L'opérateur de trottinettes Dott lève 30 millions d'euros

L'opérateur de trottinettes Dott lève 30 millions d'euros La start-up néerlandaise fondée par deux Français avait déjà levé 20 millions fin 2018. Présente à Paris, Lyon, Bruxelles et Milan, elle prépare de nouveaux lancements et une diversification dans les vélos.

Ce ne sera pas de trop pour survivre dans l'éprouvante bataille des trottinettes en libre-service. L'opérateur Dott lève 30 millions d'euros auprès de ses investisseurs historiques : Naspers Ventures, EQT Ventures, Felix Capital, DN Capital, FJ Labs, Axel Springer, U-Start, ainsi que des business angels. Fondée par deux Français à Amsterdam en octobre 2018, la start-up opère à Paris, Lyon, Bruxelles et Milan. Elle avait déjà levé 20 millions d'euros fin 2018.

Avec ces fonds, Dott compte se lancer dans quelques villes européennes supplémentaires, notamment sur le marché allemand qui vient de s'ouvrir grâce à l'entrée en vigueur d'une loi fin juin. Sans pour autant lancer une grande offensive sur le Vieux continent, comme ont pu le faire certains concurrents. "Nous ne souhaitons pas nous éparpiller mais plutôt concentrer nos investissements et notre marketing dans une poignée de villes", explique le cofondateur et PDG de Dott, Maxim Romain.

"Nous souhaitons concentrer nos investissements dans quelques villes"

Comme plusieurs de ses concurrents, l'entreprise prépare sa diversification vers les vélos électriques en libre-service, attendus sur la plateforme en fin d'année. Aujourd'hui, chez les acteurs du free floating, Uber en propose déjà via sa filiale Jump, tout comme le français Oribiky. Sans oublier les vélos électriques des collectivités comme Vélib à Paris, dont 30% de la flotte est motorisée. "L'ajout de vélos permettrait de toucher un public qui n'aime pas les trottinettes ou ne se sent pas en sécurité dessus", ajoute Maxim Romain. "Cela nous ouvrirait également des marchés qui interdisent pour l'instant les trottinettes, comme Londres, où nous aimerions nous lancer avant la fin de l'année."

Les vélos offrent aussi de meilleures marges opérationnelles, en raison de batteries amovibles avec une bien plus grande autonomie, qu'il faut donc recharger moins souvent. Les fonds levés permettront d'ailleurs à Dott de lancer une nouvelle version de ses trottinettes maison, qui disposeront elles aussi de batteries amovibles. Ainsi, plus besoin d'emmener les engins dans des entrepôts pour les recharger, ce qui devrait diviser par deux ou trois les coûts de recharge, estime Maxim Romain.

Internalisation

Avec 50 millions d'euros levés au total, Dott est bien loin des niveaux de financement des leaders américains Lime et Bird, qui ont chacun accumulé plus de 700 millions de dollars, ou de Jump, dont la maison-mère Uber est entrée en Bourse en mai. Est-ce suffisant pour jouer dans leur catégorie ? "Du fait de notre stratégie, oui. Nous nous concentrons sur quelques villes, ce qui limite nos coûts en capitaux", assure Maxim Romain. La start-up souhaite d'abord construire un modèle économique rentable sur quelques marchés, avant de lancer dans un second temps une plus grande offensive européenne.

D'autant que l'organisation à venir en France d'appels d'offre par les villes, comme le permettra la loi mobilités, pourrait jouer en sa faveur. Car il ne s'agira plus seulement d'une course à l'échelle et au marketing avantageant les entreprises les mieux financées. Ce sont les villes qui décideront, notamment sur la base de critères environnementaux et sociaux. La start-up a ainsi pour elle de développer ses propres modèles de trottinettes (selon elle plus résistants et entièrement réparables). Elle n'emploie pas d'auto-entrepreneurs pour la recharge et la réparation de ses appareils, mais des intérimaires travaillant à temps plein pour elle. Dott pense donc avoir ses chances face à ses plus gros concurrents comme Lime et Bird, qui font massivement appel aux auto-entrepreneurs de la recharge. Mais la concurrence devrait s'accentuer aussi sur ce front : ayant senti le vent tourner, la plupart des opérateurs ont promis de changer leurs pratiques.