Qard finance la trésorerie des petits e-commerçants

Qard finance la trésorerie des petits e-commerçants Lancée commercialement en juin 2019, cette fintech propose des prêts de moins d'un an aux petits e-commerçants. Elle prépare une levée de fonds de 600 000 euros pour début 2020.

Il y a les fintech qui s'attaquent aux BtoC et celles qui préfèrent se focaliser sur le BtoB, et plus particulièrement les PME. Qonto, October, Payfit, Finexkap… Ces start-up de la finance ont profité des réticences des banques à la prise de risques envers les petites et moyennes entreprises. Ouvrant ainsi la brèche à une nouvelle génération de jeunes pousses qui attaquent ce marché. C'est le cas de Qard, lancée commercialement en juin 2019. Cette fintech française propose des prêts aux petits et moyens e-commerçants qui ont des besoins de trésorerie, soit quelques dizaines de milliers d'euros, pour une durée de 3 à 12 mois. "Les e-commerçants ont des besoins énormes de trésorerie car ils doivent acheter des stocks, et ne récupèrent du cash qu'à la vente ou la livraison. Et en général, les banques ne financent pas le stock", expose Azzedine Chaibrassou, CEO de Qard. 

La jeune société assure octroyer des prêts en 48 heures : 24 heures pour dire oui ou non à un e-commerçant et 24 heures pour réaliser le KYC, processus d'identification d'un client, et virer les fonds dans la foulée. Pour donner une réponse si rapidement, la fintech se base notamment sur des données macroéconomiques comme celles disponibles sur la base Sirene, des données comptables (bilans, comptes de résultat…) mais aussi des données plus business collectées sur les logiciels et sites utilisés par les marchands. Pour ce faire, Qard se connecte par exemple aux marketplaces d'Amazon, Cdiscount, eBay ou encore des logiciels d'e-commerce tels que Magento. "Grâce à toutes ces données, nous pouvons prédire la solvabilité d'une entreprise sur un an", assure Azzedine Chaibrassou, qui compte par la suite développer un moteur de scoring destiné à tout type d'entreprises. 

Plateformes de crowdlending

Aujourd'hui, Qard compte 350 inscrits sur sa plateforme. Tous n'ont pas encore obtenu de financement car elle octroie des prêts via ses fonds propres (elle a un agrément d'intermédiaire financier). Pour l'instant, elle prête entre 40 000 et 50 000 euros par mois. Pour augmenter ses capacités de prêts, elle vient de signer un partenariat avec le géant du change Travelex, via sa filiale Ditto Services qui commercialise depuis quelques semaines une solution crédit court terme destinée aux TPE-PME. 

"Grâce à toutes les données que nous collectons, nous pouvons prédire la solvabilité d'une entreprise sur un an"

En moyenne, les clients de Qard obtiennent 10 000 euros de prêts (il n'y a pas de minimum). La fintech prélève un taux d'intérêt qui varie en fonction de la durée du montant et du prêt. Il commence à 4% mais peut "être plus bas pour les meilleurs dossiers", précise le CEO. Un chiffre qui reste élevé dans un contexte de taux bas en France. Mais les banques n'adressent pas ou peu de si petits dossiers, tout comme les grandes plateformes de crowdlending de type October et Credit.fr. "Etudier un petit dossier prend beaucoup de ressources", fait remarquer Azzedine Chaibrassou. "Un crowdlender nous a même approché pour qu'on s'occupe de leurs petits tickets", ajoute-t-il. Mais pour l'instant, la start-up préfère se focaliser sur sa propre activité.

D'autres grands noms de la fintech et l'e-commerce pourraient faire de l'ombre à Qard. PayPal et Amazon ont respectivement lancé leur offre de crédit pour e-commerçants il y a quelques années. Tous deux ont déjà octroyé plusieurs milliards de dollars à leurs clients. Aucun n'est encore présent en France mais Amazon a déjà indiqué à plusieurs reprises son intérêt pour l'Hexagone. Le prestataire de paiement Stripe a quant à lui lancé une offre de prêt, baptisée Stripe Capital, en septembre dernier aux Etats-Unis mais n'a pas encore prévu de lancement en Europe. Tous ont l'avantage de connaître finement les activités de leurs clients. "Si l'un d'eux veut se lancer en France, on pourrait travailler avec eux puisque nos clients utilisent plusieurs plateformes", avance le CEO.

Pour accélérer son activité et recruter, Qard (quatre salariés) prévoit de boucler une première levée de fonds en février prochain. Elle espère octroyer 10 millions d'euros de prêts d'ici la fin de l'année prochaine et conquérir entre 800 et 1 100 clients.