L'apprentissage, un moteur d'ascension sociale

Alors que la Cour des Comptes pointe un déficit budgétaire concernant le financement des formations en alternance, il serait facile d'en faire un problème. C'est pourtant tout l'inverse.

L’apprentissage est la solution pour les entreprises en recherche de profils qualifiés… et pour les jeunes qui souhaitent se former tout en ayant une expérience professionnelle.

L’apprentissage : où en est-on aujourd’hui ?

La réforme de 2018 a libéré l'apprentissage mais le Covid est venu casser son essor. Le premier confinement dû au Covid a marqué un arrêt brutal de la signature de contrats d’apprentissage. Le lancement du plan d’aide "1Jeune, 1Solution"  a été l’opportunité de les relancer.

Pourtant cet essor ne tient pas juste aux aides qui pourraient être vues comme un effet d’aubaine. Si l’on regarde plus largement, les effectifs en formation – intra-bac comme post-bac – continuent à progresser depuis de longues années. Chaque année, les entreprises augmentaient le recours à des apprentis avant le Covid. Il ne faut pas oublier qu’on était déjà sur une belle pente ascendante. Ce mécanisme de l’apprentissage a toujours reposé sur des incitations à recruter pour les entreprises, ce n’est donc pas nouveau ni conjoncturel.

Le rapport de la Cour des Comptes sur l’alternance dresse un portrait flatteur de l’apprentissage :

"Entre 2016 et 2021, le nombre d’entrées de jeunes en alternance est passé de 438 000 à près de 800 000, soit une hausse de 82 %, largement imputable aux années 2019 à 2021. Si les entrées des jeunes en contrat de professionnalisation se sont effondrées (- 57 % entre 2019 et 2021), les entrées en apprentissage ont augmenté de 98 % entre 2019 et 2021."

La situation est encourageante que ce soit pour les jeunes ou pour les entreprises ! L’apprentissage a atteint sa maturité aujourd’hui. Cette modalité de formation n’est plus vue comme une voie de garage. Répétons-le autant de fois que nécessaire : l’apprentissage est une voie d’excellence pour être recruté et développer son employabilité.

Une dynamique positive bien au-delà du dispositif 1Jeune, 1Solution 

L’apprentissage est une stratégie pour beaucoup de jeunes d’accéder à une formation à laquelle ils n’auraient pas pu prétendre faute de moyens financiers comme une licence professionnelle, un mastère ou un bachelor.

Cette hausse du recours à l’apprentissage profite ainsi, en premier lieu, aux jeunes qui voient leur taux de chômage baisser grâce à une formation qualifiée couplée à une première expérience du monde de l’entreprise. C’est ce qui encourage tout le monde à persévérer dans cette voie : les études sur le coût de formation montre qu’un euro investi en apprentissage est rentable ! Il est utile de rappeler ici qu’"à 30 mois après l'obtention du diplôme, le taux d’emploi stable des alternants est supérieur de plus de 10 points en licence professionnelle et d’environ 15 points en master".

En second lieu, les entreprises sont aussi les grandes bénéficiaires de l’apprentissage. Cela les rapproche de leurs futurs employés. A travers une ou deux années d’études, chacun apprend de l’autre. C’est une stratégie de pré-recrutement qui montre toute son efficacité.

L’apprentissage, une chance pour tous les jeunes

Suite au rapport de la Cour des Comptes sur le déficit du financement de l’alternance, on rencontre ici un paradoxe : vouloir réduire les dotations aux organismes de formation quand les besoins des entreprises sont si forts !

Avoir une approche purement comptable est un mauvais calcul pour toute la Société française. Comment répondre efficacement aux besoins des entreprises qui peinent à recruter ? Quelle solution pour les jeunes – quel que soit leur niveau d’études – de pouvoir se former tout en ayant une source de revenus ?

L’apprentissage est une opportunité incroyable pour entrer dans la vie active en douceur, en étant accompagné par un maître d’apprentissage.

Les études montrent qu’on multiplie par 2 voire 3 les chances de rester dans l’entreprise après l’apprentissage. Le maître d’apprentissage donne les codes de l’entreprise ; il accompagne chaque jeune pour lui permettre de gagner en maturité professionnelle.

L’apprentissage, catalyseur d’emplois

La nomination d’une ministre déléguée chargée de l’enseignement et de la formation professionnels va dans le sens d’une reconnaissance de l’efficacité de l’apprentissage, bien ancré à la fois dans la formation et dans l’emploi. Dans cette dynamique, le financement de l’apprentissage doit être pérennisé et adapté pour éviter tout déficit budgétaire.

Rappelons-nous qu’avec l’alternance, chaque jeune ajoute une double ligne sur son CV : de nouvelles compétences côté formation, une expérience côté pro. C’est toute la richesse d’être une ou un apprenti. Continuons à relever ce défi tous ensemble !