Le bien-être professionnel, garant de l'engagement des salariés

Alors que le gouvernement met en place son " Agenda Social 2020-2021 ", qui passe par de meilleures conditions de travail pour tous dans le but d'une meilleure productivité, la question du bien-être se pose dans cette équation. Puisque l'épanouissement professionnel semble augmenter l'activité des collaborateurs, il paraît inenvisageable de relancer la France sans mesurer précisément l'état d'esprit des salariés.

L’engagement collaborateur, la clé du bien-être professionnel

Si, auparavant, le travail était synonyme de subsistance, aujourd’hui, il est un élément à part entière du développement personnel. Avec le confinement, puis la reprise progressive de l’activité économique, le lieu de travail dans sa globalité a changé, de même que l’importance accordée à la Qualité de Vie au Travail (QVT). Désormais, outre la satisfaction opérationnelle induite par le métier exercé, le bien-être est devenu un critère essentiel pour une majorité des salariés français. Il prime sur le salaire et se place en deuxième position des critères de choix d’un emploi. Par conséquent, les organisations doivent en tenir compte pour garantir l’engagement des collaborateurs, et par extension la productivité et la compétitivité de leur entreprise.

Ainsi avec encore 45% des collaborateurs français à distance, la communication et la gestion des effectifs est d’autant plus importante pour maintenir la continuité des activités des organisations. La notion de bien-être en milieu professionnel est subjective et propre à chaque individu, la perception est donc primordiale pour les dirigeants. Pour cela, ils doivent donc faire appel à l’engagement collaborateur car un manque de dialogue peut conduire à des perceptions et des ressentis différents à chaque extrémité de l’échelle hiérarchique et engendrer une déconnexion entre les deux parties.

De plus, la communication à distance engendre de nombreux défis. Les feedbacks collaborateurs sont nécessaires pour permettre à la hiérarchie de percevoir les ressentis de leurs employés et mettre en place les actions adaptées en conséquence. Sonder les employés régulièrement et de manière ciblée leur permettra alors de mettre en place une boucle de feedback qui repose sur quatre piliers : Prioriser, Agir, Dialoguer et Mesurer, qui visent à permettre aux équipes RH de comprendre l’engagement et le désengagement des collaborateurs pour pouvoir, in fine, l’améliorer.

Selon Great Place to Work[1], les entreprises qui investissent dans le bien-être de leurs collaborateurs surperforment en période d’incertitude. Elles savent mettre en avant la confiance mutuelle entre les managers et leurs employés, permettant ainsi à ces derniers de sortir de leur rôle prescrit pour être plus efficaces et contribuer activement à la pérennité de leur organisation. La culture d’entreprise et la valorisation du travail sont des valeurs clés de l’épanouissement professionnel. De ce fait, pour reprendre une activité économique stable, les entreprises doivent maintenir ce lien, donc ce bien-être, pour performer et sortir pérennes de la crise. Il est temps de remettre l’humain au cœur des préoccupations et de le préserver pour l’intérêt collectif et la viabilité des organisations, et par extension de l’économie.

Le dialogue, même à distance

Le télétravail creuse les inégalités entre les salariés, qui n’ont pas tous les mêmes conditions pour poursuivre leur activité professionnelle à distance. Leur épanouissement professionnel tient donc également compte de ce contexte, et il est nécessaire de réguler ce travail à distance afin de pouvoir mesurer le bien-être professionnel des salariés même hors de leur bureau.

Dans de nombreux cas, un salarié ne quitte pas un travail, il quitte un manager. Les RH ont donc un rôle clé à jouer dans le bien-être d’un collaborateur afin de le rendre plus performant, surtout à distance. C’est pourquoi les supérieurs hiérarchiques doivent être présents tout en respectant la vie privée de chacun des collaborateurs, ce qui peut être difficile lorsque le salarié travaille depuis son domicile ou plus encore lorsque le collaborateur n’est pas un salarié direct de l’entreprise. S’il est plus aisé de rester proche et de communiquer avec des employés de l’entreprise, atteindre ceux qui ne sont pas directement affiliés à l’organisation – tels que les consultants externes, les freelances ou encore les partenaires – est plus difficile. Ils participent pourtant à son bon fonctionnement ; il est donc important de trouver le juste équilibre.  


La santé mentale au cœur du débat

En outre, dans le contexte actuel, la question du droit à la déconnexion se pose plus que jamais. Cette loi entrée en vigueur en 2017 dans le code français du travail, exige que les entreprises ne contactent pas leurs salariés en dehors de leurs horaires de travail acté lors de la signature de leur contrat. L’épanouissement passe ici par plus d’autonomie et une hiérarchie à l’écoute à bon escient.

Toutefois, sans un management de proximité en place, le risque de voir la frontière entre la vie professionnelle et la vie personnelle se flouter pourrait venir du salarié lui-même. Le psychologue du travail américain Cary Cooper parle ici de « burn in », étape annonciatrice du « burn out ». Par exemple, un collaborateur en télétravail peut se lancer dans un mode de travail continu pour montrer son investissement et compenser une culpabilité de ne pas en faire suffisamment ; son temps de trajet entre le domicile et le bureau n’étant plus de mise, il utilise alors ce temps pour travailler. En d’autres termes, il compense et cherche à se rendre indispensable à toute heure pour prouver que, même en dehors du bureau, sa productivité n’est pas impactée. Ainsi, il va s’épuiser sans s’en rendre compte, jusqu’au « burn out ». C’est pour cette raison qu’entretenir un dialogue régulier est indispensable pour éviter cet épuisement professionnel. Une période de confinement est, par définition un moment d’isolement, la santé mentale et les risques psychosociaux ne doivent donc surtout pas être négligés. De ce fait, il est important pour les entreprises de rester présentes aux côtés de leurs collaborateurs. Or cela doit perdurer avec la reprise de l’activité, qu’elle se fasse au bureau ou non.

Malgré la situation vécue par les employés français en ce début d’année, le travail est resté un lien important dans leur vie, même si le cadre d’exécution de leur mission s’est vu transformé – et certaines décisions ont dû être prises par les dirigeants du point de vue leurs effectifs. Avec la place que prend l’activité professionnelle dans le quotidien, il est important de s’y sentir bien pour performer correctement et s’épanouir. Ainsi, les entreprises doivent absolument revoir leur modèle – pour celles qui ne le font pas déjà – et remettre l’humain au cœur de leur stratégie car un employé heureux, est, in fine, un employé performant. Afin de redresser l’économie au sortir de cette crise, le gouvernement, lui aussi, doit donc remettre l’épanouissement professionnel au cœur de ses directives pour plus de productivité et pour une cohérence générale.

[1] https://theconversation.com/pourquoi-les-entreprises-ou-il-fait-bon-travailler-surperforment-en-temps-de-crise-141841