Métiers du numérique : #ellesaussi

Les femmes ne représentent que 27,5 % des emplois du numérique. Entreprises et organismes de formation doivent se mobiliser pour corriger cette anomalie.

Les idées reçues ont la vie dure. Bien qu’il soit absurde de prétendre que les femmes ne sont pas faites pour exercer des métiers techniques - et rares sont ceux qui le soutiennent encore -, la réalité des faits, constatée sur le terrain, est que sur 200 candidatures que reçoit une entreprise du numérique comme celle que je dirige, seules 10 à 20 émanent de femmes. Et au plan national, les femmes ne représentent encore que 27,5 % des emplois du numérique, malgré de nombreuses initiatives pour faire augmenter cette proportion, notamment à l’initiative du Syntec Numérique. Alors que notre industrie est confrontée à une réelle pénurie de main d’œuvre, cette situation confine au non-sens. Il faut donc trouver les moyens d’y remédier et faire en sorte que, depuis l’école jusqu’à l’entreprise, chacun se mobilise pour attirer davantage de femmes vers les métiers du numérique.

Cela implique d’abord un réel effort des institutions d’éducation et de formation. Aujourd’hui, rien n’est fait pour sensibiliser les jeunes étudiantes aux métiers numériques. Il faudrait donc que ces institutions s’emparent du sujet et lancent des campagnes de communication afin d’inciter les femmes à se porter candidates dans ces filières. D’autant que la réalité de ces métiers est bien différente de l’image qui en est parfois véhiculée, où l’austérité et la complexité des tâches sont trop souvent exagérées. Les métiers du numérique sont aujourd’hui d’une extraordinaire diversité et impliquent des compétences elles aussi diverses : le savoir-faire technique, évidemment, mais aussi de la créativité chez les designers et ergonomes de l’expérience utilisateur (UX/UI), directeur(trice)s artistiques, analystes de données, community managers, responsables multicanal issus du marketing et de la communication, etc.

Compétences complémentaires

Les projets de transformation numérique dans lesquels sont engagés nos clients offrent des opportunités nombreuses et diversifiées, dans lesquelles les connaissances en informatique, mais aussi la rigueur dans la conduite d’un projet, la qualité de la relation humaine au sein d’une équipe, sont des ingrédients très importants. Et même sans culture scientifique ou technique de base, il est tout-à-fait possible, en quelques mois, de se former aux métiers du numérique, surtout si l’on est un digital native. Cette compétence acquise peut fort bien en compléter d’autres, dans des secteurs différents, ce qui augmente encore « l’employabilité » puisque les entreprises recherchent particulièrement aujourd’hui cette double compétence, alliant la connaissance d’un métier ou d’une industrie et un savoir-faire informatique ou digital.

Il n’existe donc aujourd’hui aucune raison objective pour que les femmes n’investissent pas plus massivement les métiers du numérique. Mais il faut aussi que les entreprises soient plus pro-actives dans ce domaine, par exemple en s’investissant davantage dans la formation de femmes aux métiers du numérique, comme nous l’avons fait pour vingt techniciennes de support informatique, dans le cadre d’une Préparation Opérationnelle à l’Emploi Individuelle (POEI, issu de la Loi « Avenir Professionnel » du 5 septembre 2018). Ensuite, il faut s’assurer que ces femmes se voient ménager un parcours professionnel attractif avec une montée en charge dans le niveau de responsabilité et en leur garantissant de pouvoir accéder à des fonctions d’encadrement et de direction.

Prioriser l’embauche de femmes, les former, les promouvoir : c’est sur ce chemin vertueux qu’il nous faut tous accélérer afin de corriger une anomalie qui peut se transformer en une fragilité pour nos entreprises.