Morfo lève 4 millions d'euros pour internationaliser sa solution de reforestation par drones

Morfo lève 4 millions d'euros pour internationaliser sa solution de reforestation par drones La start-up française à impact, qui utilise des drones et de la computer vision pour la reforestation des écosystèmes dégradés en zones tropicales, compte ouvrir un bureau au Brésil et au Gabon.

La reforestation ne se limite pas à la plantation d'arbres, il s'agit d'un processus complexe d'analyse des sols et des interactions pour restituer l'écosystème naturel. Un savoir-faire dans lequel s'est spécialisée la start-up française Morfo, qui annonce ce jeudi 8 décembre une première levée de fonds de quatre millions d'euros. Ces fonds vont lui permettre de recruter 22 nouveaux collaborateurs en 2023, d'ouvrir des bureaux au Brésil et au Gabon, mais aussi de développer sa R&D.

L'action de Morfo sur les écosystèmes dégradés s'effectue en quatre étapes : les drones sont envoyés en reconnaissance sur la zone pour collecter des images, qui sont ensuite couplées à de l'imagerie satellite, lidar et multispectrale pour dresser un profil de la forêt à reconstituer. Dans un deuxième temps, Morfo use de son expertise pour déterminer à l'aide de sa brique technologique agritech les meilleures essences à sélectionner. Des capsules de semences contenant des éléments nutritifs sont disséminées à l'aide des drones dans un troisième temps. Enfin, dernière étape et non des moindres, le suivi dans le temps de l'évolution des plants par un monitoring précis.

L'efficacité opérationnelle de la solution de Morfo, couplant drones et computer vision, a séduit les investisseurs, à savoir les fonds Demeter et Raise Ventures, ainsi qu'AFI Ventures, TeamPact Ventures et quatre business angels. Les drones peuvent en effet accéder à des zones escarpées et planter chacun 180 capsules par minute sur 50 hectares par jour. "Avec notre solution, la plantation est 50 fois plus rapide qu'une solution de reforestation classique, et sans recourir à des mois de croissance en pépinière", met en avant Adrien Pages, co-fondateur de Morfo.

Déjà 130 hectares restaurés 

Morfo a choisi de se concentrer sur les zones tropicales, où les enjeux sont les plus importants. Elle a mené plusieurs expérimentations en Afrique et en Amérique latine, dont l'une depuis février dernier avec le groupe minier Eramet au Gabon pour restaurer la biodiversité sur un gisement après son exploitation. "Reforester nécessite de faire face à quatre grands challenges : comprendre l'écosystème – c'est-à-dire déterminer le niveau des sols, la typicité des essences, les interactions avec les hommes et les insectes, etc. –, identifier la bonne période où planter, faire face aux coûts et assurer un suivi sur le long-terme", détaille Adrien Pages, fort de ses premières expériences.

"Reforester, ce n'est pas seulement lutter contre le réchauffement climatique, c'est aussi préserver des ressources et éviter des maladies"

La jeune start-up a développé deux modèles d'affaires. Elle se propose soit de restaurer des zones de forêt, qui ont brûlé par exemple et n'ont pas de financement, en levant des fonds privés, soit elle opère pour des donneurs d'ordre avec une solution tout en un, à un prix fixe d'installation auquel s'ajoute un prix fixe à l'hectare et un abonnement annuel sur la durée. L'un des arguments commerciaux de Morfo est de participer à la compensation carbone des entreprises. "Reforester, ce n'est pas seulement un moyen de lutter contre le réchauffement climatique, c'est aussi préserver des ressources et éviter des maladies", rappelle Adrien Pages.

Créée en janvier 2021 par Adrien Pages, Hugo Asselin et Pascal Asselin qui souhaitaient mener un projet à impact environnemental, Morfo a déjà contribué à la reforestation de 130 hectares depuis décembre 2021, date à laquelle elle a mené sa première opération en Guyane, et prévoit d'atteindre 300 hectares début 2023. Morfo bénéficie du soutien scientifique en France de l'INRAE, de l'IRD et du Cirad. Des collaborations sont menées avec l'entreprise brésilienne d'agronomie Embrapa et l'université de Sao Carlos UFScar. L'ambition de la start-up est d'avoir restauré plus de 1 000 hectares fin 2023 : "Les besoins sont énormes, plus de 900 millions d'hectares pourraient être restaurés sur le globe", conclut Adrien Pages.