Tracking, smart grid et smart city, le LTE-M devient le nouveau réseau star de l'IoT
Ce fut une des surprises de l'édition 2023 de la galaxie IoT publiée par le JDN : le bond des entreprises ayant recours au LTE-M pour leurs projets IoT. Une progression telle que ce réseau IoT basé sur des bandes 4G se hisse désormais au niveau du Wifi. Cette forte adoption en 2022 est confirmée par les trois opérateurs joints par le JDN. Orange par exemple a doublé son parc LTE-M ces douze derniers mois et compte plusieurs centaines de clients, représentant des centaines de milliers de connexions. "On sent bien un réel engouement. L'avantage du LTE-M est d'être une connectivité couteau suisse qui répond aux besoins d'une large plage de clients", réagit Grégoire de Changy, responsable marketing de l'équipe IoT Connect chez Orange, rappelant l'accessibilité des prix des terminaux, la bonne pénétration réseau et les fonctionnalités de veille du LTE-M.
La raison à ce récent enthousiasme : "Nous sommes dans une année charnière avec la fin annoncée des réseaux 2G par l'ensemble des opérateurs (fin 2025 pour Orange, fin 2026 pour Bouygues Telecom et SFR, ndlr). Pour les entreprises clientes, c'est le moment de trouver une alternative pérenne et elles basculent sur du LTE-M, qui dispose d'une bonne couverture nationale", analyse Bernardo Cabrera, directeur d'Objenious, la marque IoT de Bouygues Telecom dont le réseau LTE-M couvre 99% de la population française.
"Nous avons opté pour le LTE-M pour la pérennité"
C'est le cas notamment d'Ubiwan, éditeur de logiciel de gestion de flotte français, qui massifie depuis l'année dernière ses solutions en LTE-M. L'arrêt annoncé de la 2G et du réseau LoRaWAN d'Objenious a accéléré sa migration vers du LTE-M afin de bénéficier d'une technologie pérenne disponible à l'échelle mondiale. "Nous ne pouvons pas nous permettre de demander à nos clients de nous ramener leurs véhicules pour changer régulièrement de technologie. Nous avons opté pour le LTE-M pour cette pérennité. Nous avons été agréablement surpris par la facilité de déploiement et la qualité de connexion", souligne David Babin, son CEO avant de préciser : "Avec le réseau LoRaWAN, le taux de réception des messages était de 90%, avec le LTE-M, nous atteignons les 95%." Troisième argument de satisfaction : le compromis énergétique. "Le LTE-M consomme plus que LoRa ou Sigfox mais avec ses fonctionnalités de veille profonde quand l'objet connecté ne se déplace pas (avec le Power Saving Mode et l'Extended Discontinuous Reception, ndlr), nous ne perdons que 5% sur la durée de vie des batteries", souligne David Babin.
Les opérateurs travaillent à ce propos sur une nouvelle fonctionnalité d'optimisation du réseau LTE-M, renforçant davantage la fiabilité du réseau pour éviter la perte d'informations sur le mode veille PSM. "Nous allons par ailleurs optimiser le spectre radio pour rendre l'expérience utilisateur et la qualité de la connectivité meilleure", annonce Grégoire de Changy.
"Les constructeurs nous fournissent directement des puces bi-modes"
Le tracking en mobilité est l'un des usages majeurs du déploiement du LTE-M parmi les clients de Bouygues Telecom, mais aussi de SFR, avec la gestion de flotte comme Ubiwan mais aussi le suivi d'animaux ou de personne. Bernardo Cabrera observe justement sa massification en médecine dans la téléassistance, mais aussi dans les smart grids et la smart city, pour la relève de compteurs ou la gestion des déchets. Dans cet usage, Objenious accompagne notamment SylviaCare, qui déploie des capteurs en LTE-M pour la détection de feux de forêt. De son côté, l'entreprise française Heyliot, qui conçoit des solutions intelligentes de collecte des déchets, commercialisera cet été une nouvelle version de sa sonde de remplissage intégrant le LTE-M. Pour son CEO Cyril Pradel, le LTE-M permet "une planification plus efficace des tournées de collecte" par une transmission des données plus fiable et rapide.
Autre atout du LTE-M pour les clients est son usage en multiconnectivité, la puce permettant de basculer et de communiquer en NB-IoT. "Les constructeurs nous fournissent directement des puces bi-modes, cela nous permettra de basculer sur du NB-IoT si dans un pays ce réseau est davantage utilisé", constate David Babin. Un atout également pour les clients LTE-M d'Orange, dont un tiers ont des activités à l'international. "La 5G stand-alone pour l'IoT sera orientée sur des usines ou des campus de bâtiments. Elle ne remplacera donc pas le LTE-M, voué à durer dans l'IoT. La croissance future du LTE-M est donc certaine", assure Grégoire de Changy. La prochaine étape aux yeux de David Barbin sera de renforcer le roaming en LTE-M.