignent des niveaux inédits dans le secteur. C’est le cas de Cegedim (504M€), de Pharmagest (159M€), de Maincare Solutions (79M€) ou encore de Softway Medical (50M€).

A la croisée entre la tech et la santé, la e-santé forme un écosystème encore émergent en Europe par rapport aux Etats-Unis. En France, les pouvoirs publics souhaitent développer les usages et encouragent les investisseurs à se mobiliser aux côtés de la collectivité : le Ségur de la santé prévoit notamment le fléchage de 2 milliards d’euros pour que « la e-santé ne soit plus réservée aux initiés ».

L’interopérabilité des données de santé : le grand chantier des années à venir

L’acquisition de Capsule Technologies par Philips est emblématique d’un enjeu majeur pour la e-santé : l’interopérabilité des données et des applications. L’adoption de nouveaux outils par les professionnels de santé, le recours massif à la télémédecine durant la crise sanitaire et la démultiplication du nombre d’objets connectés déployés auprès des patients nécessitent la mise en place d’une gouvernance du numérique en santé.  Ce premier chantier consiste à faire sauter les verrous réglementaires qui freinent l’essor du secteur et à établir des normes d’interopérabilité entre les différents éléments des systèmes d’information.

Aujourd’hui, la e-santé est structurée autour de six segments d’utilisateurs de données : les professionnels de santé, les établissements de santé, les soins à domicile, l’industrie pharmaceutique, les applications grand public et la data. Les valorisations s’envolent depuis quatre ans dans chaque segment et de grands acteurs de la digitalisation du système de santé développent une stratégie d’agrégation des solutions de marché, rendue possible par une meilleure interopérabilité, afin d’offrir un continuum des solutions en e-santé. La réussite de Capsule l’illustre bien : l’interopérabilité des données de santé permet de structurer la e-santé et de fédérer un écosystème.

Optimiser la gestion des données de santé et leur interopérabilité, tel est le défi à relever pour accélérer la croissance de la e-santé, faire émerger les futures licornes du secteur… et, in fine, améliorer la performance du système de soins et la santé des patients.