Est-ce déjà la fin de l'âge d'or du télétravail ?
Né dans les années 70 aux États-Unis, le télétravail s'est imposé en France dans les années 90. La pandémie de Covid-19 en 2020 a généralisé son usage. 2025 marque un retour en arrière.
Le télétravail est apparu dans les années 70 aux Etats-Unis avec le principal fournisseur de services téléphonique : American Telegraph Telephon. Depuis il n’a cessé de se développer avec une forte accélération dans les années Covid pour atteindre son apogée et une forme de vitesse de croisière. Oui, mais voilà depuis 2024, ce mode de travail ne semble plus avoir autant le vent en poupe.
En France, il va falloir attendre 10 ans après les Etats-Unis pour voir les premiers télétravailleurs. Ce n’est qu’en 1993, qu’Edouard Balladur, alors Premier Ministre décide de s’emparer du sujet. Il fait une demande au patron de Bull : un certain Thierry Breton, de plancher sur le sujet. Le dirigeant de la société d’informatique s’exécute et produit le rapport intitulé : « Le télétravail en France, situation actuelle, perspectives de développement et aspects juridiques »
Douze ans plus tard, le premier accord cadre fait son apparition. En 2005, un Accord National Interprofessionnel (ANI) est signé. Ce texte indique que le télétravail peut désormais faire partie des conditions d’embauche. Il invite les entreprises qui en ont les moyens à mettre en place un accord collectif pour en définir les contours. Les grands principes sont les suivants : Le télétravail doit se faire sur la base du volontariat, il est réversible, il est accordé aux salariés autonomes, il peut être arrêté durant une formation ou un changement de poste et il est ajustable en fonction des besoins de l’entreprise.
La pandémie de Covid 19 va accélérer son déploiement.
Au soir du 16 mars 2020 le président de la République, Emmanuel Macron, s’adresse aux français lors d’une allocution télévisée et prend la décision d'un premier confinement au niveau national.
Certaines entreprises sont déclarées « Opérateurs d’Importances Vitales » : Santé, Alimentation, Gestion de l’eau, Recherches, Banques, Communication et informations etc… Ces entreprises doivent obligatoirement continuer leurs activités.
Pour les autres, les salariés sont priés de rester chez eux. Commence alors le début d’une course contre la montre pour les entreprises qui tentent d’équiper les salariés de PC portable, et d’adapter leur fonctionnement au travail à distance.
Lors de ce confinement environ 48% de la population active a travaillé au moins une fois à son domicile. Ils n’étaient que 22% seulement en 2019 à la même période. Il n’était plus questions des règles d’autonomie, de volontariat, etc… C’était une question de survie pour les entreprises.
Une vie normale qui reprend après les confinements
Après les vagues de confinements successifs de nombreuses entreprises qui ont testé le télétravail désorganisé ont souhaité se mettre autour de la table avec les partenaires sociaux pour négocier des accords de travail à distance.
Entre les salariés qui craignaient toujours la maladie, ceux qui ont pris une habitude de fonctionnement et la vision d’une opportunité pour les entreprises de devenir attrayant pour les recrutements, les accords sur le sujet ont fleuri entre 2021 et 2024.
Un bon nombre d’entreprises avait remarqué que les salariés en télétravail produisaient plus que lorsqu’ils étaient dans les locaux professionnels. Elles ont alors vu une opportunité d’augmenter la productivité tout en gagnant des mètres carrés trop cher. Avec le télétravail, le flex-office est apparu. Plus besoin d’avoir de la place pour tous les salariés dans l’entreprises puisqu’un certain nombre n’est plus là physiquement chaque jour.
Pas de collègues de travail avec qui prendre un café ou discuter, plus de rupture de tâche. Le télétravailleur qui n’a pas encore de repère travaille sans arrêt. Même à la pause déjeuner, le salarié continue sur sa lancé devant son PC avec son assiette à coté du clavier. L’heure de fin de journée est souvent dépassée. Les partenaires sociaux sont même obligés de négocier des « droits à la déconnexion ».
En 2024, les premiers retours en arrière.
C’est aux Etats-Unis que le télétravail est né, c’est aux Etats-Unis qu’il va faire ces premiers retours en arrière. Plus de la moitié des salariés, aux États-Unis, alterne entre travail à la maison et présence sur site.
Le taux de chômage, qui était de 3,4 % en 2023, est remonté à 4,2 % en 2024. Le marché de l’emploi n’est plus sous tension et les employeurs ont repris la main dans les négociations quant aux conditions de travail.
Dans la foulée, Boeing, UPS, JP Morgan, Google, Amazon ont mis fin en partie ou en totalité au télétravail. Ces entreprises considèrent que ce mode de travail ne permet plus une bonne intégration des employés dans la culture de l’entreprise. Ils avaient remarqué également une baisse de la productivité et avaient donc besoin d’avoir un contrôle plus facile de l’activité des salariés. A noter qu’aucun management n’a réussi à s’adapter à ce mode de travail.
2025, ça s’accélère
A peine arrivé, Donald Trump fait revenir tous les fonctionnaires au bureau par décret. C’est la fin du télétravail. Les télétravailleurs auraient pris de mauvaises habitudes : injoignables au téléphone lorsqu’ils sont à la maison, occuper à faire leurs courses ou à gérer leurs enfants etc… Les tâches quotidiennes de la maison auraient pris le dessus sur le travail. Les télétravailleurs auraient ils scié la branche sur laquelle ils étaient ?
En France, Amazon, Ubisoft, Publicis, ou encore Société Générale reviennent sur leur accord de télétravail en pointant du doigts les mêmes arguments que les américaines. Face à ces tendances négatives, on peut de se demander si 2026 marquera l’année de la fin du télétravail ?