Entreprise cherche collaborateurs créatifs… désespérément !

Les classements des compétences les plus recherchées publiés par le WorldForum et par LinkedIn placent la créativité comme l'une des "soft skills" que les candidats doivent avoir pour décrocher un poste en entreprise. Ces classements révèlent à quel point les entreprises interrogées méconnaissent la créativité : elles demandent aux candidats s'ils sont créatifs, alors qu'en réalité tout le monde l'est !

Les classements des compétences les plus recherchées publiés par le WorldForum et par Linkedin, placent la créativité comme l'une des "soft skills" que les candidats doivent avoir pour décrocher un poste en entreprise.

Sur le principe, cette envie d’intégrer de nouveaux collaborateurs créatifs part d'une très bonne intention. Les entreprises prennent de plein fouet ce que l’on appelle le monde VUCA - Volatility, Uncertainty, Complexity and Ambiguity. Elles doivent pour continuer à se développer, voire survivre pour certaines, s’adapter et innover. Pour atteindre ces objectifs, elles ont besoin de s’appuyer sur des collaborateurs agiles et créatifs capables d’être force de propositions et de solutions nouvelles.

Ces classements révèlent aussi à quel point les entreprises interrogées méconnaissent la créativité ! Elles demandent aux candidats s’ils sont créatifs, alors qu’en réalité tout le monde l’est !

Parce que, oui : nous sommes TOUS créatifs !

C’est un fait : nous avons tous en nous la fibre de la créativité ! 
Elle ne s'exprime pas forcément de la même façon chez chacun de nous. Et comme un muscle, elle nécessite de l’entrainement, de l’entretien et de quoi se nourrir. Les collaborateurs qui ne semblent, à première vue, pas créatifs, sont en fait des personnes qui ne s'autorisent pas à l'être.

Leur mode de pensée est généralement centré sur d’autres phases de la créativité que celle de l’idéation que nous associons communément  à la créativité : la compréhension fine de la problématique, le développement d'une idée, sa réalisation concrète, etc.

C’est en pratiquant la créativité, notamment au travers de l'intelligence collective, que ces personnes comprendront qu'il existe toute une démarche logique rythmée par différents temps, qui amène à être créatifs. Parce qu'être créatif, ce n'est pas trouver l'idée géniale du premier jet,  mais tout d'abord chercher une quantité d'idées, pendant la première phase  du processus d’intelligence collective : c’est la phase de divergence. A ce stade, l’objectif n’est surtout pas de se censurer ni d’analyser la multitude d’idées qui nous viennent à l’esprit. Au contraire, il faut écouter toutes les idées et rebondir dessus. Il y aura un temps, ensuite, pour travailler sur les idées les plus folles et les façonner afin qu’elles puissent entrer dans le contexte organisationnel, budgétaire, social, politique...

Je prends souvent cet exemple pour illustrer les deux temps forts d’un processus créatif :

Imaginez que vous ayez un diamant et que vous deviez réaliser un solitaire. Il n’existe pas de diamant qui puisse se monter directement sur votre bague. Vous allez devoir passer par différentes étapes de taille pour pouvoir le sertir. En créativité, toutes les idées sont des diamants qui ne peuvent pas être implémentées directement mais qui, une fois travaillées, donneront naissance à de fabuleuses pistes.

Au-delà des techniques et des processus qui favorisent la créativité, celle-ci a besoin d’un climat favorable pour s’épanouir.

En effet, si chaque proposition d’idée formulée par un collaborateur donne lieu à des retours du type "Nous n'avons pas le budget" ou "Ça ne passera jamais auprès du comex", il y a fort à parier que même les collaborateurs les plus aguerris ne resteront pas créatifs très longtemps. Les entreprises doivent donc évoluer pour changer leur rapport à la créativité. Elles se doivent de développer des conditions favorables  à la culture de la créativité. Tout cela, avant même de vouloir à tout prix recruter des "collaborateurs créatifs" !

Cela induit un nouveau mode d’organisation, plus ouvert, plus humble, où le manager n’est pas uniquement un expert technique, un "sachant", mais bien un facilitateur du climat créatif. La créativité étant l’affaire de tous, il semblerait que de nombreuses entreprises aient encore un bout de chemin à faire pour l’instaurer au sein de leurs activités.