L'open source, le choix gagnant pour réussir son projet IoT

L'open source, le choix gagnant pour réussir son projet IoT La technologie s'impose à tous les niveaux dans le domaine des objets connectés. Pour bâtir une stratégie business basée sur l'open source, le premier conseil est de bien définir sa proposition de valeur.

Au cœur des débats sur les OS embarqués ou sur l'open hardware, l'open source doit être considéré comme une véritable stratégie de marché dans l'IoT, selon la fondation Eclipse. La technologie favorise en effet la mise sur le marché en permettant aux acteurs de tester rapidement les possibilités d'une solution. "L'open source est un accélérateur pour les petites entreprises, cela leur permet de générer rapidement de la valeur et elles sont maître de leur business-modèle en n'étant pas dépendantes de licences propriétaires", constate Nicolas Gaudillière, CTO de Capgemini Invent en France. L'autre aspect de cet atout est sa capacité à accélérer le passage à l'échelle, "devenu le maître-mot dans l'IoT" d'après les constats de l'éditeur Energisme.

Un exemple avec la start-up bordelaise Luos, qui permet de faire fonctionner des systèmes complexes comme des robots de manière similaire à de simples capteurs IoT. Elle a placé dès sa création en 2018 l'open source au cœur de sa technologie "pour que les ingénieurs qui l'utilisent puissent en comprendre le fonctionnement et pour que la sécurité soit garantie", précise Nicolas Rabault, son CEO et cofondateur. Cette stratégie lui permet de comptabiliser plus d'une centaine d'utilisateurs. "On parle beaucoup de souveraineté en ce moment, l'open source permet justement de garantir la qualité, la sécurité et l'autonomie des solutions", confirme Nicolas Gaudillière, de Capgemini.

De même, la société française Arcure mise désormais sur l'open source pour développer sa stratégie. Elle est en train de développer une bibliothèque d'applicatifs 3D pour la stéréovision, basée sur de l'open source. "Il s'agit du meilleur moyen pour que les développeurs aillent le plus vite possible et pour nous permettre de proposer une solution sur le marché dès cette année 2021", explique Franck Gayraud, son directeur général, qui s'appuiera sur sa communauté d'utilisateurs pour faire évoluer les briques par la suite. Pour lui, le time to market est crucial. D'autant qu'une dizaine d'industriels sont déjà intéressés par la solution. "L'open source est la clé pour répondre au mieux aux besoins de nos clients car les utilisateurs adapteront nos codes sources à leurs applications, par exemple pour faire du surface mapping", poursuit-il. Grâce aux standards ouverts, l'open source assure aux clients l'interopérabilité avec leurs solutions existantes. Les premiers résultats de la solution sont attendus pour 2023.

Pour faire de l'open source un élément de stratégie business, les acteurs interrogés conseillent à leurs homologues de réfléchir à leur proposition de valeur. "Réaliser un projet IoT en open source ne signifie pas que tout est accessible. Il faut laisser en accès libre le socle commun et protéger ce qui fait sa plus-value", indique Christophe Brunschweiler, directeur de la business-unit Embedded & Connected Systems chez l'intégrateur français Smile. De nombreuses entreprises sont réticentes à utiliser l'open source par crainte de devoir laisser tout leur code accessible et de perdre la maîtrise de leurs données (lire notre article "Projets IoT : l'open source fait encore peur aux industriels"). "Il y a toujours une crainte que les efforts de R&D soient disponibles à la concurrence et que cela ne permette pas à la solution d'être rentable. Je conseille donc de bien établir la frontière entre les briques de base et celles liées à son savoir-faire. Quand on sait faire ce découpage, l'open source ne peut être que positif", indique Franck Gayraud, chez Arcure.  

Impliquer les équipes juridiques

Règne également une peur concernant la perte de la propriété intellectuelle d'un projet. "Cet argument prouve que les entreprises qui y font référence ne comprennent pas le fonctionnement de l'open source car la technologie ne s'oppose pas au dépôt de brevets et ne signifie pas que les services développés seront gratuits", explique Nicolas Rabault, qui a fait breveter les technologies de Luos. Capgemini recommande ainsi d'impliquer dès le départ les équipes juridiques pour les aider à définir ce qui est partagé et anticiper les changements de licences.

Les perspectives sont importantes dans ce secteur, la technologie est en effet présente sur toute la chaîne de valeur de l'IoT. "Du hardware au réseau, où LoRaWAN a le vent en poupe, en passant par les gateway qui font la part belle à Linux et bien sûr les plateformes logicielles, où l'open source est présent depuis longtemps", énumère Cédric Ravalec, embedded & IoT business line manager chez Smile. Bosch s'est par exemple appuyé sur l'open source pour développer son activité Smart Home. Une stratégie gagnante puisque la marque allemande se classe en deuxième position pour ses produits satisfaisant le plus les Français, selon une étude de OnePoll pour le distributeur en ligne d'électronique reichelt elektronik.

Pour Nicolas Gaudillière, chez Capgemini Invent, il est un autre argument en faveur de l'open source concernant l'aspect économiques : l'attractivité des entreprises pour les talents. "Les développeurs talentueux aiment participer aux projets open source, tirer parti de ce que les autres peuvent apporter pour développer un projet ou partager leur savoir-faire. L'open source, c'est de la création de valeur, mais aussi de la formation, du développement de carrière. Il ne faut pas le restreindre à un sujet tech."

L'open source devient si omniprésente que les événements se multiplient sur cette thématique pour encourager son essor, tels que le Live Embedded Event, qui s'est tenu en décembre 2020, ou l'Open Source Experience, qui sera organisé pour la première fois en même temps que le salon Sido les 9 et 10 novembre prochain à Paris. La Fondation Eclipse a pour sa part déménagé son siège en Europe pour fédérer davantage les acteurs autour de ce sujet. Et Gaël Blondelle, son vice-président en Europe de conclure : "L'une des clés pour mettre toutes les chances de son côté dans un projet open source n'est pas seulement d'utiliser des briques, mais de contribuer à son développement."