Avec Greencityzen, les camps de réfugiés peuvent garantir la chaîne de l'eau

Avec Greencityzen, les camps de réfugiés peuvent garantir la chaîne de l'eau L'entreprise française a été sélectionnée par l'ONU pour superviser la chaîne de l'eau, du forage à la distribution, dans les camps de réfugiés, et assurer une bonne distribution aux populations.

L'accès à l'eau potable est une problématique toujours plus forte en Afrique, en particulier dans les camps de réfugiés où l'approvisionnement est critique. En mai dernier par exemple, une épidémie de choléra s'est déclarée dans l'un des plus grands camps de réfugiés d'Afrique de l'Est, le camp Dadaab au Kenya, en raison d'une diminution des approvisionnement en eau et des assainissements. Pour faire face à cette situation et assurer une meilleure gestion de la ressource, l'IoT se révèle un outil clé. C'est ce qu'entend démontrer l'entreprise française Greencityzen, qui s'apprête à monitorer la chaîne de l'eau dans des camps de réfugiés d'une quinzaine de pays.

L'initiative de Greencityzen a débuté en réponse à un appel à projet de l'ONU fin 2019. "L'objectif est de superviser et de sécuriser l'accès à l'eau potable pour les réfugiés à l'aide d'une solution durable qui économise la ressource", explique Alexandre Boudonne, son DG. Un premier projet pilote a été mené en Ouganda pour démontrer l'apport de la technologie à différentes étapes.

Un camp de réfugié doit d'abord faire face à une situation d'urgence. "L'approvisionnement en eau se fait à ce moment-là par camion. Des capteurs IoT ultrason sont placés sur les cuves pour s'assurer de l'approvisionnement et suivre la distribution", précise Alexandre Boudonne, avant d'ajouter : "Quand un forage est ensuite réalisé de manière pérenne, nous monitorons toute la chaîne, du pompage à la distribution." Un forage est équipé d'une dizaine de capteurs, qui surveillent le niveau des nappes, le bon fonctionnement de l'installation de pompage avec notamment des capteurs de pression, ou encore la qualité de l'eau par l'analyse de sa turbidité, sa conductivité ou son niveau de chlore.

Une solution pour divers bénéfices

Le pilote a permis d'identifier les problématiques des projets IoT appliqués au contexte de l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR). "L'écueil classique est de sous-estimer la supervision et la maintenance du matériel. L'exploitation ne se fait pas seule dans le temps. Or, la défection d'une pièce peut vite engendrer des problème logistique", confie Alexandre Boudonne. Car en Afrique, "moins de 30% des villes ont un accès bitumé", met en avant Jean-Michel Huet, associé spécialiste de l'Afrique chez le cabinet de conseil BearingPoint. Ce défaut de maintenance est renforcé par la perte de compétences : "Une autre difficulté réside dans le turn-over des sous-traitants intervenant pour le compte de l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés, qui n'ont pas forcément l'opportunité de passer le relais à leurs successeurs", constate Alexandre Boudonne, qui a dû veiller à la simplicité d'usage des solutions et qui se rend régulièrement sur place pour former les membres de l'UNHCR. Jean-Michel Huet met également en garde contre les challenges météorologiques : "Les camps de réfugiés, au Soudan ou en Somalie, font face à de fortes chaleurs et à de la poussière venant du désert, néfastes pour l'électronique."

Ces difficultés surmontées, le projet a pu se démultiplier. Greencityzen a d'ores et déjà installé plus d'un millier de capteurs dans une quinzaine de pays en vue de passer à l'échelle. Et les résultats ont commencé à faire leurs preuves. Le premier gain concerne l'efficacité opérationnelle du forage. "Quand le système de pompage se met en route, s'il y a un trop plein cela conduit à un débordement et donc à de l'eau perdue. L'IoT permet de régler le fonctionnement en fonction des niveaux", indique Alexandre Boudonne. Une bonne gestion conduit à des économies pour l'ONU, quand on sait qu'un approvisionnement en eau en urgence par camion peut coûter jusqu'à deux millions de dollars par mois. Greencityzen peut également garantir la préservation de la ressource, un argument de taille face aux situations de sécheresse. "Dans un camp de réfugiés au Cameroun, notre solution IoT a pu identifier une fuite d'eau, plus de 2 000 litres d'eau s'échappait chaque nuit", fait valoir Alexandre Boudonne. Les solutions avec radio bas débit de Greencityzen permettent par ailleurs d'assurer un faible impact environnemental, les gateway en LoRaWAN étant alimentées par des panneaux solaires.

Si le projet de Greencityzen n'est pas le premier dans un camp de réfugiés, le secteur offre de nombreuses opportunités pour les entreprises françaises : "Dans le secteur de l'eau, il y a encore beaucoup à faire en amont de la distribution. Et il faut aussi penser aux différents usages : l'eau potable sert aussi à se laver, à alimenter les toilettes. Il y a aussi les questions d'irrigation, le riz étant la céréale de base sur le continent", souligne Jean-Michel Huet, alors que s'ouvre la conférence sur le réchauffement climatique, la COP28 à Dubaï ce jeudi 30 novembre.