Les leçons de 2020 : Le casse-tête de l'enseignement supérieur décodé par l'analyse des données

La démocratisation de la data et son intégration dans la culture de travail en milieu universitaire serait la solution pour améliorer les performances académiques et financières en cette période de crise mondiale.

L’enseignement supérieur n’est pas immunisé face aux conséquences de la pandémie. Avec la baisse des financements publics, une concurrence accrue dans l’attraction des étudiants et le besoin d’adapter le parcours pédagogique aux attentes de demain, les établissements d'enseignement supérieur se trouvent à une période de transition poussée à son paroxysme. Dans une société où la donnée est au cœur des usages, les directeurs de ces établissements s’interrogent alors sur la manière d'utiliser au mieux les vastes quantités d’informations accumulées ces dernières années. Ils disposent en effet d’une mine d'or de données qui, si elles sont utilisées de façon pertinente, peuvent se transformer en connaissances décisionnelles et aider à pérenniser leurs organisations.

Une transformation nécessaire par l'analyse avancée

"Transformer en un temps réduit l’organisation de la mise en place des analyses de données utiles au bon fonctionnement décisionnel" : telle est la priorité des universités et écoles aujourd’hui. La donnée a le potentiel d'améliorer les performances académiques et financières dans une situation où la diminution des budgets se généralise, où l’examen des frais de scolarité est minutieux et où l'apprentissage virtuel est au cœur de l’expérience pédagogique. Elle a la capacité de révolutionner les processus d'admission et de fidélisation des étudiants en tenant compte des perturbations des systèmes universitaires, des restrictions de voyages universitaires et des enjeux financiers.

Ainsi, les établissements d'enseignement supérieur se lancent dans la modernisation de leurs analyses pour répondre à ces enjeux et les démocratisent pour qu'un large éventail de personnes puisse modéliser et comprendre les actions effectuées. La technologie n'est ici qu’un simple rouage, car le changement le plus important concerne la mentalité, la culture numérique, et l’évolution des mœurs.

Placer la culture de la donnée au cœur de l’organisation et des usages

La donnée est devenue indispensable dans notre société. Les membres de l’enseignement supérieur n'ont donc pas été surpris d'apprendre qu'ils devront adopter pleinement la technologie - ce n'est pas seulement dans le contexte de la pandémie où l'enseignement à distance est devenu un élément essentiel de l'apprentissage - mais dans leur fonctionnement quotidien. Parvenir à une adaptation rapide en unifiant les données, les processus analytiques et les personnes est donc la priorité.

En effet, si les défis qui peuvent se poser sont indéniables, les établissements se doivent aujourd'hui d'évoluer et d'intégrer pleinement les technologies digitales dans l'ensemble de leurs activités. La transformation numérique est possible lorsque les mentalités et les procédés évoluent en symbiose. L’action qui prend place au sommet doit voir ses conséquences découler à chaque strate de l’établissement.

L’instauration d'une culture de l'analyse de donnée a deux effets primordiaux. Le premier est l'impact qu'elle peut avoir sur la prise de décision rapide et pertinente ainsi que l'amélioration de toute une série d’opérations. Le second est l’analyse de la fidélité des étudiants aux établissements d’enseignement supérieur dans lesquelles ils étudient. En France, 45% des jeunes âgés de 15 à 29 ans poursuivent leurs études initiales d’après le rapport ministériel de l’année 2019-2020. Ainsi, la collecte et l’analyse des données permettent de connaître le nombre d'étudiants qui ont terminé la totalité de leur cursus, et qui sont repartis avec le diplôme qu'ils avaient ciblé initialement.

Les universités tournées vers l'avenir en récoltent déjà les fruits

Prenons l’exemple de l'université anglaise de Nottingham, l'un des plus grands établissements de recherche du Royaume-Uni, avec plus 45 000 étudiants venus du monde entier, qui a récemment cherché à construire un modèle robuste pour la planification du nombre d'étudiants et la prévision des revenus. Avec des variables telles que le nombre d'étudiants qui s'inscrivent, ou le nombre d'étudiants qui reviennent et ce qu'ils étudient, l'université a automatisé son flux de travail analytique afin de gérer ces complexités.

Le nouveau processus d'analyse de l'université, qui comprend dix ans de données sur les étudiants, a commencé à produire des résultats exploitables en deux semaines seulement. Les modèles de planification sont maintenant produits en 9 à 10 minutes au lieu de 4 à 5 heures auparavant et les itérations ne se font plus une seule à la fois, mais simultanément, ce qui assure une rapidité sans précédent. Ce type d'efficacité opérationnelle fait gagner beaucoup de temps au personnel, ce qui permet aux établissements de se recentrer sur les services dédiés aux étudiants.

Soyez un pionnier en matière de données, ne vous laissez pas distancer

La compréhension des données était encore réservée il y a quelques années à une poignée d’étudiants en informatique, en technologie et en statistiques. Aujourd'hui, toutes les industries sont axées sur les données et ainsi, le système éducatif développe les connaissances en science de la donnée dans de nombreux domaines d’études afin d’assurer une professionnalisation adaptée aux étudiants. Par exemple, HEC et l’Institut Polytechnique ont créé, en collaboration, un centre dédié à la donnée : HI!. Les modèles dynamiques de planification des étudiants deviennent la nouvelle référence pour le secteur de l'enseignement supérieur, puisque les budgets plus réduits, les coûts plus élevés et l'implication croissante des gouvernements rendent nécessaire une meilleure prise de décision. Dans un contexte où l’avenir est incertain, il devient évident que les universités et écoles qui intègrent l'analyse des données seront bien mieux outillées pour s'adapter aux nouveaux défis de demain.