Babord et Tribord, Nutella, Dilleur…voici les prénoms les plus insolites qui ont été interdits par l'état civil
Dans les bureaux feutrés des mairies où s'enregistre chaque naissance, des histoires de prénoms se jouent souvent loin des regards. Depuis la loi du 8 janvier 1993, la France autorise une grande liberté dans le choix du prénom. Pourtant, cette ouverture connaît une limite bien précise : l'intérêt supérieur de l'enfant. Ce principe, posé par la loi, guide l'état civil qui peut, dans certains cas, refuser des prénoms trop originaux.
Prénommer un enfant, c'est souvent vouloir transmettre une histoire, une originalité, ou affirmer une différence. Mais la société considère que ce geste ne doit pas devenir un fardeau pour l'enfant. Dès la déclaration de naissance, l'officier d'état civil peut alerter le procureur s'il estime qu'un prénom porte préjudice à l'enfant. S'ensuit une procédure pouvant aller jusqu'au tribunal afin que la justice tranche.
La loi française ne prévoit aucune liste officielle de prénoms interdits. Elle pose simplement le principe que tout prénom est autorisé, sauf s'il nuit à l'enfant ou au droit d'un tiers. Ce sont donc souvent des critères de bon sens qui guident les refus. Sont ainsi refusés les prénoms aux références commerciales, jugés grossiers, ou susceptibles de provoquer gêne et moqueries.

Au fil des ans, l'imagination des parents a donné lieu à des propositions étonnantes. En Bretagne, des jumeaux auraient pu s'appeler Babord et Tribord, mais les autorités ont tranché : ces noms pourraient les exposer à de la dérision. À Valenciennes, une petite fille a failli s'appeler Nutella, mais la justice a empêché d'associer l'enfant à une célèbre marque. Mini-Cooper, Fraise ou encore Dilleur – inspiré du mot "dealer" – ont connu le même destin.
L'inspiration ne s'arrête pas là. Griezmann Mbappé, Titeuf, Bob l'éponge ont été refusés. Des prénoms comme Clafoutis, Excel ou CR7 n'ont pas convaincu non plus. Ce n'est pas mieux à l'étranger. En Suède, Ikea ou Metallica ont été refusés. Quant à l'Allemagne et la Nouvelle-Zélande, leurs autorités ont strictement interdit le prénom Lucifer.
En France, les refus restent rares mais sont emblématiques. L'affaire Mégane Renaud, dont les parents ont réussi à faire accepter le prénom après un passage devant la justice, prouve que chaque situation est analysée au cas par cas. Entre originalité et protection de l'enfant, l'état civil cherche l'équilibre. Loin de brider la fantaisie, il rappelle que le prénom, s'il marque une identité, doit avant tout respecter celui qui le portera toute sa vie.