Les juniors ont-ils pris le pouvoir ?

En 2006, le monde comptait 1.773 milliard de jeunes âgés de 10 à 24 ans. Selon les prévisions de l’organisation américaine PRB (Population Reference Bureau), ils seront 1.845 milliard en 2026, habitant majoritairement dans des régions en développement.

Si la jeunesse d’aujourd’hui diffère en de nombreux points de celle d’il y a vingt ans, avoir moins de 25 ans en 2014 est perçu par cette population comme une force qu’il faut savoir exploiter et non comme une fatalité qu’on subie.

Qu’on les appelle « Génération X », « digital natives » ou « enfants du millénaire », ils n’hésitent plus à prendre la parole et agir pour faire bouger les lignes. L’avenir appartiendrait-il à ceux qui commencent tôt ?

Prix Nobel de la paix à 17 ans

« Rien n’est trop difficile pour la jeunesse » disait Socrate. Des propos que les personnalités figurant dans le dernier classement dressé par le magazine Time ont eu l’audace de prendre au pied de la lettre. Le magazine américain qui publie chaque année un palmarès des 100 personnes les plus influentes au monde a décidé pour sa nouvelle édition d’enrichir sa liste des 25 adolescents les plus en vue du moment.
Basée sur la notoriété, le pouvoir financier ou l’impact social que ces jeunes gens ont sur leur génération et sur le monde entier, ce classement a le mérite (s’il faut lui en trouver un) de résumer grossièrement et de manière accessible l’univers dans lequel grandissent  nos chères têtes blondes et leurs ainés.
Rien d’étonnant donc d’y retrouver une flopée d’acteurs, de chanteurs ainsi que des stars des réseaux sociaux. On y croise également une blogueuse mode,  un chef cuisinier, un scientifique, mais aussi les filles du Président Obama, une personnalité transgenre de 14 ans, ainsi que des chefs d’entreprises. Le prisme brasse large et brille par sa diversité. Fantaisiste, il prend cependant une dimension plus politique lorsqu’il n’hésite pas à inclure Joshua Wong, jeune activiste hongkongais fondateur du syndicat d’étudiants Schlarism, ainsi que le nouveau Prix Nobel de la paix Malala Yousafzai.
Cette Pakistanaise de 17 ans, plus jeune lauréate de l’Histoire à recevoir cette distinction, vient d’être récompensée il y a à peine quelques jours pour son combat. Victime d’une tentative d’assassinat par des talibans en octobre 2012, la jeune fille vit depuis au Royaume-Uni et est devenue une véritable icône en Occident, luttant pour la défense des droits des jeunes filles. 

Replacer la jeunesse au centre d’un processus stratégique

Les heureux nommés par Time peuvent faire figure de cas isolés et certains de qualifier cette hiérarchisation d’absurde tant les individus mis en avant sont parfois très éloignés les uns des autres.
Il sert avant tout de message d’espoir lancé à une génération trop souvent rabaissée, fragilisée par un climat économique instable et un manque de considération sociale qui peut s’avérer au final paralysant. Première population victime de la crise en Europe et première à être  touchée par le chômage en France,  les jeunes ont la fâcheuse tendance à être stigmatisés et inviter à ravaler leur optimise quand les mots avenir ou futur surgissent dans les discussions.
Les termes « génération précaire » font office de label fort utile pour celui qui voudrait résumer la situation sans trop l’envie de voir plus loin que le bout de son nez. Cependant on aurait tort d’emprunter ce genre de raccourci sans prendre la peine d’observer ce qui se passe de positif.
Ouvrir les yeux, c’est aussi apprendre à regarder au-delà de nos frontières et récemment, lorsqu’on souhaitait avoir une petite idée de ce que la jeunesse internationale pouvait faire de mieux, il fallait porter son attention sur la ville de Rhodes en Grèce, où se tenait du 25 au 29 septembre, le « Rhodes Youth Forum ».
Cette manifestation organisée par l’association Youth Time a réuni pour sa cinquième édition une centaine de jeunes venus des quatre coins du monde pour échanger sur le rôle que la nouvelle génération doit jouer dans le développement de l’entrepreneuriat social, de la diplomatie internationale et de l’éducation. Joli programme.
L’événement se veut être une plateforme de mises en relation entre des jeunes porteurs de projet et des seniors, des personnalités confirmées dans des domaines très variés, des chefs d’entreprises ou des hommes politiques. Durant quelques jours, la jeunesse est prise au sérieux et il s’agit pour les organisateurs de ce forum d’assumer un concept simple : « replacer les jeunes au cœur de toutes nos activités ».

« J’ai participé à de nombreux événements à travers le monde, j’ai également pris part à l’organisation de beaucoup de manifestations de ce type, donc c’est très difficile pour moi de lister les meilleures d’entre elles » déclare
Taulant Hoxha, lauréat de l’édition 2013 du RYF, quand on lui demande son opinion sur le Forum de Rhodes. Il ajoute cependant : « mais sans aucun doute, Youth Time a eu, et continue d’avoir un impact très fort sur mon expérience et m’a appris énormément. J’ai eu la chance de rencontrer des gens formidables et la dernière édition en est encore la meilleure preuve ».
Des événements, des projets, des idées, la jeunesse a l’insouciance d’oser de manière audacieuse et de penser sans se fixer de limite. Avec près d’un quart de la population mondiale de moins de 25 ans, la communauté internationale commence à redoubler de considération quand elle regarde grandir la nouvelle génération. Plus éclairés, mieux formés, les jeunes de 21ème siècle saisissent toutes les opportunités pour valoriser leur place au sein de la société. Entreprendre est un mot qui ne fait pas peur aux jeunes si on leur laisse un tant soit peu la chance et les moyens de développer leur projet, comme ce fut le cas à Rhodes.
Au sein des pays de l’OCDE, le
taux d’entrepreneuriat actuel chez les moins de 25 ans est significativement bas, pointant à 4 %. Pourtant, le Panorama 2013 de l’entrepreneuriat montre que « les jeunes sont plus optimistes quant à la possibilité de créer une entreprise dans un avenir proche ». Les soutiens financiers sont encore timides, refroidis par une crise qui a freiné la confiance que les banques et autres organes décisionnaires pouvaient avoir dans les plus jeunes. Cependant ces réflexes sécuritaires sont amenés à évoluer, on ne peut décidément pas nier le potentiel que porte un quart de l’Humanité, que ce soit en terme économique, diplomatique ou social.  
« La jeunesse est le temps qu'on a devant soi », profitons-en.