La ministre du Travail pointe les banques du doigt sur le sujet du télétravail

Début février, Elisabeth Borne, ministre du Travail a pointé du doigt 3 secteurs d'activité en France car ils ne joueraient pas le jeu du télétravail : l'assurance, la branche Syntec et la banque. Le lundi 8 février, elle décide de les recevoir.

Début février, Elisabeth BORNE, ministre du travail a pointé du doigt, 3 secteurs d’activité en France car ils ne joueraient pas le jeu du télétravail. Ces secteurs sont l’assurance, la branche Syntec (qui regroupe les professions de l'ingénierie, du numérique, du conseil, des bureaux d’études, de l’événementiel et de la formation professionnelle) et la banque.

Le lundi 8 février, Elisabeth BORNE et Laurent PIETRASZEWSKI, son secrétaire d’état, ont reçu les organisations patronales et les principales Organisations Syndicales de ces branches. Le but de la réunion étant de partager le constat et de trouver des pistes de solutions à mettre en place pour améliorer les chiffres.

La ministre avait pris comme point de comparaison une semaine de novembre et une semaine de janvier. Concernant le secteur bancaire, ce chiffre de télétravailleurs est passé de 70% en novembre à 64 % en janvier. Il a été rappelé que le pourcentage en France, tout secteur confondu, de télétravailleurs est de 31 %. Ce qui dérange la ministre est le fait que les banques ont été capable à un moment donné de mettre 70% de salariés en télétravail contre un peu plus de 60% aujourd’hui.

Le SNB/CFE-CGC , le 1er syndicat du secteur bancaire s’est exprimé en premier pour faire plusieurs constats :

"Premièrement, le secteur bancaire a été déclaré Opérateur d’importance vitale par décret ministériel le 16 mars 2020. Nous avons absolument besoin que vous redéfinissiez ce que vous attendez d’un OIV. Est-ce qu’il est obligatoire de rendre un service en présentiel aux clients ou peut-on le faire en distanciel ? Le ministère de l’économie ne répond pas sur ce point."

Pour rappel, certains réseaux bancaires avaient fermé en mars dernier et Bruno LE MAIRE les avait fait rouvrir. Il y a donc un discours contraire. Certaines banques ont trouvé des solutions pour maintenir un service en distanciel tout en gardant les agences ouvertes. Elles effectuent des rotations une semaine sur 2. Mais pour y arriver il faut qu’il y ait au moins 7 personnes dans l’effectif de l’agence. En dessous la rotation devient impossible sinon il faut fermer l’agence.

Deuxièmement, les banques ont des activés sensibles avec la gestion des comptes des clients, et avec le secret bancaire. Le rôle des employeurs est d’assurer la sécurité des salariés. Le rôle des syndicats est de constater que tout est mis en œuvre pour y arriver. A aujourd’hui, force est de constater que nous ne sommes pas en mesure d’assurer une sécurité complète des salariés qui travailleraient à domicile. Nous pouvons le faire sur des durées courtes avec des activités annexes mais pas en permanence avec les activités de gestion. Il faut que l’on travaille sur des systèmes de bridage ou de codes permettant de déclencher des protections à distances si des virements par exemple sont réalisés sous la contrainte.

Troisièmement, beaucoup de collaborateurs ont changé de poste en 2020. Il est quasiment impossible de débuter sur une nouvelle activité dans ce secteur en faisant du télétravail. Il y a un réel besoin d’être accompagné physiquement par un tuteur ou un formateur. Il faut qu’il soit présent à ces côtés.

Enfin, il a été rappelé que de nombreux salariés sont revenus sur site pour différentes raisons : le manque de lien social, le manque d’équipement qui favorise les Troubles Musculo Squelettiques. (Les ostéopathes, d’ailleurs, n’ont jamais eu autant de travail à cause du télétravail). Certains salariés, trouvent qu’ils ont trop de frais non compensés lorsqu’ils font du travail à domicile. La banque est un des rares OIV sans compensation de frais télétravail. Il existe également certains cas de managers de proximité qui préfèrent voir les salariés en présence physique et qui ont des difficultés à manager à distance.

Elisabeth BORNE a répondu à tous les points. Concernant le rôle d’Opérateur d’Importance Vitale, elle rappelle que l’on peut tenir ce rôle même à distance. Cependant, elle ne souhaite pas voir les agences bancaires fermées car elle souligne que plusieurs millions d’euros de prestations sociales sont délivrées en liquide chaque mois dans les points de vente et qu'il faut donc être présent physiquement. Elle pense que l’on peut mieux déployer le système de rotation en agence entre télétravail et présence physique sur site.

Concernant la sécurité et les difficultés de manager, elle en prend bonne note. Pour ce qui est de l’équipement des télétravailleurs et des défrayements, elle renvoie les organisations syndicales et patronales à la discussion pour trouver des solutions.

Elle constate également qu’il y a une grosse différence entre les banques AFB, type Société Générale qui est citée en exemple et les banques mutualistes. Elle se rapprochera de ces dernières pour exiger des solutions. Madame la Ministre reconvoque tout le monde la semaine du 22 février afin de constater si des solutions sont mises en place et s’il y a des améliorations.