Les nouvelles compétences que les recruteurs vont mesurer demain
Les employeurs recherchent désormais des talents dotés de soft skills et d'une AI Readiness forte, clés du futur du travail.
Pendant longtemps, les entreprises ont recruté sur la base d’un diplôme, d’un CV et d’un entretien classique. Mais cette époque touche à sa fin. L’émergence de l’intelligence artificielle, la généralisation du travail hybride et la transformation accélérée des métiers bousculent les repères traditionnels.
Les employeurs ne cherchent plus seulement des compétences techniques : ils veulent désormais savoir comment un candidat pense, apprend, collabore et interagit avec la technologie. Deux nouvelles dimensions deviennent ainsi centrales dans les processus de recrutement : les soft skills et la AI Readiness.
Les soft skills, nouvelle monnaie du travail
Les “soft skills” communication, empathie, créativité, adaptabilité, leadership sont devenues la colonne vertébrale du monde professionnel. Selon le World Economic Forum, 9 compétences sur 10 jugées essentielles d’ici 2027 sont des soft skills, dont la pensée analytique, la curiosité et la capacité à apprendre en continu. Une étude LinkedIn (Global Talent Trends 2024) confirme cette tendance :
- 92 % des recruteurs estiment que les soft skills sont aussi importantes, voire plus, que les hard skills.
- 89 % affirment qu’un manque de soft skills a déjà conduit à un échec de recrutement.
- Et plus de 70 % des entreprises ont désormais intégré au moins un test comportemental dans leur processus d’embauche.
Dans un contexte où les outils numériques automatisent une part croissante des tâches, les compétences humaines deviennent ce qui différencie réellement un talent.
Savoir gérer un projet complexe, écouter, négocier, ou inspirer une équipe : voilà ce que ni les algorithmes ni les robots ne savent faire.
L’ère de l'AI Readiness : collaborer avec la machine
Si les soft skills sont le moteur humain du futur du travail, la AI Readiness en est le carburant technologique.
Ce concept, encore émergent il y a peu, mesure aujourd’hui la capacité d’un professionnel à comprendre, utiliser et collaborer avec les outils d’intelligence artificielle dans son quotidien. Et les chiffres parlent d’eux-mêmes :
- D’après Microsoft Work Trend Index 2024, 75 % des travailleurs dans le monde utilisent déjà un outil d’IA au travail, souvent sans formation officielle.
- 46 % affirment que l’IA leur permet d’être plus productifs et de se concentrer sur des tâches à plus forte valeur ajoutée.
- Mais paradoxalement, 60 % reconnaissent ne pas se sentir “AI ready”, c’est-à-dire capables de tirer pleinement parti de ces outils.
Dans les métiers du marketing, de la finance, du support client ou du développement produit, cette préparation devient essentielle. Savoir rédiger un prompt efficace, automatiser un reporting, générer une image, ou vérifier la fiabilité d’un contenu IA ce sont désormais des réflexes professionnels. La AI Readiness ne signifie pas savoir coder, mais savoir penser avec la machine.
Pourquoi les entreprises commencent à mesurer ces compétences
Face à ces mutations, un nouveau type d’évaluation apparaît : les tests de soft skills et de AI readiness.
Les grands groupes utilisent déjà des outils comme Pymetrics, AssessFirst, Breedj ou HireVue qui combinent psychologie, jeux cognitifs et IA pour évaluer les qualités comportementales d’un candidat.
D’autres, notamment dans la tech et les services, commencent à inclure des scénarios d’utilisation d’outils d’IA dans leurs recrutements.
Par exemple, un marketeur pourra être évalué sur sa capacité à utiliser ChatGPT pour élaborer une stratégie, ou un assistant sur sa maîtrise de Notion AI pour organiser une base de données.
Les entreprises veulent savoir si leurs futurs collaborateurs savent augmenter leur productivité grâce à l’IA, et collaborer avec elle sans en dépendre.
Derrière cette évolution, un constat simple : les métiers changent plus vite que les formations.
Selon McKinsey, près de 50 % des compétences professionnelles seront obsolètes d’ici 2030.
Dans ce contexte, la capacité à apprendre, à s’adapter et à utiliser les bons outils devient la meilleure assurance d’employabilité.
Un changement culturel profond
L’évaluation des soft skills et de la AI Readiness traduit une évolution culturelle plus qu’une mode RH. Elle pousse les entreprises à repenser leurs critères de valeur, à privilégier la curiosité plutôt que la conformité, l’agilité plutôt que la spécialisation. Elle incite aussi les talents à devenir des apprenants permanents, conscients que leur pertinence professionnelle dépend désormais de leur capacité à évoluer avec la technologie.
Certains établissements d’enseignement supérieur et programmes de formation commencent d’ailleurs à intégrer ces dimensions dans leurs cursus : modules d’IA générative, ateliers d’intelligence émotionnelle, simulations de travail collaboratif homme-machine. L’objectif : préparer une génération capable non seulement de s’adapter, mais d’innover dans un monde augmenté.
Vers une nouvelle définition de l’employabilité
L’avenir du travail ne sera pas une opposition entre l’homme et la machine, mais une coopération.
Les soft skills garantiront l’humanité du travail ; la AI Readiness en assurera la pertinence.
Les professionnels capables d’unir ces deux forces deviendront les véritables profils recherchés sur le marché global.
Demain, être “employable” ne signifiera plus seulement maîtriser un métier, mais savoir évoluer dans un écosystème où l’intelligence artificielle est omniprésente. Le diplôme restera une base, mais la curiosité, la résilience et la capacité à collaborer avec l’IA deviendront les nouveaux passeports pour l’emploi.
Alors, face à cette révolution silencieuse, une seule question s’impose : Êtes-vous prêts à être testés non plus sur ce que vous savez, mais sur ce que vous êtes capables d’apprendre ?