Positionnement et postures spécifiques du manager à distance

Aujourd'hui, plus de 25 % des managers doivent encadrer des collaborateurs qui ne partagent pas les mêmes locaux. Et ce pourcentage va profondément augmenter dans les prochaines années. Cet article apporte des éclairages sur le positionnement et les postures à privilégier.

Un niveau d'exigence accru

Dans tous les métiers, le niveau d'exigence s'accroît du fait de la complexité liée à la distance, une gestion du temps plus contraignante et une plus forte attente relationnelle. En effet, la distance géographique génère à la fois une distance opérationnelle puisque le pilotage, la coordination et le suivi des actions est plus délicat à gérer mais aussi une distance émotionnelle provoquée par l'isolement et l'affaiblissement du sentiment d'appartenance.

Cet état de fait provoque un niveau d'exigence dans le domaine de l'anticipation et du pilotage car le manager ne peut pas prendre le risque de subir les événements en laissant une trop grande part à l'improvisation. Cela ne veut pas dire qu'il doit avoir la prétention de tout maîtriser car il découvre très vite qu'une telle ambition devient rapidement vélléitaire.  La capacité à hiérarchiser ses priorités et à s'investir sur les activités à forte valeur ajoutée incarne le savoir faire mais aussi le savoir être du manager à distance.

Un positionnement différent

Habituellement, un manager consacre une partie conséquente de son temps de travail à produire lui même et gérer au quotidien la production de ses collaborateurs. Il participe activement à la gestion de la charge de travail, coordonne et veille au suivi des activités, intervient aussi dans le traitement des aléas et des litiges. Rien de tout cela n'est plus possible pour un manager à distance (ou alors à dose homéopathique) car il n'a plus la disponibilité, ni la proximité suffisante pour intervenir dans le bon tempo.  La distance limite la réactivité et oblige le manager à distance à situer plus en amont sa valeur ajoutée. Il peut avoir l'ambition de maîtriser les processus de travail mais pas le traitement des activités elles-même.

Sa valeur ajoutée se situe dans la capacité de penser le système d'organisation dans sa globalité, la répartition des activités pour rendre fluide et réactive l'organisation, faute au quotidien de pouvoir l'être lui même. Il devient par nécessité un architecte et un chef d'orchestre, faute de pouvoir être un capitaine d'équipe. Il fait confiance au talent des collaborateurs mais le rôle de chacun est clairement défini pour que celui-ci s'exprime dans un cadre collectif.

La clarté du processus de prise de décision et de gestion de l'information illustre parfaitement cette contribution du manager à distance qui va savoir par ailleurs apprendre à utiliser au mieux le travail collaboratif et l'intelligence collective.

Des postures spécifiques

Dans ce métier, la capacité à être présent sans être omniprésent est fondamentale.  En effet, la relation de confiance que  va savoir instaurer un manager avec ses collaborateurs distants, doit lui permettre de se fondre efficacement dans le fonctionnement quotidien.  

En tirant profit de l'expérience, il va faire évoluer par des retouches successives l'organisation en place et le niveau de coopération interne et externe. Un manager à distance est un homme de réseau et la cohésion de son groupe doit se faire en cohérence avec l'environnement professionnel.

L'écoute et le sens de l'observation sont des postures qu'il doit particulièrement cultiver dans son métier et la communication informelle est une clé de la réussite. C'est bien à travers elle que l'on apprend et que l'on cultive la relation.

Le management à distance s'inscrit dans un management par objectif et il developpe à travers cela la culture du résultat et de la responsabilisation ; mais c'est aussi un management par les valeurs qui vise le développement de la coopération