Alléger la pression dans le secteur médical

Pour des sociétés plus saines, il faut investir d'emblée dans des technologies dernier cri, généralement numériques, capables de repérer très tôt les indicateurs de maladie afin d'éviter le recours à des traitements coûteux à vie.

La gestion des soins de santé a subi, partout dans le monde, une transformation radicale. Les autorités sanitaires se concentrent sur l’instauration de modes de vie plus sains dans le but de contenir, voire de réduire, la demande de soins. L'investissement est ciblé sur les diagnostics mobiles extra-hospitaliers pour repérer les symptômes de la maladie avant qu'elle ne se développe. L'objectif est de rendre les systèmes de santé durables et abordables sur le long terme.

Toutefois, pour des sociétés plus saines, il faut investir d'emblée dans des technologies dernier cri, généralement numériques, capables de repérer très tôt les indicateurs de maladie afin d'éviter le recours à des traitements coûteux à vie.

Aujourd'hui, la crise pandémique vient ajouter à ces pressions. Alors que le système est déjà en pleine transformation, la tension s’est soudainement accrue, avec la nécessité d’investir lourdement dans des technologies sans contact, un système de chauffage et de climatisation intelligent capable de gérer les flux d'air et d'autres mesures pour le contrôle des infections. En même temps, les pratiques de travail plus restrictives dues à la pandémie ne doivent pas se faire aux dépens des autres traitements, qui ont souvent déjà accumulé du retard.[1] Les capacités numériques apportent une valeur ajoutée dans la gestion de la pandémie - ces innovations continueront également à améliorer l'accès aux soins de santé et l'efficacité des procédures à l'avenir.

C'est pourquoi de nouveaux modes de réflexion sur les systèmes de santé sont proposés, qui considèrent les soins de santé comme un "investissement" générant des rendements de façon concomitante (« valeur »). Cette évolution s'accompagne d'une plus grande reconnaissance de l'importance et de la « valeur » des technologies médicales numériques, tant en termes de productivité et de précision que de rapidité des diagnostics, d'aide automatisée, d'amélioration du pronostic que d’une sécurité accrue pour le personnel de santé dans le cadre de la pandémie. La grande difficulté reste toutefois de rendre cet investissement financièrement viable.

Dans un monde qui s’apprête à subir durablement les contrecoups économiques de la pandémie mondiale, les capitaux restent très limités tant pour le public que le privé. Les systèmes de soins de santé du monde entier connaissent depuis un certain temps des restrictions de leurs budgets d'investissement, et les autorités sont parfaitement conscientes que les fonds publics ne sont absolument pas suffisants pour financer ces investissements. Il est donc essentiel d'exploiter les capitaux du secteur privé pour transformer les soins de santé et investir dans les technologies de nouvelle génération, d'autant plus à l’heure où la pandémie exerce une pression accrue sur des systèmes déjà surchargés.[2]

La finance intelligente, qui exploite les capitaux du secteur privé, est donc essentielle pour que les organismes de santé transforment leur capacité à apporter de la valeur. La smart finance ne se contente pas de donner accès aux équipements et technologies dernier cri ; elle libère des fonds qui seraient sinon immobilisés par l'achat de technologies. Des accords de financement sur mesure garantissent que ces fonds restent disponibles pour d'autres besoins urgents et stratégiques.

Les modalités de financement « intelligent » les plus efficaces sont généralement proposées par des bailleurs de fonds spécialisés qui comprennent le fonctionnement des organismes de santé, les technologies qu'ils déploient et les avantages réels attendus des investissements technologiques. Ces connaissances spécialisées permettent au bailleur de fonds de structurer une offre viable, avec des paiements alignés sur les améliorations opérationnelles et cliniques obtenues.

Le dernier document de Siemens Financial Services (SFS) modélise le niveau des fonds qui peuvent être libérés par le financement intelligent - plutôt que d'être "gelés" et rendus illiquides s'ils sont appliqués à des achats de technologie purs et simples. Siemens Financial Services (SFS) a établi un modèle stratégique, qui indique la valeur relative des systèmes de santé des différents pays et son évolution dans le temps. Ce modèle intègre le contexte nécessaire pour l’analyse du rôle de la smart finance dans l’acquisition de technologies nouvelle génération financièrement viables permettant de générer de la valeur.

En collaboration avec plusieurs hauts responsables et consultants dans le secteur des soins de santé de 14 pays à travers le monde, Siemens Financial Services a construit un modèle indicatif de pression sur les ressources et de pronostic du patient dans chaque pays. Publiés pour la première fois en 2018, les résultats ont été actualisés en 2020. Délibérément simple et transparent, le modèle repose sur des ensembles de données compilés par les autorités de chaque pays et d’autres bases de données.[3]

L’amélioration de la pression sur les ressources et du pronostic des patients est intimement liée aux solutions de smart finance. La possibilité d'acquérir des technologies nouvelle génération contribue à réduire la pression sur les ressources en introduisant des traitements plus efficaces et plus performants – ainsi qu'un meilleur accès aux procédures préventives telles que le dépistage et le scanner.

De même, une gestion financière plus intelligente optimise la disponibilité des fonds pour maximiser l'impact sur les ressources - humaines et technologiques- afin de transformer les soins aux patients en produisant un meilleur diagnostic, tant sur le plan thérapeutique que préventif. La « valeur » ultime de l'investissement dans les soins de santé est une société plus saine, dans laquelle la demande de soins de santé est contenue, voire réduite.

[1] Kaiser Health News, Cancer Patients Face Treatment Delays And Uncertainty As Coronavirus Cripples Hospitals, 7 avril 2020; New York Times, No Way Out: In China, Coronavirus Takes Toll on Other Patients, 3 mars 2020; Hindustan Times, Cancer care takes a hit during lockdown, 21 juin 2020

[2] Voir, par exemple, Technavio, Healthcare Equipment Leasing Market, 6 août 2020, qui précise que « le marché de la location d’équipements de soins de santé devrait augmenter de 17,14 milliards USD sur la période 2020-2024, avec un TCAC de 7 % ».

[3] Méthodologie : 31 cadres supérieurs, experts et consultants en gestion dans le secteur des soins de santé de 14 pays ont été interrogés. Chacun a été invité à donner son avis sur les facteurs à inclure pour mesurer, de façon simple et objective, la pression sur les systèmes de santé nationaux ou le pronostic général des patients. Certains indicateurs ont aussi été inclus pour offrir une mesure indirecte, mais plus large, de l'offre de soins et des résultats obtenus. Par exemple, l’indicateur de prévalence du diabète est un extrêmement bon indicateur des morbidités induites par le mode de vie et l'alimentation, ainsi que des comorbidités typiques telles que l'obésité, les maladies cardiovasculaires, hépatiques et rénales. Dans le modèle de pression sur les ressources, la densité de la technologie d'imagerie diagnostique a été incluse en raison de son rôle critique dans le diagnostic précoce et la prévention, mais c’est aussi un excellent indicateur du volume global et du niveau de sophistication des dispositifs médicaux. Les répondants ont contribué au choix des facteurs sous-jacents de ce modèle et veillé à la cohérence et la qualité des données disponibles dans les pays sélectionnés. Le modèle est appliqué pour dresser un portrait de chaque système de santé en 2020 avant de procéder à une analyse comparée avec les données de 2018 et de 2013, qui révèle une tendance de valeur dans chaque pays ou groupe de pays. Les indicateurs de pression sur les ressources comprennent : les dépenses de santé, les densités de professionnels de la santé, les densités d'imagerie diagnostique, la dépendance économique des personnes âgées, le vieillissement de la population. Les indicateurs du pronostic pour les patients comprennent : les taux de survie au cancer, la prévalence du diabète, les années de vie corrigées du facteur incapacité ainsi que les taux d'immunisation et de détection des cas.