Adriaan Mol (Mollie) "Nous visons 10 000 clients en France dans les 18 prochains mois"

Ce prestataire de paiement néerlandais est arrivé il y a neuf mois sur le marché français. Son fondateur nous détaille ses ambitions.

JDN. Pouvez-vous présenter Mollie ?

Adriaan Mol, fondateur de Mollie. © Mollie

Adriaan Mol. Mollie est un prestataire de paiement. J'ai créé cette société en raison de la complexité du paiement, en particulier en Europe où il y a beaucoup de moyens de paiement, de cultures et de régulations différents. Mollie est une entreprise tech, je suis moi-même développeur, et pas une institution financière. Sur les 150 salariés, 70 sont ingénieurs. Nous avons développé de bons produits tech et une API moderne. En tant que client, vous avez seulement besoin d'un contrat avec Mollie pour offrir tous les moyens de paiement que vous voulez (Klarna, CB, Bancontact...). Nous avons des clients partout dans le monde mais la majorité est située aux Pays-Bas, en Belgique, en Allemagne et France. L'année dernière, nous avons enregistré plus de 5 milliards d'euros de volumes de transactions. Sur ce critère, notre croissance est de 100% chaque année depuis trois ans. 

Qui sont vos clients ? 

A l'origine, on ciblait les grandes et moyennes entreprises, mais comme notre solution est simple, de nombreuses petites entreprises nous utilisent. Aujourd'hui, nous comptons 65 000 clients en Europe dont des entreprises comme Deliveroo (Pays-Bas, ndlr), Guess ou encore Dyson. En revanche, nous ne ciblons pas les entreprises dites complexes, c'est-à-dire qui ont de vieux systèmes d'information et des trésoreries complexes.

Comment facturez-vous vos clients ?

Vous pouvez retrouver toute notre tarification sur notre site. Nos clients paient à la transaction, il n'y a pas de frais mensuel. Le prix est dégressif en fonction du volume. Nous appliquons une commission différente en fonction du moyen de paiement. Par exemple, iDeal (le moyen de paiement le plus utilisé aux Pays-Bas, ndlr) coûte moins cher que la carte bancaire.

Vous n'êtes pas le seul nouvel entrant sur le marché du paiement. Il y aussi Adyen et Stripe, qui sont très offensifs en Europe... 

Effectivement, nous sommes concurrents de ces deux entreprises. Mais Adyen cible en priorité les très grosses entreprises. Stripe est une société américaine qui adresse très bien son marché mais moins bien l'Europe. Nous sommes une entreprise européenne qui propose de meilleurs produits locaux que Stripe (Mollie assure proposer un ensemble de fonctionnalités plus adapté aux spécificités locales, ndlr) car nous prenons en compte les spécificités de chaque pays. Nous sommes de loin le leader en Belgique et aux Pays-Bas. 

Depuis quand opérez-vous en France ?  

"Nous avons quelques centaines de clients en France dont Cacharel et Lacoste"

Depuis neuf mois. Nous avons quelques centaines de clients en France dont Cacharel et Lacoste. Tous les mois, nous doublons notre base de clients. On veut continuer sur cette voie et faire mieux connaître Mollie. La France et l'Allemagne sont les deux marchés sur lesquels nous allons nous focaliser ces prochains mois. Nous avons déjà neuf personnes dédiées au marché français. Il y a des personnes basées en France (qui travaillent de chez eux, ndlr) et à Amsterdam. Toutes parlent français. D'ailleurs, notre site est en français, ce qui n'est pas le cas de celui de Stripe (il existe une version en langue française du site de Stripe mais pas la partie support client, ndlr). Nous allons recruter des personnes en France et ouvrir un bureau physique.

Quels sont vos objectifs pour le marché français ? 

Maintenir le rythme d'acquisition que nous avons aujourd'hui. Notre objectif est d'atteindre 10 000 clients en France dans les 18 prochains mois, pour que ce soit significatif pour nous.

Vous avez levé 25 millions d'euros quand Stripe a levé 250 millions de dollars à la rentrée. Vous ne vous battez pas avec les mêmes armes… 

Le monde du paiement est très fragmenté, surtout en Europe. Il y a assez de place pour nous, Stripe, Adyen et les acteurs locaux, comme HiPay en France . C'est un marché difficile mais je pense qu'en termes de produit, on est en bonne position.

Avez-vous prévu de proposer une solution en magasin ? 

On se focalise sur le paiement en ligne mais c'est quelque chose que nous regardons. On ne pense pas apporter un terminal à nos clients, ce n'est pas notre business. Mais les terminaux de paiement tels que nous les connaissons disparaîtront d'ici cinq ans. Il y aura juste un device (un smartphone par exemple, ndlr) qui sera utilisé comme terminal en point de vente.

Vous comptez seulement vous focaliser sur du paiement en ligne alors que vos concurrents multiplient les produits dans le paiement mais aussi le crédit. N'est-ce pas risqué ?

Il y a beaucoup de choses qui se passent du côté des néobanques avec Revolut, N26, Monzo… Il y a un gros fossé entre ces acteurs et les banques traditionnelles. Mollie proposera d'ici trois à cinq ans d'autres produits dédiés aux PME comme des comptes bancaires. Nous voulons concurrencer les banques traditionnelles, pas seulement sur le paiement en ligne mais aussi dans le cash management et les devises

Vous voulez devenir une banque ? 

Oui, mais une banque moderne .

Adriaan Mol est le fondateur du prestataire de paiement néerlandais Mollie. Il a cofondé en 2012 MessageBird, une société qui fournit une solution d'envoi de SMS marketing. En 2004, il a fondé un fonds d'investissement basé à Amsterdam : Stash Ventures.