Cette entreprise gagne de l'argent en clonant vos collègues de travail

Cette entreprise gagne de l'argent en clonant vos collègues de travail Une start-up promet de répondre à la place de vos collègues. Son secret : des jumeaux numériques entraînés sur leurs mails et documents.

Imaginez la scène : vous êtes bloqué sur un projet urgent au travail. Julie, la seule personne qui sait où se trouve le dernier fichier important, est en congé dans les îles grecques. Impossible de la joindre. D'habitude, vous attendez son retour en espérant que votre patron ne découvre pas le temps perdu. Et si Julie pouvait quand même vous répondre sans quelle le sache ?

L'idée est déroutante et terriblement pragmatique : créer un système qui copie le contexte, les décisions et le savoir opérationnel d'un salarié pour pouvoir répondre à sa place quand il n'est pas joignable. Un clone numérique, donc, de ce salarié. C'est exactement ce que propose Viven, une start-up californienne qui vient d'obtenir 35 millions de dollars de la part d'investisseurs..

Le principe consiste à entraîner, pour chaque personne de l'entreprise, une 'intelligence artificielle capable d'agir à sa place.  Concrètement, le "clone" apprend à partir des échanges et documents professionnels. Les e-mails, les messages instantanés, les notes et dossiers partagés deviennent autant d'indices pour reconstruire le fil des décisions et l'emplacement des ressources. Ce double numérique n'improvise pas : il recherche, croise, puis restitue l'information déjà présente dans les données internes de l'entreprise. Vous pouvez lui demander ce que votre collègue pensait de la version 3 d'un projet, ou lui demander où se trouve la dernière présentation envoyée au client X. La réponse remonte dans le ton et avec le contexte attendu.

Sur le terrain, la promesse est simple à comprendre. Plus besoin d'attendre une validation ou une information, les projets continuent d'avancer quand l'équipe est dispersée entre fuseaux horaires, quand les urgences se multiplient, ou tout simplement quand la personne clé est dans un train sans réseau. 

Reste la question qui fâche : jusqu'où peut aller un clone de travail ? Tout ne peut évidemment pas être partagé à tout le monde, et la frontière entre l'utile et le sensible doit être finement tracée. Pour encadrer cet usage, la technologie applique des règles de confidentialité qui tiennent compte de la relation entre la personne qui interroge et celle dont le jumeau est sollicité. Autre garde-fou clé : chacun peut consulter l'historique des requêtes adressées à son propre double, ce qui dissuade de poser des questions déplacées.

Dans les témoignages mis en avant par la start-up, les salariés décrivent moins un assistant qu'un "contrepartie" de confiance, capable de rappeler les décisions, d'exhumer le contexte éparpillé entre outils et de connecter les bonnes personnes au bon savoir. Ils évoquent des bénéfices mesurables en productivité, mais aussi plus humains: moins de temps passé à chercher, plus de temps pour penser; une collaboration plus fluide à travers les fonctions et les fuseaux.