Caméras de surveillance : un secteur en pleine croissance qui cherche à rassurer l'opinion

Alors que le nombre de caméras de surveillance devait atteindre le milliard en 2021 dans le monde, le secteur fait face à une demande de plus en plus importante de la part des pouvoirs publics et même des entreprises. Une tendance qui vient répondre à un besoin de sécurité croissant au sein de la population et à la nécessité de disposer de technologies toujours plus efficaces et spécifiques, au risque de créer des réticences.

Une forte demande qui résiste à la crise sanitaire

Le sentiment d’insécurité semble de plus en plus fort depuis quelques années, en partie causé par l’impact de la menace terroriste sur notre territoire. Une impression qui tend à s’accentuer avec la récente augmentation des chiffres de la délinquance constatée au premier semestre 2021. Et cela ne concerne pas seulement les grandes villes mais de plus en plus de petites communes de zones rurales qui souffrent parfois d’un manque d’effectif au sein des forces de l’ordre pour lutter contre cette délinquance. De fait, la demande en matériel de télésurveillance augmente du côté des collectivités territoriales mais également du côté des entreprises qui cherchent à s’équiper en conséquence pour aussi bien sécuriser l’accès à leurs locaux – parfois inoccupés durant les confinements – que surveiller les potentielles défaillances des machines et appareils essentiels à la production.

En plein contexte de crise sanitaire, on pourrait penser que celle-ci a eu pour effet d’accentuer drastiquement la demande en caméras de surveillance mais, en réalité, elle a plutôt confirmé la tendance d’une augmentation progressive et continue des demandes. Par ailleurs, l’efficacité des technologies embarquées dans les systèmes de surveillance a surtout permis d’actualiser les technologies de détection pour mieux s’adapter aux défis de la crise sanitaire et à l’omniprésence du masque.

Des technologies avancées qui posent question

L’intelligence artificielle est l’une des raisons qui poussent les villes comme les entreprises à se doter de caméras de surveillance. Bien déployée, elle peut répondre à de nombreux besoins, allant de l’identification d’individus portant un masque à la détection de coups de feu dans un périmètre donné. Les constructeurs de caméras vont même plus loin en proposant du deep learning (ou apprentissage profond), intégré directement à la machine, pour offrir davantage de complexité dans l’analyse des données. Ces avancées technologiques permettent une meilleure réactivité des systèmes de surveillance et facilitent ainsi une intervention rapide des forces de l’ordre. Un résultat efficace qu’il faut également attribuer à la robustesse des caméras de surveillance qui sont aujourd’hui plus à même de résister aux chocs et à des conditions difficiles voire extrêmes.

La popularité grandissante de l’intelligence artificielle amène les constructeurs à démocratiser son usage en l’intégrant aussi bien à des machines haut de gamme qu’à des caméras plus abordables. Une démarche qui pose légitimement la question de la protection des données à l’heure où le nombre de cyberattaques dans le monde augmente fortement et où la reconnaissance faciale suscite des doutes. Il est donc important de s’assurer que le matériel de télésurveillance soit en conformité avec le RGPD (le règlement général sur la protection des données). Cela passe notamment par une technologie de cryptage des données afin de réduire au maximum le risque d’intrusion et de vol de données sensibles. D’une certaine façon, cela contraint les fabricants à adapter leurs processus de production aux normes de chaque pays.

Mieux communiquer pour dépasser les réticences

On l’entend depuis plusieurs années dans les discours des professionnels de la politique : l’insécurité est grandissante. Argument politique parfois utilisé abusivement par certains, il n’en reste pas moins que de plus en plus de communes s’équipent en caméras de surveillance et certaines tentent même l’expérience de la reconnaissance faciale. En effet, le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes, Laurent Wauquiez, expérimente la reconnaissance faciale dans les trains et les gares. Cependant, même si l’ambition initiale est de protéger, une partie de la population ne le perçoit pas de cette manière et craint une dérive de ces technologies.

Dans ce contexte, il devient essentiel de mieux communiquer pour rassurer la population sur les missions qu’assurent les systèmes de télésurveillance. Au-delà des questions épineuses liées à l’usage de l’intelligence artificielle, il faut convaincre du bien-fondé de ces technologies et de leur bonne utilisation dans le cadre de la protection des individus. Un premier pas que peuvent effectuer les constructeurs en proposant des formations dédiées au bon usage de leurs produits. Une forme de sensibilisation que l’État doit également assurer pour tenter de modérer les craintes au sein de la population.