Jérémy Lamri (Tomorrow Theory) "La blockchain va rapidement faire évoluer les processus RH"

Le Journal du Net est partenaire du Mastercard Innovation Forum 2022, prévu le 8 décembre à Paris. Auteur, spécialiste du Web3, et invité du MIF 2022, Jérémy Lamri dévoile au JDN sa vision des conséquences du web décentralisé dans les entreprises.

JDN. Qu'est-ce que le Web3 va apporter aux entreprises ?

Jérémy Lamri. Il y a plusieurs aspects. D'abord business : il y a par exemple de plus en plus d'entreprises qui vendent des NFT, dans de nombreux secteurs très différents. Ensuite, du côté de la réalité virtuelle, il y a aussi de plus en plus d'expériences immersives et donc beaucoup d'outils à créer. Enfin, il y a le Web3 dans l'entreprise, qui touche notamment la formation et le travail des salariés. Parmi les sujets qui montent, on peut par exemple parler de la certification des compétences dans la blockchain, ou la sécurisation de coffres fort numériques pour stocker les fiches de paye. La blockchain va arriver assez vite dans les RH. On le sait peu, mais le gouvernement inscrit déjà les diplômes d'Etat dans la blockchain.

Et le métaverse ?

D'ici 2025 on commencera à voir arriver des choses intéressantes grâce à l'évolution des technologies et à la convergence de l'intelligence artificielle, de la blockchain et de la réalité virtuelle. A partir de là, les équipements seront arrivés à maturité avec des casques plus ergonomiques et moins lourds. Et les usages vont arriver. Jusqu'ici, on ne fait que reproduire notre quotidien dans les métaverses. Pourtant, tout est possible dans un univers virtuel ! Donc, quand on commencera dans ces univers à faire des choses originales et utiles qu'on ne peut pas faire dans le monde réel, les usages vont se développer. Car pour le moment c'est encore gadget, on reste dans du Second Life.

Quelle seront les prochaines étapes ?

La réalité virtuelle augmentée a un potentiel bien plus intéressant à court terme. Elle est déjà utilisée dans la formation, pour travailler les bons gestes dans le nucléaire, apprendre à piloter un avion… En rajoutant de l'IA, on va voir arriver des scénarios comme des lunettes qui font apparaître un professeur qui interagit. Ou un professeur présent en réalité augmentée qui permettra de reproduire une forme de présence. L'ingénierie pédagogique va évoluer, et de nombreux usages vont apparaître dans la formation. Par exemple, Meta et Microsoft communiquent beaucoup sur ce qu'ils font dans la chirurgie : le chirurgien a des lunettes en RA avec un hologramme qui montre précisément les gestes qu'il doit faire. Les avancées de la technologie vont permettre d'adapter ces expériences à tous les domaines. Tout cela arrivera plus vite qu'un univers virtuel, pour l'instant limité à partager un powerpoint.

Et encore ?

La blockchain va rapidement faire évoluer les processus RH, que se soit dans l'administration de la paye, la gestion des compétences et des CV. Demain, un employeur ou une école pourra certifier des compétences ou des briques de compétences d'un salarié dans une blockchain. Et cette certification aura de la valeur pour les futurs employeurs de ce salarié. Il pourrait même y avoir un aspect tactique dans le choix de ses employeurs en fonction de la reconnaissance des compétences qu'ils peuvent attribuer

Autre évolution du Web3, l'IA va permettre de créer du contenu à partir de l'analyse de data en temps réel. Demain c'est la machine qui créera du contenu pour nous, du contenu sorti de notre esprit, du texte, de l'audio, des images… On pourra créer des tests de recrutement, mais aussi de nouvelles formes de communication pour favoriser l'inclusion. C'est une nouvelle génération d'Internet où la création de contenu sera faite différemment.

De nouvelles fonctions qui entraîneront aussi l'émergence de nouveaux métiers…

Tout à fait. Selon moi, quatre grandes familles vont émerger : les immergés, ceux qui vont travailler dans le Web3, comme par exemple les vendeurs, les agents immobiliers… Les concepteurs, ceux qui vont construire ces univers, c'est-à-dire des développeurs ou des architectes qui penseront les règles physique et morales. C'est la catégorie de métiers qui arrive aujourd'hui. Les organisateurs, car plus on aura de gens dans les univers virtuels, plus il faudra organiser ce qui s'y passe. Et enfin les observateurs, autrement dit les analystes, ceux qui vont archiver interpréter et commenter ce qui se passe dans ces mondes.