" Des managers…des vrais, pas des autoritaires " !

Il faut considérer l'employé de base non plus comme un instrument et une force de travail ou un outil, mais comme un partenaire, capable de penser, comme une source d'informations, d'idées d'amélioration et d'adaptation.

Le management, tel que je l’ai étudié et comme on me l’a enseigné tout au long de mon parcours universitaire, peut être défini comme l’art et la manière de gérer et de conduire une organisation, un processus qui va de la planification, de l’organisation, de la direction, au contrôle.

L’histoire a d’abord commencé par Taylor, Fayol et les autres. A l’époque on parlait de l’organisation pyramidale,  on met les têtes pensantes au sommet de la pyramide, et les ouvriers qui exécutent les ordres tout en bas, et ceux qui servent d’intermédiaires au milieu.  Fayol s’est inspiré du modèle du biologiste Gustave Le Bon (1841-1931), en parlant du corps humain comme une pyramide, en mettant en haut le cerveau, maître de toutes les pensées, et en bas les autres organes qui obéissent aux ordres du cerveau, tout comme les salariés qui mettent en action les décisions de la haute direction. Il s’agit certainement d’une inspiration de la pyramide de Platon, premier qui s’est servi d’un modèle pareil pour bâtir la cité idéale d’Athènes, en plaçant les philosophes et les pensants en haut de la pyramide, ensuite les militaires et les guerriers, ensuite les paysans et en bas les esclaves qui doivent suivre le mode de fonctionnement imposé par ceux qui sont en haut.

En 2020, continuer à concevoir et à percevoir une organisation de la même manière est une erreur fatale. Avec tout ce que les autres sciences ont apporté comme la psychologie, la sociologie, les neurosciences, la communication…etc., continuer à gérer une entreprise avec une forme pyramidale dont les gens sont placés les uns au-dessus des autres, les uns au-dessous des autres, cela constitue la pire manière de gérer une organisation, cela ne favorise ni la communication, ni la collaboration, ni l’implication et l’engagement, ni l’épanouissement et plein d’autres éléments qui sont nécessaires au développement et à la performance que peut atteindre une entreprise. En parlant d’une entreprise comme une organisation, il s’agit tout simplement de deux personnes et plus qui sont là pour aboutir ensemble à des objectifs, non pas une contre l’autre, ou une au-dessus ou au-dessous de l’autre, non, il s’agit d’avancer et de travailler ensemble et de former une équipe, en adoptant un style de management basé sur une organisation pyramidale, nous sommes beaucoup plus dans une organisation militaire, dont la communication va du haut vers le bas, et les gens qui sont en bas travaillent en exécutant des ordres sans aucune créativité, en négligeant qu’il s’agit d’êtres humains qui ont un cœur et un cerveau, et cela ne fait que favoriser le mépris, la bureaucratie et la rigidité de la gestion.

Dans le monde d’aujourd’hui, le management a évolué et doit évoluer pour être en rupture avec cette vision classique du management traditionnel qui n’est pas à rejeter complètement mais à moderniser. Il s’agit de considérer l’employé de base non plus comme un instrument, comme des muscles et une force de travail ou un outil, ou comme des pieds comme dans le modèle de Gustave Le Bon, mais comme un partenaire, capable de penser, comme une source d’informations, d’idées d’amélioration et d’adaptations. Il s’agit de quitter le modèle pyramidal pour être dans une sphère comme le modèle du capitalisme industriel et entrepreneurial (L’Allemagne, Le Danemark, le japon, La Corée du sud, la Scandinavie…), en formant des cercles d’intersection pour mieux travailler ensemble, en faisant sentir aux employés qu’ils ne sont pas là rien que pour exécuter des ordres, mais ils peuvent améliorer leur travail en apportant des idées, en ouvrant les frontières des initiatives, pouvoir aller vers les chefs, les directeurs pour proposer des améliorations, car ils sont les mieux placés pour pouvoir améliorer la qualité et la performance, et cela permet d’avoir une communication dans les deux sens, et ça permet aux employés d’être écoutés, consultés et encouragés et construire des équipes qui travaillent ensemble. Il faut dire qu’il s’agit d’êtres humains dans une organisation et non pas des machines, et chacun agit parce que ce qu’il fait a du sens, et ça lui procure du plaisir et car il le fait avec des personnes qu’il apprécie, et l’épanouissement au travail ne passe pas par le management des process mais par l’activation des émotions.

Jeff Gravenhorst, à la tête du géant danois des services ISS, dans le cadre du Company Day qu’il a institué, une fois par an, se met dans la peau de l’un de ses salariés (27000 salariés), il nettoie les toilettes, ou cuisine à la cantine. Le mythe du chef autoritaire, qui a réponse à tout n’existe plus. Le management fondé sur la prévision et le contrôle ne fonctionne plus dans un monde contraint par la concurrence à se transformer de plus en plus vite. Les élites ont perdu le monopole de l’information et la pression des jeunes générations est de plus en plus grande et cela ne fait que favoriser l’incertitude et pousser vers un mode de travail toujours plus collaboratif, pour passer du "command and control"au "trust and develop". Il faut viser le Co-développement et l’intelligence collective en donnant aux équipes les moyens de la performance et non pas fonctionner avec des ordres et des fiches de poste rigides, il faut savoir mobiliser les énergies des équipes, créer des atmosphères favorables à l’entraide et à la création d’un esprit d’équipe, et changer impérativement les manières classiques de management pour s’adapter et aller vers la performance et la réussite. Comme disait Yves Le bihan auteur du "Leader positif" ; la question n’est plus de savoir s’il faut changer nos façons de diriger, mais à quelle vitesse on doit le faire.

En écrivant ces lignes, je me retrouve dans une organisation dont le mode de management n’a rien à voir avec ce que j’écris. Une organisation archaïque et un management classique et pyramidal et je me pose la question :  Pourquoi continuons-nous à gérer les entreprises de cette manière très classique et traditionnelle en adoptant cette organisation pyramidale ? S’agit-il d’une rareté de managers qui peuvent moderniser le management au sein des entreprises  ? Ou ce sont les ressources humaines qui posent problème en termes de culture et de mentalités et qu’on ne peut pas les gérer que d’une manière traditionnelle avec l’autorité et la forme pyramidale ? Quelle relation entre ce qu’on peut enseigner dans les universités et les écoles de management et la vraie réalité des entreprises ?!